Georges Rocal, écrivain périgourdin, prêtre et résistant lui même évoque le souvenir de
Jean Sigala. Voilà ce qu'en disait Edmond Michelet qui fonda avec lui le groupe Combat de Périgueux dès 1942.
"De Mauthausen, voici l'abbé Sigala qui avait été un de mes plus chers compagnons de "Combat" en Dordogne. En l'apercevant dans la salle de douche, je lui rappelai par quelle apostrophe il m'avait accueilli - trois ans plus tôt - lorsque j'étais allé le "contacter" dans sa chambre de professeur de philosophie au Collège Saint-Joseph de Périgueux. Il m'avait répondu, en se jetant dans mes bras :
- Enfin ! Il y a dix-huit mois que je vous attends !
L' abbé Sigala, ancien officier de l'autre guerre, était, comme quelques autres, un de ces combattants bleu horizon qui refusaient la défaite, malgré la caution du vainqueur de Verdun. Pour le quart d'heure, je veux lui rendre la politesse ; - Et moi aussi, il y a maintenant dix-huit mois que je vous attends.
Dix-huit mois ! Comme ils avaient été longs ! Ils me semblaient ne vouloir jamais finir. Les peupliers de la Lagerstrasse s'étaient pour la seconde fois, teintés de jaune pâle ; les appels du matin et du soir se déroulaient suivant les mêmes rites sur la même place, devant les mêmes bâtiments sur les toits desquels se détachaient toujours cynique, mauvaise, en larges caractères gothiques, la même décourageante formule :- Es gibt ein weg zur Freiheit5."