AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,77

sur 37 notes
5
7 avis
4
8 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un choc !Par la langue d'abord ,mélange de français académique , de parler de banlieue et de créole qui nous entraine dans un tourbillon d'images d'une sensualité exacerbée. le thème ensuite : 2037,Charles Gaspard revient auprès de son frère Apollon dans une Martinique au bord de l'explosion . Il va devoir choisir sa voie aussi bien dans ses amours multiples que dans son engagement auprès des militants indépendantistes et se dégager des ombres morbides du passé . Je découvre Michael Roch et suis fasciné par la puissance de son écriture et la violence avec laquelle il entraîne son lecteur dans un dépaysement absolu. A saluer aussi la beauté de l'édition (comme toujours chez Mnémos).
Commenter  J’apprécie          120
Je remercie les éditions Mnémos qui m'ont permis de découvrir ce roman en avant-première ! Depuis ma lecture coup de coeur de Moi, Peter Pan, je suis toutes les sorties de Michael Roch, auteur de grand talent et à la plume incroyable. Ce roman évoque le retour aux racines, territoriales, familiales, amoureuses, mais aussi les bouleversements, écologiques, sociétaux, personnels.

Charles revient en Martinique. Son frère lui dégote un appart, lui demandant en échange de faire des petits boulots pour lui. Ces derniers vont se révéler tout sauf innocents, son frère entrainant Charles dans des intrigues politiques dont il ne comprend pas vraiment la portée, ou du moins qu'il ne tente pas de comprendre. Des choses se trament dans les ombres de cette Martinique futuriste, et on les découvre au travers les expériences et les relations du protagoniste. Un combat qui n'est pas celui de Charles, mais auquel il prend tout de même part, pour renouer avec son frère, ainsi que par amour. Choisira-t-il de se trouver lui-même ou de servir la cause? Quel que soit son choix, il lui coutera cher…

J'ai beaucoup aimé la narration de ce roman, avec un style assez oral, et pourtant très poétique, posant par la même occasion des réflexions sociétales et politiques, mais aussi sentimentales. On retrouve des mots de créole (qui n'entravent cependant pas la compréhension), mêlé à un récit conté en introspection dans la tête de Charles. Ses sentiments se mêlent à ses pensées sur le monde qui l'entoure. Un monde sans pitié, où les émotions ont peu de place pour s'épanouir face au contexte violent ambiant. La symbolique dans ce roman est aussi très importante, celle du serpent qui mue, mais aussi celle de l'anguille qui étouffe. Lequel des deux triomphera?

De par ses envolées de langage, mais aussi de par son univers, ce roman court est un dépaysement total. Alors que Charles a quitté Paris, il doit se réadapter à ce pays qui était pourtant le sien. Revenir y vivre s'avère fort différent qu'y passer quelques jours l'année. Ce sont des coutumes à (ré)apprendre, un climat à appréhender, mais aussi un paysage à redécouvrir, abimé par l'exploitation outrancière, qui ne demande cependant qu'à redevenir sauvage, libre. Charles est métisse, et cette ambivalence entre deux mondes, la France et la Martinique, va se retrouver tout au long du récit: à quel monde appartient-il vraiment?

Les relations de Charles sont assez complexes. Il souhaite renouer avec son frère, mais convoite sa compagne. Il s'implique dans la trame politique pour cela, mais n'est pas toujours à la hauteur des actes qu'on lui demande. Ce sentiment d'impuissance, d'échec, de frustration face au monde est une part importante de ce roman. Il est aussi indécis dans ce combat que dans ses amours et cela risque de le mener à sa perte.

Un roman court engagé, dans le contexte dépaysant d'une Martinique futuriste. Charles est partagé entre deux mondes, indécis et pourtant militant, partagé entre ses sentiments et ce qu'on attend de lui. Un récit conté avec une plume acérée à certains moments, poétique à d'autres, toujours juste. Une excellente lecture, poignante et interpellante.
Lien : https://livraisonslitteraire..
Commenter  J’apprécie          90
« Le monde change aujourd'hui. ramasse ta pierre, me dit le frère. »

Qu'il est loin mon temps à la Martinique. Été 2014. Immersion à la capitale. Puis parcourir l'île, manger, rire et danser sur la plage. La moiteur. le rhum qui coule à flots. Les combats de coqs. L'avocat. L'ananas. Les fonds blancs. Au rythme des baffles qui claquent.

Je viens de l'Hexagone. Je suis blanche. Je suis femme. Comment ne pas se sentir illégitime après une telle lecture. Comment aussi ne pas y percevoir un privilège. Comme si on m'avait gratifiée d'un peu de culture.

J'ai écouté, lu et ressenti. Je n'ai pas jugé. Je me suis laissée emporter.

Ce récit c'est un peu un long poème. Sa construction est anarchique, atypique, on ne comprend pas toujours tout et les passages en créole, j'ai demandé à mes collègues de me les traduire.

Et donc comme Charles, j'ai pas tout pigé des mots dégoulinants de l'auteur. Mais je les ai bus avec une passion nouvelle. Je suis tombée sous le charme de Michael Roch. Que je suivais depuis Amazonies Spatiales et que j'avais hâte de découvrir.

Le texte est particulier, il peut dérouter, il peut faire peur, il est cru mais beau, doux mais violent. le sexe est omniprésent, lyrique mais brut. La drogue aussi. La datura. Qui illusionne, enivre et annihile.

Mais j'ai lu et écouté la détresse des antillais. de Charles. de son frère. de Tanya. de Gloria. de Jidé…

L'auteur nous ambiance dans ses Antilles. Tristes Antilles, délaissées et délabrées par l'État français. J'ai recueilli au creux de mon coeur la sagesse des paroles, la pureté du texte, la dureté des mots. L'humilité, la claque des sens, cette caresse rude mais tendre.

L'expérience est unique, poétique mais aussi philosophique. Les Choses Immobiles c'est attendre le cul posé. La fin. Ou. Se bouger. Se battre contre le système, construire le nouveau monde, lutter pour sa survie, contre le racisme, pour l'Indépendance, pour récupérer ses Droits.

L'auteur est un artiste.

« C'est pas avec des mots qu'on lutte contre ce qui nous tue. »

Sp numérique. Merci @editionsmnemos @mu_label.
Commenter  J’apprécie          82
Extrait de ma chronique :

"Cette construction d'un texte sous forme d'un gigantesque flash-back (pas forcément ordonné, le billet d'avion présent en #82 vient par exemple du #90), c'est une technique empruntée au roman noir (au sens de polar) – et ça tombe bien, parce que malgré ses incursions hallucinées dans le fantastique (voir les fragments #10, #32 et surtout les #82-83 avec le chienlari, mais aussi le #110 avec l'anguille, deux fragments sur lesquels je reviendrai) voire le cyberpunk (en #89, j'en reparlerai un peu aussi), Les Choses immobiles est avant tout un (grand) roman noir (toujours au sens de polar pour l'instant).


Fidèle à son habitude d'utiliser un genre préexistant pour l'illustrer à sa façon toute personnelle (voir le Livre jaune ou Tè mawon), Michael Roch met en scène, dans Les Choses immobiles, une intrigue policière classique : après avoir tué son père (#6), Charles Gaspard, un homme "en triste cavale" (#4), part se mettre au vert (ici, en Martinique) ; mais sa rencontre avec une femme fatale, Tanya, "plus belle que toutes les gueules nocturnes" (#26), va lui valoir des ennuis supplémentaires (principalement liés à la lutte armée pour l'indépendance de l'île).


Quoique la figure obsédante de Tanya soit très classiquement contrebalancée par une autre femme (Gloria), mais aussi (c'est plus original) par un homme (Jidé, j'y reviendrai), elle n'a au final rien de classique"
Lien : https://weirdaholic.blogspot..
Commenter  J’apprécie          71
« Entre les vagues, la terre et le sel ». Michael Roch
Le piédestal de la littérature !
Haut les coeurs !
« Les Choses immobiles » et l'admirable écriture de Michael Roch, dont chacune des phrases est langue humaine, irradiante et spéculative. L'acuité verbale innée. Elle nous attire, nous retient, élève notre regard. L'éminente littérature, efficace, poétique, qui, dès la première majuscule, vibre en nous.
Magnétique, engagé, c'est un chef-d'oeuvre intranquille, poignant, d'une beauté inouïe.
« Faudrait-il que j'émerge au monde, à chaque jalon, construit hors de ma volonté. Non. Me voir émerger au monde, dans le lieu bleu de la mémoire, me construire en épopée, en puissance, me dire que si j'existe, c'est du cosmos, si j'existe, c'est de la seule force de l'homme – que le reste du monde meurt, ouais, peut-être, mais que je grandis sans lui, dans sa faille ».
Un homme revient. de dos, nous le voyons. La tête baissée, les épaules lourdes et courbées, franchir avec force et courage, la Martinique. Fouler la terre-père, lave de volcan en son coeur, fragile et sublime. Il revoit son frère. L'hospitalité comme la pierre angulaire. Ce dernier est un combat, un homme qui creuse de ses mains l'île. Réfute les disparités, les inégalités, les troubles comme des algues qui chevillent ses élans. Indépendantiste, le bandeau noir sur le front dans cette invisibilité qui renforce. La parabole des mouvances intestines d'une île abandonnée aux astres sombres.
« «Il est temps que le bordel s'arrête. Que la colonisation s'arrête. Qu'on arrête de foutre la poussière sous le tapis ».
La sensualité superbe et assumée, les convictions comme le chant marin dans un coquillage, les frères sont des cris dans la nuit noire. Des retrouvailles fraternelles où se lovent les frustrations. Les existences murailles et bordures d'une île assoiffée de justice et d'équité.
Le revenant, Charles, accueilli dans cette concorde à laquelle il devra rendre des comptes.
Lui, le torturé, le tourmenté, des démons sur sa langue et son ventre, l'anguille spectrale emblématique.
Viril, solaire, le livre est étonnamment manichéen. Entre la trame surdouée et ce que Michael Roch dévoile le finement politique. On reste dans cette latitude d'une histoire essentielle qui est un langage de ténacité, de douleur de de persévérance.
« Tout se passe dans le geste, le geste qui ouvre, qui encercle aussi, qui creuse l'espace où se raconte chaque chose ».
« Une histoire commence par son incarnation dans le corps de celui qui ouvre la ronde des paroles, des danses, des rythmes aussi, des tambours du cosmos. Qui a dit ça ? Qui a écrit ça ? Tomber en possession ? ».
Charles reste cloîtré entre ses désespoirs, ses cauchemars, ses craintes et le poison lent qui diffuse les frustrations et sa vulnérabilité. Il va être embrigadé. Volontaire au fond de lui-même. L'exutoire qui rime avec la rémanence et son retour peut-être à la vie. L'ambiguïté des valeureux. Comprendre combien cette île a changé. Les mouvances intestines des disparités sociétales, les effluves écologiques, et l'appât du gain des puissants. Lui, qui vient de l'hexagone, entre deux rives, relève le danger de la finitude.
Les protagonistes sont assignés à l'immersion bouleversante d'un livre hors du commun. Symbolique et puissamment charnel, la danse des corps et le virilisme comme déontologie, la culture retourne les corps à contre sens. Et c'est beau !
« T'as la mer en toi, Jidé, le courant aussi, le ressac et l'écume qui s'écoule de tes lèvres ».
« Les Choses immobiles » l'obsession cardinale de lutter contre un monde ployé sous les affres. Les changements d'une île qui se moque et méprise les siens. La pauvreté comme une lumière qui vacille en bord de plage. Les résistances comme des vertus.
« Combien de temps met le progrès pour tout manger? Et de quel côté se vide la mer. Peut-être bien des deux ».
Le progrès qui fragmente ce peuple comme du pain moisi jeté aux chiens. Charles est de dualité, d'ombre et de lumière, le noir et le blanc. Un libérateur ou un terroriste ?
Ce récit est tempétueux, sombre et miraculeux.
« Nous ne sommes pas le ban du monde, nous ne sommes pas sa marge, pas sa province, pas son autour. Nous ne sommes pas son évasion, son aire touristique, encore moins sa rédemption ».
Le roman s'efface. Il cède sa place à l'intrinsèque, à la vérité. À la loyauté de l'abnégation. Devenir l'île, s'échapper de la vie. Être l'oiseau de mer qui sera la férocité d'un combat pour que tout change.
La Martinique en fronton, la liberté et la beauté d'un geste final. La violence comme une réponse au silence. Ce livre est un hommage à la lutte des coeurs. Digne d'un génie évident, il défie l'acceptation de l'advenir.
« Retiens bien, 2037, la Martinique devient indépendante ».
Taire le baisser de rideau d'un récit connivence avec notre cosmopolite. Des frères héroïques, la postérité du renom qui foudroie ce livre en majesté. Inestimable, l'anticipation lucide et exhaustive. Publié par les majeures Éditions Mu.
Commenter  J’apprécie          50
Les choses immobiles est un roman épatant par la qualité de son écriture mais aussi par la puissance de son propos. Cri de lutte de tout un peuple, récit organique où mort et désir s'entremêlent, où passé et futur riment avec chaos. Puissant et subtil, c'est un roman envoûtant et troublant qui marque les esprits.

Critique complète sur yuyine.be!
Lien : https://yuyine.be/review/boo..
Commenter  J’apprécie          20
Michael Roch est décidemment un auteur unique ; avec toutes les qualités que cela suggère, et une palanquée d'autres qui ne cesseront jamais de me surprendre de la meilleure des manières.
Je suis aussi démuni qu'enthousiaste lorsqu'il s'agit d'expliquer exactement pourquoi, mais j'essaie quand même, parce qu'il me semble important à lire comme à partager.
Les choses immobiles sont parvenu à me bousculer.
C'est fort.
Lien : https://syndromequickson.com..
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (105) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4906 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}