Après la claque littéraire reçue en lisant
Tè mawon, j'étais curieux de voir ce que
Michael Roch avait d'autre à offrir. La proposition des éditions Mnémos de découvrir son nouveau roman en service presse était donc une excellente occasion et je l'ai acceptée avec enthousiasme. Malheureusement, cela n'a pas été une lecture aussi agréable que je le pensais et j'en ressors un peu déçu.
Dans
Les choses immobiles, l'auteur traite des thèmes déjà présents dans le roman précédent comme la question des dominations (coloniale, patriarcale, …), la lutte des classes et l'action révolutionnaire, le tout dans un cadre similaire, les Antilles, et plus spécifiquement la Martinique. L'histoire prend place en 2037 et les îles des Caraïbes n'ont pas encore fusionné dans l'acier et le béton pour former Lanvil, la mégalopole tentaculaire et futuriste décrite dans
Tè mawon. À ces problématiques générales se mêlent d'autres questions plus personnelles, plus individuelles, à travers le narrateur, un métis revenu sur l'île pour fuir la métropole et renouer avec ses racines. Il devra ainsi faire face aux grandes questions de la vie : celles de l'identité et du sens de son existence tout en affronter ses démons.
Sur le papier, il y a donc beaucoup d'éléments attrayants, de quoi faire un bon et beau roman. Et pourtant, la magie n'a pas opéré pour moi. La forme y est sans doute pour beaucoup. le texte est en effet moins conventionnel que
Tè mawon, plus poétique, plus métaphorique, mais aussi plus obscur ce qui le rend au final moins accessible.
Michael Roch adopte une écriture plus tortueuse et la trame narrative n'apparaît qu'en pointillée. le narrateur est en proie à d'intenses questionnements, il est très troublé intérieurement et cela donne un texte torturé, à l'image de son état d'esprit. C'est peut-être une preuve de la qualité de l'écriture de l'auteur mais, en ce qui me concerne, cela a rendu la lecture un peu fastidieuse.
Par ailleurs, j'ai parfois eu l'impression de rater l'essentiel des références par manque de culture : je n'ai jamais lu
Aimé Césaire, ni
Patrick Chamoiseau, je connais très mal la littérature des Antilles, tout comme les réflexions sur la négritude. On sent bien, en lisant
Michael Roch, qu'il est imprégné de toute cette culture et cette littérature mais la façon dont il s'y réfère ne permet pas d'inclure celui ou celle qui n'a pas les codes. Sans être moi-même connaisseur, je me suis senti mis de côté, comme si le texte ne m'était pas destiné.
En résumé, bien que j'étais assez enthousiaste en ouvrant ce roman, je dois bien avouer que la lecture n'a pas été particulièrement plaisante. Fort heureusement, il s'agissait d'un court roman, ce qui m'a permis d'aller au bout sans trop de difficultés et pouvoir ainsi le juger dans sa totalité. Ce n'est donc pas un roman que je recommanderais avec conviction mais je ne déconseille pas pour autant sa lecture. Il est indéniable qu'il possède des qualités,
Michael Roch démontre à nouveau ses talents d'écrivain et si je n'ai pas vraiment accroché à ce texte, je ne doute pas que d'autres lecteurs et lectrices sauront l'apprécier à sa juste valeur. Peut-être qu'une seconde lecture, dans quelques années, me permettra de mieux le comprendre et revoir mon jugement.
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