C'est un tel plaisir à regarder, quelqu'un qui se met à respirer. Qui cavale dans la maison, qui rit d'un rien, qui chante. Elle révéla une voix étonnante, qui la surprit elle-même, et fut reconnue comme vocation.
- Où ça se cachait ?
Eh oui. Le souffle, c'est l'âme.
La Perfection, c'est l'obéissance dans la dignité.
Le Devoir. Accompagné de l'ennui inhérent, et d'une discrétion de bon ton dans son accomplissement.
A l'en croire (mais peut-on croire un menteur ?) le risque était élevé : "pratique courante dans les familles".
Je n'en rencontrais pas les signes autour de moi pourtant.
Mais au fait, je n'en montrais pas non plus.
Qui en eût cherché n'en eût pas trouvé plus que moi.
Je pouvais aussi bien présumer que nous étions une foule.
Une foule dont chacun est seul.
Et personne qui peut lever le doigt en premier.
Je ne serais pas épouse-et-mère, je m'en fis le serment : j'aurais eu trop peur de donner un père à une fille.
Je crois aux fantômes voilà. Et ce n'est pas dehors qu'ils sont c'est à l'intérieur. Le vieux mien se planque chez moi. A l'abri. Protégé par moi ! Jouissant de l'immunité posthume par système d'étouffoir incorporé, avec brevet de secret universel télécommandé à travers le temps l'espace et la complicité.
Je lui résistais mieux quand je l'avais en face.
Et d'un coup aboli tout mon respect [...] tout mon respect, que jamais rien ensuite ne vint restaurer, des grandes personnes. Des girouettes. Changent d'avis comme de chemises tournent leur veste raisonnent comme des savates disent blanc font noir sans même s'en apercevoir et si on leur met le nez dedans, la rogne. Aucune logique. N'importe quoi. Savent pas ce qu'elles font, que Dieu leur pardonne s'Il veut moi je suis pas obligée.
Je ne reviendrais pas car : ma vie ! ma vie ! et que monstre je sois mais quoi que valût cette vie c'était une vie et je n'acceptais plus que parce j'aimais, l'on me tue.
"Ta mère s'est sacrifiée pour toi" - qu'est-ce qu'elle pouvait faire d'autre me disais-je comme tout enfant dans les cinq six à qui on tient ce discours, qui ne marche jamais ils devraient le savoir depuis les générations mais non, ils continuent. Et nous on attend que ça s'arrête avec notre air buté : on ne l'a pas demandé. Et bien sûr quelque chose est exigé de nous en échange de ce non demandé, même si on ne met pas le son ça s'entend sous la voix, c'est triste de regarder les adultes en train de se croire subtils, on voit tout à travers.
Je ne voyais que son comportement : visées, préparatifs, manoeuvres d'approche et d'encerclement, menées souterraines, pose de pièges, toute la mécanique comment ça marchait. Tout ça j'observais superbement, et voyais venir de loin - ce qui m'a peut-être poussé des antennes pour l'avenir mais n'avançait pas mon présent car il n'y avait rien qui le pût, vu qu'il détenait la force et le droit et sans doute aussi ce foutu dieu que nous avons.