Sorcery of Thorns

Elle savait que les livres conservés à la Grande Bibliothèque n’étaient pas ordinaires. Ils marmonnaient sur leurs étagères et frémissaient sous leurs chaînes en fer. Certains crachaient de l’encre et piquaient des colères ; d’autres chantonnaient pour eux-mêmes d’une voix pure et haut perchée les nuits calmes, quand la clarté du firmament tombait en rayons argentés entre les barreaux des fenêtres. D’autres encore se révélaient si dangereux qu’ils devaient être enfermés dans la crypte souterraine, sous une bonne couche de sel.

- Vous aimez cet endroit ?
- Bien sûr. Il y a des livres.

Le magister s’était tourné dans leur direction, le regard braqué sur les rayonnages. Ses yeux gris étaient étonnamment clairs, comme du quartz, et l’éclat qu’Elisabeth y lut alors que le magister balayait du regard les grimoires lui glaça le sang. Elle n’avait jamais vu des yeux aussi cruels.

- La connaissance peut toujours être dangereuse. C’est une arme plus puissante que n’importe quelle épée ou n’importe quel sortilège.

Rien n'aurait pu la préparer à ce moment, au fait qu'elle connaîtrait son premier baiser au clair de lune, dans un jardin de roses, avec un garçon qui appelait les tempêtes et commandait aux anges d'ouvrir leurs ailes.

- Vous aimez cet endroit ?
- Bien sûr. Il y a des livres.

Elisabeth se rapprocha.
- Ce miroir est-il dangereux ?
- La connaissance peut toujours être dangereux. C'est une arme plus puissante que n'importe quelle épée ou n'importe quel sortilège.

— Je n’ai pas répondu à votre question, dit-il en se levant pour se diriger vers les tentes. Si vous ne croyez en rien, alors vous avez beaucoup moins à perdre.

— Désolé, bredouilla-t-il d’une voix qui lui ressemblait déjà plus. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je suis bien sûr prêt à vous assister dans votre tentative héroïque et tout à fait suicidaire, Scrinever. Il n’y a qu’à demander.

— Ce n’est rien, répéta-t-il. (Il marqua une pause, puis ajouta :) Quand vous avez vécu quelque chose de terrible, parfois la promesse d’une amélioration peut se révéler tout aussi effrayante.