La bibliothèque possédait une vie propre, et elle était devenue quelque chose de plus grand que ce que Cornelius avait voulu pour elle. Car les Grandes Bibliothèques ne renfermaient pas des livres ordinaires, mais des grimoires. Un savoir qui avait pris vie. Une sagesse qui possédaient une voix. Ils chantaient quand la clarté du firmament tombait par les fenêtres. Ils ressentaient la douleur et la peine. Certains pouvaient se montrer mauvais ou grotesques, mais était-ce différant pour les gens, à l'extérieur des murs de la bibliothèque ? Et cela ne rendait pas pour autant le monde indigne d'être protégé, car là où il y avait des ténèbres, il y avait aussi tellement de lumière. C'était là la véritable vocation d'Elisabeth, et non celle de devenir une gardienne dans l'espoir de gagner l'estime des gens qui ne comprendraient jamais rien. Elle n'était pas destinée à incarnait la volonté de la bibliothèque.
Elle la sentait, à présent, la conscience du lieu qui l'environnait et le traversait, pareille au cours rapide d'une rivière. Des centaines de milliers de grimoires, s'unissant pour ne former qu'un seul esprit.
Était-ce cela, de perdre quelqu'un ? Le chagrin ne disparaissait jamais vraiment. Il était simplement... recouvert par d'autres choses.
- La plupart des gens ne croient plus aux contes de fées en grandissant. Pourquoi avez-vous continué, quand le reste du monde n'y prêtait plus foi ?
...
- Quel est l'intérêt de la vie si vous ne croyez en rien ? Demanda-t-elle plutôt.
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Il lui semblait que c'était le reste du monde qui était devenu fou, et non elle, mais si elle était la seule à penser ainsi, pouvait-elle encore se croire saine d'esprit ?
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-Tâche de ne pas lui attirer trop d'ennuis.
Katrien lui adressa un sourire espiègle.
-Oh, je ne peux rien te garantir à ce sujet, mais je peux te promettre que je l'aiderai toujours à se sortir du pétrin où je l'aurai fourré
Désolé, bredouilla-t-il d'une voix qui lui ressemblait déjà plus. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je suis bien sûr prêt à vous assister dans votre tentative héroïque et tout à fait suicidaire, Scrivener. Il n'y a qu'à demander.
-Mademoiselle Scrivener, ne pensez-vous donc pas qu'il s'agit d'une créature maléfique ?
Elisabeth crispa les doigts sur la poignée de Tueuse de démons. Elle commençait à comprendre que le mal n'était pas un concept aussi simple qu'elle l'imaginait autrefois. Peut-être n'était-il pas injuste que les Maléficts veuillent s'en prendre aux hommes ; à ceux qui les avaient créés, qui les avaient emprisonnés et tourmentés avec du sel et du fer et qui, comme ici, les reléguaient à leur forme corrompue.
-Vous ne pensez pas que Silas aurait pu se faire prendre, tout de même ? demanda-t-elle.
-J'espère que non, répondit dans un murmure une voix légèrement vexée, en provenance du couloir. Maître Nathaniel sait que je ne suis pas un amateur.
J'aime aussi les filles, Scrivener, précisa Nathaniel, une lueur amusée dans les yeux. J'aime les deux. Si vous devez fantasmer sur ma vie amoureuse, j'insiste pour que vous le fassiez correctement.
Vous ne le croirez sans doute pas, mais j'ai eu un faible pour lui, dans le temps. Puis il est parti et s'est laissé pousser la moustache. Ou il a assassiné une gerbille pour se la coller sur le visage. Sur ma vie, je ne saurais dire qu'elle hypothèse est la bonne.