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Citations sur Élégies pour le temps de vivre (32)

Paisible, oui, paisible, tu n'es plus menacé
par le sombre silence qui se dressait devant
toi durant tes nuits trop blanches, tu retrouves

l'innocence du souffle et le calme du sang
qui nomme à nouveau ton corps, tu sais que
l'aube sera heureuse et qu'en ouvrant tes volets
les sommets lumineux guideront tes regards,

tu tiens bon, tu renais, tu arraches les voiles
étouffants des peurs bleues, tu recomposes ton
présent, tu es le messager de ta propre existence,

tu viens à ta rencontre dans le jour qui palpite,
tu serres de près les lueurs en équilibre sur
les arbres et tu te dis que si la roue tourne
impitoyablement, tu es vivant quand même, vivant.
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Elégie pour le temps de vivre (VI)



extrait 7

jamais je n’oublierai ses regards
un peu flous qui caressaient les choses
ni ses trop longs silences – ah ! ces
silences qui ne s’usaient pas
parce qu’il restait fidèle à la vie
et que la vie, pour lui, flottait
comme un ruban au-dessus des tourmentes.

Je sais que mourir est un passage
à peine plus troublant que celui
de naître et que le ciel se couche
au pied du lit de celui qui s’en va.
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Laissez toujours une porte fermée sur vos rêves
inaccomplis - trop de regrets, de remords, vous
sauteraient au visage. Vous qui cherchez, dans
le désordre de la vie, le secours d'un soupir

de pivoine, d'un trille d'alouette, d'une colline
paresseuse sous un soleil avide, vous qui ne savez
plus comment remonter la rivière, jusqu'à l'endroit
où éclosent les souvenirs, n'ouvrez pas la porte

maudite, prenez le temps d'exister, le temps de
suivre une ombre sur un mur, une goutte sur une
feuille. Le temps est un berceau où vos peines

s'estompent, où le silence vous apprend pourquoi
se brouillent les paroles. Laissez-la fermée,
cette porte, vous voyez le monde bien au-delà.
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Elégie pour le temps de vivre (V)



Extrait 8

On s’inventait des devinettes, les soirs
d’hiver. On se couchait tôt, mon frère et
moi, blottis sous un édredon ventru qu’on
choyait comme un animal familier. On riait

beaucoup avant de s’endormir, certains
que la nuit au toucher délicat délivrerait
des histoires dont on échangerait de
mystérieuses bribes, le matin, sur le chemin

de l’école. L’hiver, aussi, on tentait des feux
de papier dans la neige, non loin du clapier
aux lapins angoras. Il prenait mal, végétait,

mais parfois, comme une lame fugace, il
surgissait dans l’ait froid, emportant
d’autres devinettes, d’autres bribes de rêves.
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Elégie pour le temps de vivre (VI)



extrait 3

Ta maison a sa vie, tu n’es
que le locataire des souvenirs
qui l’ont inscrite dans les murmures
des saisons. Tu veux que tes mots
la célèbrent aussi justement que ses pierres
et ses tuiles, mais elle connaît mieux
que toi la cacophonie des jours et
les maladives hésitations des nuits.

Si ta maison te regarde, ne désigne
rien, écarte-toi, ne console
personne – le lierre, les hortensias,
les moineaux, le mur écaillé, ils
n’écoutent que l’inconnu qui divise
ta solitude en des milliers
de petites vies entassées.
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Elégie pour le temps de vivre (VI)



extrait 5

Que la haute fenêtre propose
aux enfants d’aujourd’hui des reflets
dont se souvient la nuit, ne
change rien à l’effacement
qui me précède et dans lequel
les siècles qui s’annoncent
m’engloutiront sans autre
forme de procès. La fenêtre

s’enlise dans ce qu’on voit d’elle,
la maison sommeille, je confonds
ma présence avec celle des âges
qui combattent les murs et meurtrissent
les pierres, je ne suis qu’un soupir
que prolonge la fontaine – et je vis
de sourire à cette eau solitaire où tombera
la nuit et sa fenêtre la plus haute.
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Elégie pour le temps de vivre (V)



Extrait 9

Matin d’automne – le soleil
dans les érables, la gelée blanche,
les asters engourdis dans les jardins,
la promesse d’un journée où tes souvenirs

muselés laisseront ton présent te prendre
par la main. Une ancienne connaissance
t’a donné rendez-vous. Pourquoi ne dis-tu
pas que c’est ce tendre amour à qui

ta vie fut si longtemps soumise ? Tu
déclines cette rencontre, ton présent
la refuse, la redoute peut-être, car

il est dur de voir, sur le visage autrefois
tant aimé, les rides et les taches
qui malmènent le rien. Matin

d’automne – ton cœur est celui des érables
qui parlent d’asters à la gelée blanche.
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Elégie pour le temps de vivre (V)



Extrait 1

L’herbe est paisible. Un sourire
se balance à travers les branches,
un sourire où tu reconnais, dans
les replis de la lumière, l’empreinte

d’un amour autrefois délaissé. L’herbe
a la grâce du temps qui passe avec
l’innocence du silence ou la patience
de l’espoir. Mais l’amour

est resté loin de toi, et les caresses
qui te manquent, c’est à l’herbe
que tu les demandes, à l’herbe

où le matin chuchote
entre la fluidité de l’air
et celle du souvenir.
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Elégie pour le temps de vivre (VI)



extrait 9

La lumière dort sur la terre, les branches
s’abaissent, les herbes se courbent,
pour mieux l’entendre respirer. Notre vie
se resserre autour de ce mystère pendant

que dans le ciel s’éparpille un nuage.
Notre vie, est-ce bien nous qui la vivons ?
Sommes-nous assez proches des oiseaux
qui laissent dans l’air la trace des rêves

où notre enfance s’exila ? Un pinson
fait son nid dans le pin, tout près
de ma fenêtre, rien ne l’effraie, le jour

l’aide, c’est sûr – je vis dans la lumière qui
passe entre les branches, avec lui, chaque fois
qu’il revient avec quelques brindilles.
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Elégie pour le temps de vivre (VI)



extrait 6

Que de fois, alors que je tremblais
devant la bousculade enflammée
du couchant, ont éclaté dans ma mémoire
les cris de ma première enfance ! Que

de fois, j’ai revu mon père penché sur
un livre ou sur un tour ! Que de fois,
je le revois encore ! Et j’engrange en
mon corps des secousses qui viennent
des pierres, du bois, de la terre,
je me scinde en ombres multiples, je

m’adosse au temps, je glisse avec
les cailloux dans les fossés où je vis
tant de fois s’effondrer les hommes
ivres dont j’essayais de déchiffrer
les plaintes et les râles. Je suis
comme mon père, aux lisières du monde,
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