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Citations sur Jean-Christophe, tome 2 : Le matin (14)

L'amour a de curieux effets rétroactifs. Dès l'instant que Christophe découvrit qu'il aimait Minna, il découvrit du même coup qu'il l'avait toujours aimée. Depuis trois mois, ils se voyaient presque chaque jour, sans qu'il se fût douté de cet amour. Mais du moment qu'il l'aimait aujourd'hui, il fallait absolument qu'il l'eût aimée de toute éternité.
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Elle était assez musicienne, mais n'aimait pas la musique - comme beaucoup d'Allemandes. Mais, comme beaucoup d'Allemandes, elle croyait devoir l'aimer, et elle prenait ses leçons assez consciencieusement, à part quelques moments de malice diabolique, pour faire enrager son maître.
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– Je t’en veux, mon amour, écrivait Christophe, de la peine que je te cause. Je ne puis supporter que tu souffres : il ne le faut pas, je ne le veux pas. (Il soulignait les mots, d’un trait qui crevait le papier.) Si tu souffres, où trouverai-je la force de vivre ? Je n’ai de bonheur qu’en toi. Oh ! sois heureux ! Tout le mal, je le prends joyeusement sur moi ! Pense à moi ! Aime-moi ! J’ai besoin qu’on m’aime. Il me vient de ton amour une chaleur qui me rend la vie. Si tu savais comme je grelotte ! Il fait hiver et vent cuisant dans mon cœur. J’embrasse ton âme.
– Ma pensée baise la tienne, répliquait Otto.
– Je te prends la tête entre mes mains, ripostait Christophe ; et ce que je n’ai point fait et ne ferai point des lèvres, je le fais de tout mon être : je t’embrasse comme je t’aime. Mesure !
 Otto feignait de douter :
– M’aimes-tu autant que je t’aime ?
– Oh ! Dieu ! s’écriait Christophe, non pas autant, mais dix, mais cent, mais mille fois davantage ! Quoi ! Est-ce que tu ne le sens pas ? Que veux-tu que je fasse, qui te remue le cœur ?
– Quelle belle amitié que la nôtre ! soupirait Otto. En fut-il jamais une semblable dans l’histoire ? C’est doux et frais comme un rêve. Pourvu qu’il ne passe point ! Si tu allais ne plus m’aimer !
– Comme tu es stupide, mon aimé, répliquait Christophe.
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Les jours qui suivirent furent si mornes qu’ils ne peuvent se raconter. Le néant ne se décrit point.
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Souveraine jouissance connue de tout artiste : pendant le temps qu’il crée, il échappe à l’esclavage du désir et de la douleur ; il en devient le maître ; et tout ce qui le faisait jouir, et tout ce qui le faisait souffrir, lui semble le libre jeu de sa volonté. Instants trop courts : car il retrouve ensuite, plus lourdes, les chaînes de la réalité.
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Assis auprès du lit, veillant le dernier sommeil de Melchior, dont le visage avait pris maintenant une expression sévère et solennelle, il sentait la sombre tranquillité du mort entrer en lui. Sa passion enfantine s’était dissipée, comme un accès de fièvre ; le souffle glacial de la tombe avait tout emporté. Minna, son orgueil, son amour, hélas ! quelle misère ! Que tout était peu de chose auprès de cette réalité, la seule réalité : la mort ! Était-ce la peine de tant souffrir, désirer, s’agiter, pour en arriver là !…
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Et le petit puritain de quinze ans entendit la voix de son Dieu :
« Va, va, sans jamais te reposer.
– Mais où irai-je, Seigneur ? Quoi que je fasse, où que j’aille, la fin n’est-elle pas toujours la même, le terme n’est-il point là ?
– Allez mourir, vous qui devez mourir ! Allez souffrir, vous qui devez souffrir ! On ne vit pas pour être heureux. On vit pour accomplir ma Loi. Souffre. Meurs. Mais sois ce que tu dois être : « Un Homme. »
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"Mon âme ! Comment oses-tu parler de reconnaissance, parce que je t’aime ? Ne t’ai-je pas dit combien j’étais triste et seul avant de te connaître ? Ton amitié m’est le plus grand des biens. Hier j’ai été heureux, heureux ! C’est la première fois de ma vie. Je pleure de joie en lisant ta lettre. Oui, n’en doute pas, mon aimé, c’est le Destin qui nous rapproche ; il veut que nous soyons unis pour accomplir de grandes choses. Amis ! Quel mot délicieux ! Se peut-il que j’aie enfin un ami ? Oh ! tu ne me quitteras plus, n’est-ce pas ? Tu me resteras fidèle ? Toujours ! Toujours !… Comme il sera beau de grandir ensemble, de travailler ensemble, de mettre en commun, moi mes lubies musicales, toutes ces bizarres choses qui me trottent par la tête, et toi ton intelligence et ta science étonnante ! Combien tu sais de choses ! Je n’ai jamais vu un homme aussi intelligent que toi ! Il y a des moments où je suis inquiet : il me semble que je ne suis pas digne de ton amitié. Tu es si noble et si accompli, et je te suis si reconnaissant d’aimer un être grossier comme moi !… Mais non ! je viens de le dire, il ne faut point parler de reconnaissance. En amitié, il n’y a ni obligés, ni bienfaiteurs. De bienfaits je n’en accepterais pas ! Nous sommes égaux, puisque nous nous aimons."
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Mais rien n’est plus difficile qu’une intimité absolue entre enfants et parents, même quand ils ont les uns pour les autres la plus tendre affection : car, d’une part, le respect décourage les confidences ; de l’autre, l’idée souvent erronée de la supériorité de l’âge et de l’expérience empêche d’attacher assez de sérieux aux sentiments de l’enfant, aussi intéressants parfois que ceux des grandes personnes, et presque toujours plus sincères.
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Tout le langage humain, toute la sagesse humaine, n'est qu'un guignol de raides automates, auprès de l'éblouissement funèbre de la réalité, - ces misérables êtres de boue et de sang, dont tout le vain effort est de fixer une vie, qui pourrit, d'heure en heure.
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