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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A Nykøbing Falster, je croise le regard apeuré d'un jeune garçon. Plus tard, celui-ci, alias Knud Romer, écrivit un roman à consonance autobiographique « Cochon d'allemand » et joua devant la caméra de Lars von Trier dans « Les Idiots ». Mais pour le moment, ce petit garçon est triste, ses yeux humides sont effrayés rien qu'à l'idée d'aller à l'école ce matin, comme tous les autres matins. Souffre-douleur de ses camarades, il n'est pas rare qu'il se voie rouer de coups, brimer, humilier. Pourquoi tant de haine ?

Dans la cour de récréation, se protégeant des coups de pieds et des crachats, un refrain repris à tue-tête hurle dans sa tête :
« Cochon d'allemand ! Cochon d'allemand ! ».
Qu'il est difficile de vivre enfant, au Danemark ou dans cette Europe d'après-guerre, quand on a une mère allemande. Jamais adoptée par son nouveau pays, avec l'accent fort du pays, finalement elle abandonnera la partie au profit de la vodka.

Ce roman, à la nostalgie autobiographique, sont les souvenirs d'un garçon, d'une famille, de l'amour du goulash de sa grand-mère à la cruauté d'un monde qui fit souffrir une famille du fait de son origine allemande. Dans la vieille bâtisse de vacances, l'air se parfume de paprika, de poivre et de cannelle, des épices bouillonnant de souvenirs dans une éternelle marmite en fonte. Au large les ferrys font la liaison entre l'Allemagne et le Danemark, les effluves marines se teintent d'une triste mélancolie. A cette époque-là, être allemande signifiait simplement être nazie. Un roman fort par moment, un peu déroutant aussi entre les époques ou les lieux qui ne me parlent pas, mais d'une belle émotion et poésie, une curiosité inhabituelle, avec tout de même pas mal de vodka. Merci pour ce shot.
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Cela faisait 10 ans déjà ! Je dis bien 10 ans que ce livre m'a été offert et qu'il attendait dans ma bibliothèque que je veuille bien m'en saisir.

Il faut dire que la couverture est vraiment très très moche et le titre n'en parlons pas je l'exècre personnellement mais je n'entrerais pas dans le détail à ce sujet.

Ceci dit ce livre est très émouvant, très cruel et très triste aussi.

Knud (le fils) raconte la lente et inexorable détestation de vivre au Danemark avec sa mère allemande et son père Danois des années 1930 aux années 1970.

Les souffrances psychologiques sont innombrables.

Il y est question principalement de racisme envers sa petite famille de trois personnes, mais aussi et surtout de l'acharnement qu'il a subi, tout au long de sa scolarité, du rejet et de la maltraitance des autres enfants qui l'ont traité durant toute cette longue période de "cochon d'allemand".

Mais aussi de l'amour inconditionnel et très fort qu'il a pour sa mère rejetée par ce peuple Danois car étant allemande ils l'a considérait comme une nazie ; se moquait de son accent et ne l'ont jamais acceptée malgré toute sa bonne volonté ; elle a jetée l'éponge et noyer son chagrin dans l'alcool.

L'enfance et l'adolescence de Knud est d'une grande tristesse, il a pu à l'âge adulte s'échapper de tout cela mais la fin de vie de sa maman est déchirante, et tous les cris d'amour de ce fils aimant et impuissant vous prend aux tripes.

Apparemment livre autobiographique qui m'a touché au-delà de tout.
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Den som blinker er bange for døden
Traduction : Elena Balzamo

ISBN : 9782922868623


Ici, c'est du bref, de petites scènes mises bout à bout, les fragments brisés de l'enfance d'un petit garçon mi-danois, mi-allemand et, à travers elle, de son entourage familial. Une famille resserrée, blottie sur elle-même pour se protéger de toute souffrance superflue, dont le seul crime est d'être mixte, le père, agent, puis directeur-adjoint d'une compagnie d'assurance danoise ayant osé, au beau milieu des années soixante - soit tout de même plus de douze ans après la fin de la Seconde guerre mondiale - tomber amoureux d'une Allemande qui avait fui les troupes russes pour se réfugier à l'Ouest avec toute sa famille. La jeune femme a évidemment suivi son époux au Danemark mais, à Nykøbing, ville du Seeland, la plus importante des îles du pays, elle ne parvient pas à se faire accepter et restera à jamais "la Nazie", elle qui, pourtant, sous le joug hitlérien, avait vu ses amis opposants au régime finirent sous la hache du bourreau pour les femmes et pendus à des crocs de boucher pour les hommes.

L'ensemble mêle l'ironie et même le cocasse à une tristesse qui accable et à une amertume qui terrifie. Tout cela oscille entre le glauque brutal d'un écorché vif et une gaieté absurde, nerveuse, comparable à celle qui s'abat parfois sur les assistants lors d'une cérémonie funèbre. Pour atteindre le but qu'il s'est fixé, faire revivre cette mère qu'il n'a pas pu protéger de la sottise humaine et aussi lui rendre un hommage posthume, Knud Romer rit et nous fait rire avant de nous plonger d'un seul coup, dans les dernières pages de son livre, lorsque la Mort s'impose, dans les derniers remous, pleins de rage et de tumulte, qui ne veulent pas encore s'avouer vaincus, de ce qui fut bel et bien la tragédie d'une vie faussée, manquée, ratée.

On se rappellera longtemps le naturel avec lequel l'auteur intercale l'allemand résolument parlé par sa mère au sein d'un texte essentiellement rédigé en danois ainsi que les cigarillos et les bouteilles de vodka qui aidèrent vaille que vaille Mme Romer (à laquelle sa belle-famille avait d'ailleurs interdit de prendre le nom de son mari) à survivre - puis à mourir. Tout ici n'est que cruauté indicible, la cruauté banale du quotidien qui use, par laquelle tout un groupe humain refuse d'intégrer une femme par ailleurs trop fière pour rétablir la vérité sur son passé.

Au milieu de cette tourmente qui ne s'avoue pas, entre un père maniaque de l'ordre et de la sécurité qui se replie sur lui-même, une mère qui, victime de l'injustice de l'ignorance, campe fermement sur ses positions et, çà et là, les visites à une parenté allemande dont les bizarreries contribuent à le déséquilibrer encore un peu plus, le petit Knud voit tout, entend tout, subit tout et surtout comprend tout alors que ce qui aurait dû être l'enfance d'un petit garçon comme les autres se dévide irrésistiblement jusqu'à ne plus représenter qu'un écho plein de tristesse et de mélancolie se perdant dans le lointain des souvenirs ...

A découvrir. ;o)
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Se promener de Nykøbing, en haut à l'ouest de Aalborg, jusqu'à l'île de Falster, en dessous de Copenhague ...
Apprendre ce que signifie arrenter.... Donner ou prendre rente ...
Découvrir que les corbeaux peuvent s'appeler freux ....
Être invitée en cuisine pour préparer la goulasch : faire revenir la viande et les oignons, mettre le paprika, écraser les tomates, ajouter l'ail, le gingembre, le genièvre et le cumin, verser le vin rouge et le fond de boeuf (reste de la précédente goulasch),...
Et le grand plongeon dans le texte,
Cochon d'allemand disait il,
Cochon de turc disaient les allemands,
Cochon de pakistanais disaient les anglais,
Cochon d'italien, cochon d'espagnol, cochon de boche, cochon de négros, cochon de bougnoule ont dit les francais... Et dire que j'allais oublié cochon de Viêt ...
Nous aussi on a fait la preuve d'une grande richesse de vocabulaire !
Chaque pays, chaque culture a, à des moments différents de son histoire, refusé d'intégrer ceux qui avaient des soucis, et pourtant pour beaucoup nous sommes allés les chercher pour utiliser leur main d'oeuvre, les exploiter, faire les sales boulots.
Le Danemark d'après guerre, comme nous, a eu des réactions épidermiques envers l'ennemi allemand.
L'ignorance, la facilité, l'exploitation de la bêtise humaine, ont laissé se développer des slogans imbéciles, réducteurs, malfaisants et malheureusement ce qui a été vécu à cette époque est en train de revenir d'actualité avec le développement du populisme dans toute l'Europe!
Nous nous en sommes sortis à toutes les étapes de notre histoire avec plus ou moins de dégâts, faut il en repasser par des millions de morts pour enfin éradiquer l'idée que les autres, la différence, ne sont pas un danger, mais plutôt un enrichissement culturel et nécessaire à la survie de nos sociétés.
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Dans la solitude des champs de betteraves
Quelle mémoire construit la peur ? Quel avenir annonce la souffrance ? "En Europe (...) les semailles spirituelles ne s'arrosent qu'avec du sang" dit pour ses adieux un résistant allemand condamné par les nazis. "Cochon d'allemand" ouvre l'âme et le coeur d'un enfant à l'enfance impossible. Sa mère allemande était aussi résistante ? Qu'importe : la guerre froide règne, la rancune est tenace et le racisme... ordinaire. Leur village danois fait de sa famille ses boucs émissaires. Comme deux pays voisins se disputant leurs frontières, la voix de l'enfant se mêle aux souvenirs des grands. le récit autobiographique et subjectif égraine et recolle des bouts d'enfer et des éclats de paradis. Une parenté unique fait une galerie pathétique. le quotidien devient inoubliable. Avec un humour-armure qui nous laisse pantois et une tendresse qui crie sa douleur. Jusqu'à la fin.
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L'auteur, danois né en 1960, retrace ici l'enfance qu'il a passée dans une petite ville du Danemark marquée par le souvenir de la guerre et la haine des Allemands.


Lui, fils d'un Danois et d'une Allemande, est traité de "cochon d'allemand" à l'école et subit brimades et humiliations. Sa mère, traitée de nazie alors qu'elle était résistante, est malmenée par les voisins et ne réussira jamais à être autre chose que "l'allemande". Autour de cet univers marquée par un père amoureux de sa femme mais désemparé, l'auteur nous fait découvrir une extraordinaire galerie de portraits de sa famille, et c'est ce qui fait, en plus d'une écriture vive et pleine d'humour, la réussite de ce livre. le grand-père paternel, craint par tous, tentera mille entreprises et échouera mille fois. La grand-mère maternelle se fera toute petite aux côtés de ce personnage. le grand-père maternel, beau-père en fait de la mère, mettra du temps à accepter cette belle-fille. Et la grand-mère maternelle, brûlée pendant une explosion, restera défigurée et passera le reste de sa vie derrière un voile. Et, autour de ce cercle, nous trouvons les oncles, tantes, tout aussi bien campés.


Bref ce petit roman (c'est une spécialité des Allusifs, les petits récits) est vraiment très réussi : les portraits pathétiques des membres de la famille, l'attitude de la mère qui garde son âme allemande, l'enfance terrible du narrateur qui se reproche de s'être laissé faire sans rien dire. La seule faiblesse du livre est, à mon avis, une certaine confusion entre les époques et les nombreux personnages car les paragraphes se succèdent et c'est au lecteur à chaque fois de resituer de qui on parle, dans quelle lignée et à quelle époque. Ce bémol mis à part, c'est une belle découverte !
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Knud Romer brosse un portrait de ses grands parents maternels et paternels et de quelques autres membres de sa famille. Son récit est à la fois simple, émouvant, révoltant et déchirant. On sent chez Romer un fort ressentiment envers tous ces gens cotoyés pendant sa jeunesse.
Encore un très bon livre publié par les éditions Les allusifs. Décidément, bonne pioche à chaque fois !
Lien : http://lyvres.over-blog.com/..
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Sortir des idées reçues et voir ce qu'on croit connaître sous un autre angle et avec du recul a quelque chose de soulageant et de rassurant sur le regard que nous portons sur les hommes et humanité.Ce livre est un bel exemple pour revisiter nos convictions.
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