Je n'écris jamais de chronique sur un livre qui m'a déplu. Autant dire que si je donne mon sentiment sur la trilogie ALEXANDRE d'
Annette Rossi, c'est parce que les deux premiers tomes lus m'ont enchanté au sens littéral du terme et même plus que cela.
De quoi s'agit-il ? D'une histoire qui commence par la conclusion d'un pacte improbable entre trois des successeurs éventuels d'Alexandre le Grand à Babylone en 323 av JC. Et deux de nos contemporains, un linguiste-archéologue et un égyptologue qui découvrent chacun de son côté dans des lieux très éloignés un symbole étrange et une formule au sens obscur. Ce sont deux hommes aussi différents que possible que ne rapproche d'abord que la quête dans laquelle ils vont se lancer. Ils vont unir leurs efforts et devenir petit à petit, au gré d'effroyables péripéties, des amis indéfectibles.
Je n'en dirai pas plus sur cette quête, sur les rebondissements multiples, sur les belles jeunes femmes qu'ils vont croiser ou les gardiens à longue dague qu'ils vont devoir affronter. Tout cela, vous le découvrirez comme moi avec jubilation.
Ce qu'il faut en revanche savoir, c'est qu'
Annette Rossi, avec une habileté diabolique nous fait voyager par des aller et retour constants de la période contemporaine au passé le plus lointain en nous faisant rencontrer les signataires du pacte et tous leurs successeurs, protecteurs d'un secret qui les fascine et les terrorise à la fois, au cours des siècles jusqu'à ceux des années 1970 dont les noms vous stupéfieront.
Cette histoire où la diplomatie secrète au niveau des chefs d'Etat joue un rôle essentiel se déroule sur près de vingt-cinq siècles. Elle est admirablement servie par les extraordinaires connaissances en histoire, géographie et archéologie de l'auteur. Somptueuses descriptions de monuments et de leurs secrets ou de paysages, hommes et femmes rencontrés, évocation des menus ou des routes que les deux héros doivent emprunter, tout est précis, détaillé et exact. Et pourtant, à aucun moment, le lecteur ou la lectrice n'aura le sentiment de lire un précis d'archéologie ou un guide touristique, ce qui serait assommant.
Pourquoi ? Pour deux raisons. On est vite saisi, passionné par la quête de Philippe et Didier et on a un besoin absolu de connaître tous les détails pour analyser en même temps qu'eux les faits et suivre les raisonnements qu'ils tiennent pour résoudre les énigmes qui s'offrent à eux. La seconde raison, c'est le style d'écriture d'
Annette Rossi : il est simple, d'une clarté absolue, riche de vocabulaire, mais en phrases courtes, pour rendre totalement limpide des choses parfois ardues.
Mêler aussi habilement une intrigue complexe, mais palpitante dans un cadre intellectuellement aussi relevé et enrichissant relève du grand art et
Annette Rossi a parfaitement réussi son pari.
Un mot sur l'auteur maintenant. Je ne connais pas
Annette Rossi. Je ne sais d'elle que ce que disent les quatrièmes de couverture de ses livres, ce qui est peu de chose, mais c'est bien ainsi. En revanche, je suis stupéfait et comblé de son érudition historique et archéologique. J'ai connu trente ans avant elle, certains des lieux qu'elle décrit avec une éblouissante élégance et il n'y a pas une virgule à changer à ce qu'elle indique, même si le temps et les hommes ont fait entretemps leur oeuvre, pas toujours pour le meilleur.
Annette Rossi a, à l'évidence, énormément voyagé et énormément retenu. Ce n'est pas en lisant Wikipédia ou en regardant Google Earth que l'on peut rendre aussi vivants hommes et lieux. Elle a choisi la formule du roman pour s'exprimer et cette trilogie, sur ce plan, est un incontestable succès. Eût-elle choisi le classique récit de voyage, je suis persuadé que ses textes la mettraient en bonne place entre des signatures pour lesquelles j'ai une admiration sans limite : des femmes brillantes, courageuses, aventurières comme le furent
Alexandra David-Néel,
Gertrude Bell ou
Ella Maillart. Mais de ce côté aussi, je suis sûr que les récits de voyage et les « Tapis Volants » qu'elle publie de grand coeur sur Facebook feront d'elle très vite une grande signature reconnue.
Je recommande comme une priorité absolue de lire la trilogie ALEXANDRE d'
Annette Rossi.
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