𝑬𝒏 𝒕𝒂𝒏𝒕 𝒒𝒖𝒆 𝒎𝒆̀𝒓𝒆, 𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒏’𝒂𝒗𝒂𝒊𝒕 𝒑𝒂𝒔 𝒔𝒖 𝒑𝒓𝒐𝒕𝒆́𝒈𝒆𝒓 𝒔𝒐𝒏 𝒆𝒏𝒇𝒂𝒏𝒕 𝒆𝒕 𝒅𝒆𝒗𝒂𝒊𝒕 𝒆𝒏 𝒑𝒂𝒚𝒆𝒓 𝒍𝒆 𝒑𝒓𝒊𝒙. 𝑶𝒏 𝒏𝒆 𝒏𝒂𝒊𝒔𝒔𝒂𝒊𝒕 𝒑𝒂𝒔 𝒎𝒐𝒏𝒔𝒕𝒓𝒆, 𝒐𝒏 𝒍𝒆 𝒅𝒆𝒗𝒆𝒏𝒂𝒊𝒕.
Que voulez-vous entendre ? Que je vends mon cul depuis plusieurs mois, alors que je suis mineure ? Vous pensez que je fais ça par réaction au divorce de mes parents ? Eh bien, désolée, mais non ! Je choisi où, quand, avec qui, et combien. Je n'ai pas de mac, je me fais un max de blé et tant pis si ça vous dérange. alors ouais, ce n'est pas facile tous les jours mais, tu sais quoi ? Les pigeons, ce sont mes clients, pas moi ! Je ne suis pas un victime, OK ! Et je ne dirai pas le contraire au tribunal. Ils peuvent penser ce qu'ils veulent. C'est mon business, mes fesses, et je gère ! Je peux m'offrir ce que je veux !
A son étage, l’heure de la « ronde d’écoute » venait de sonner. La surveillant avançait à pas feutrés, l’oreille collée à la porte de chaque geôle. Il guettait les appels à la prière, mais aussi les discussions au téléphone. Il consignerait tout dans un rapport mais, sauf urgence, il n’y avait pas d’intervention avant le lendemain. Seul le gradé de nuit avait les clés des cellules.
Romane raccrocha. Elle serra son portable contre sa poitrine, soulagée de savoir que son amie était rentrée chez elle hier soir. Sage décision ! Pourquoi n'arrivait-elle pas à être raisonnable , comme Lou ? Pourquoi jouait-elle sans cesse avec le feu ? Par besoin d'adrénaline ? De se différencier de sa mère ? Une revanche sur la vie après son année difficile au collège ? Romane n'avait pas la réponse. Sa seule certitude était sa soif de liberté. Être perçue comme une femme indépendante, forte, belle, désirable était devenue sa came. Boire, fumer, danser, s'amuser passaient avant ses contraintes de lycéenne.
Elle ne prêta pas plus attention aux arbres parés de feuilles aux tons orangés qui jalonnaient son trajet, ni aux odeurs de marrons chauds et de mais grillé qui embaumaient le trottoir de leurs arômes.
J’aimerais m’enfuir, partir loin d’ici, mais mon corps ne répond plus. Dans mon esprit, les images défilent. Tu avais la gorge tranchée, ton cœur ne battait plus, tu étais mort… Je t’ai traîné sur plusieurs mètres, j’ai vu ton visage disparaître à chaque pelletée de terre…
Emma avait hésité entre partir loin de cet environnement toxique ou rester pour découvrir la vérité. Elle avait une dette envers Marion, qui se retrouvait enfermée dans une cellule sordide à quelques kilomètres d'ici pour de mauvaises raisons. Elle voulait aider son compagnon à prendre conscience de la perfidie de sa petite princesse. C'est pour toutes ces raisons qu'elle n'avait pas encore claqué la porte de cette maison condamnée au malheur.
Marion posa les mains sur son ventre. Elle avait besoin de sentir le va-et-vient de sa respiration, une méthode de relaxation apprise lors d'un cours d'initiation au yoga. Elle inspira par le nez, gonflant son abdomen comme un ballon, puis expira lentement par la bouche pour vider l'air de ses poumons.
Le cimetière de Maisons-Alfort offrait un paysage urbain caractéristique des cimetières banlieusards, où l'alignement horizontal des tombeaux répondait à l'empilement vertical des immeubles environnants, dans un cadre plat et peu arboré.
Je ne sais pas si vous avez des enfants, mais pour eux, nous sommes capables de tous les sacrifices.