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4,3

sur 1338 notes
L'horreur en pire. Ou quand l'inceste ne suffit pas. Pour certains, c'est juste le quotidien !
Ce roman insupportable nous entraîne dans les égoûts de l'humanité.
Ça réveille beaucoup de choses. J'ai pensé notamment à mon camarade L., malheureux du début à la fin juste parce qu'il n'était pas né dans la bonne maison, et qui a suivi le même chemin de croix que La Teigne, de Renaud.
Mais ce livre décrit bien, aussi, ce que vivent et ressentent les forces de l'ordre et acteurs sociaux dans ce type d'affaires.

Contrairement à certains, loin d'être déstabilisé par le style, je l'ai trouvé approprié et fluide. On est là dans l'absence de tout repère. Duke n'a rien à quoi se raccrocher. le flot de saloperies lui tombe dessus sans trop de ponctuation non plus.

Et pourtant, Dimitri Bouchon-Borie arrive à nous faire sourire, parfois !

Voilà ce que m'inspire ce chef-d'oeuvre. Un sentiment de rage et de profond dégoût. Une pensée pour tous ces enfances saccagées. Voyage au bout de la nuit.
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Pour son premier roman, Dimitri Rouchon-Borie décide de frapper fort avec un récit court usant d'une narration autodiégétique dans un contexte extrêmement violent.

Journal d'un prisonnier couchant sa vie par écrit, non dans un but de rédemption mais dans une recherche de compréhension, ce livre est une plongée dans l'horreur d'autant plus frappante que l'on sait que de telles situations existent réellement. Autant prévenir tout de suite, ce livre n'est pas à mettre entre les mains de personnes sensibles puisqu'il y sera question de viols sur enfants, d'inceste, de drogue, de suicide et autres joyeusetés.

La narration m'a immédiatement embarquée : je suis particulièrement sensible aux récits dont la forme s'accorde avec le fond, proposant ainsi une immersion totale. On lit le journal d'un homme qui n'a jamais eu accès à l'éducation, et ça se sent : peu de vocabulaire, pas de ponctuation, des propos directs qui nous vont droit au coeur malgré leur maladresse. Un regret de mon point de vue : l'orthographe est correcte alors que le texte devrait être gavé de fautes dans un souci de cohérence. Je comprends très bien que c'est un choix réalisé dans un souci d'accessibilité vis-à-vis du lectorat, et ce choix est compréhensible au vu des nombreuses réactions de lecteurs à propos de « Des fleurs pour Algernon » de Daniel Keyes : « Ouin ouin il y a des fautes c'est compliqué à lire c'est nul j'arrête ». Les gars, dans « Des fleurs pour Algernon » c'est uniquement dans les 10/15 premières pages qu'il y a des fautes avant que ça ne s'améliore, c'est parfaitement justifié, et c'est le retour de ces fautes à la fin de livre qui nous fait pleurer toutes les larmes de notre corps. Bref, je digresse, tout ça pour dire que même si je déplore à titre personnel l'absence de fautes d'orthographe dans « Le démon de la colline aux loups », c'est évidemment un choix éditorial judicieux.

La construction est découpée en 2 parties : l'enfance du protagoniste et sa vie d'adulte. La première partie est terrible, magnifique et monstrueuse à la fois, personne ne peut y rester indifférent. Dans la seconde partie, nous allons comprendre ce qui a mené notre homme en prison et je craignais une morale à base de victimisation liée à ce que le protagoniste a subi dans son enfance. Ce n'est pas le cas, ou en tout cas je ne l'ai pas ressenti comme tel, la démarche est celle d'une recherche de compréhension et pas de justification.

En conclusion, un récit très dur, clairement pas fait pour tout le monde, mais auquel ça fait du bien de se percuter pour se rappeler que même s'il s'agit ici d'une fiction : oui, ces horreurs existent. En me renseignant j'apprends d'ailleurs que l'auteur est journaliste spécialisé en chronique judiciaire ; je ne sais pas s'il s'est de près ou de loin inspiré d'un fait réel pour écrire son livre, mais le simple fait de se poser la question est problématique…

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Quelle claque... J'ai failli abandonné tellement le propos était sombre et dure, mais je suis resté.

Le style d'écriture est une force supplémentaire pour appuyer le propos, c'est un livre très étonnant, de mon panel de lecture il est même unique. C'est une histoire d'une certaine sensibilité, on y trouve même une poésie mélancolique cacher derrière une violence indescriptible et qui prend beaucoup de place.

Le démon de la colline aux loups est une lecture éprouvante mais aussi une oeuvre importante.
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Amateurs et amatrices de romans - très - noirs, ce premier livre de Dimitri Rouchon-Borie est fait pour vous ! Je vous promets une plongée abyssale dans les tréfonds de l'âme humaine dont vous ne sortirez pas indemnes !

Le roman prend la forme d'une ultime confession : Duke, reclus dans sa cellule de prison, écrit peu de temps avant sa mort pour tenter d'expier son passé de victime devenue bourreau et de déjouer enfin la malédiction familiale qui semble s'être abattue sur ses membres. Au seuil de sa vie, il raconte dans un « parlement » bien à lui son enfer terrestre, « une prison bien pire que tout imaginez-vous sous l'eau depuis le jour de votre naissance à retenir votre respiration en attendant une bouffée d'air qui ne vient pas ma vie c'est ça ».

Dès les premières pages, alors que Duke tente de remonter à l'origine du Mal, il parvient à nous mettre mal à l'aise : les réminiscences de l'enfance constituées de sensations animales et d'images sordides - la couverture jonchée au sol, le coin de la pièce où l'on se soulage, la porte, les ombres qui crient - posent d'emblée le cadre de cette histoire atroce. Dans la maison de la colline aux loups, il n'y a pas de place pour le merveilleux : les terreurs enfantines sont le quotidien de ces enfants maltraités, humiliés, déshumanisés ; dans la maison de la colline aux loups, Duke va pour la première fois faire la connaissance du « Démon ».

Pourquoi lire un roman si noir ?
D'abord, parce qu'en lisant ces pages, nous plongeons dans les abysses de la noirceur humaine, cette part du moi obscure et refoulée pour tenter d'en percer les mystères. Les analyses rétrospectives des événements qui ont conduit Duke en prison permettent d'explorer les contours de ce « Démon » qui n'admet aucun interdit social et aime se déchaîner pour assouvir sa soif de vengeance : si, à plusieurs reprises, le héros s'avoue impuissant à le dompter, on sent aussi paradoxalement qu'il aime parfois le laisser s'exprimer, comme pour se dédouaner de ses actes barbares. Parviendra-t-il à apprivoiser le « Démon » ? Saura-t-il faire taire cette folie vengeresse qui le submerge et le métamorphose en « associé du diable » ?

Ensuite, parce que, malgré les apparences, le narrateur est un personnage bouleversant d'humanité : bien sûr, la prise de conscience précoce que ses parents, incarnations d'une humanité déchue, « avaient prévu des plans en rapport avec le mal » lui est insupportable ; il parvient pourtant à entrevoir une beauté naturelle originelle qui l'émeut profondément : « J'ai pleuré car je me disais que la vérité était là dans ces oiseaux et que moi j'étais avec des hommes qui se débattaient dans leur vie et qui ne feraient jamais cette perfection-là et j'ai hurlé à l'intérieur en demandant au Démon qu'il fasse de moi un oiseau. » Les liens noués durant l'enfance, les rencontres éclectiques et fondatrices suffiront-ils à le réconcilier avec le monde des humains ?

Enfin, parce que Dimitri Rouchon-Borie parvient avec justesse à créer une écriture singulière qui émerge comme un cri expiatoire, authentique, violent, et même parfois teinté d'humour noir, seul capable de retranscrire le cheminement existentiel et mémoriel du personnage. Alors que le déferlement de vengeance et de cruauté rend la lecture de certaines pages insoutenable, les rencontres de Duke avec Dante et surtout Saint-Augustin, permises par le prêtre de la prison, donnent lieu à des passages éblouissants de mysticisme : on ne peut qu'espérer que cette plongée éprouvante mais nécessaire dans le « Purgatoire » lui offre la rédemption personnelle attendue.
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Je suis bien triste de n'avoir pas de critique positive à rajouter sur ce livre que tout le monde semble avoir aimé. L'expérience de lecture a très bien démarré, le style est dur, sec, implacable, à la fois fluide, vivant et brutal. et puis très vite j'ai tiqué sur certaines maladresses de style, l'usage d'un mot trop soutenu ou décalé chez cet enfant puis détenu mal dégrossi. Ou encore : une complaisance à décrire odieusement toutes les maltraitances, les abus, à les cumuler, les additionner. Entendons-nous bien : je sais que toutes ces choses existent, que souvent elles se cumulent et s'appellent. Néanmoins, le propre de l'enfance est de réussir à gratter la poésie dans l'ordure, et ici je n'ai trouvé que fange et barbotage. En réalité j'ai très clairement senti l'auteur agiter les ficelles de la narration - pour nous faire réagir à tel ou tel endroit. Je dirais donc que ce récit comporte quelques pépites, que le style de l'auteur est très prometteur ; je lui souhaite d'autres livres, peut-être plus nuancés.
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Ce livre est d'une intensité sidérante! D'une empathie magistrale, j'ai pleuré, chaudement.

Son personnage nous plonge dans ce que peuvent laisser comme traces les traumatismes les plus sauvages. Et nous fait vivre l'émergence d'une humanité au sein d'un milieu qui en est dépourvu.

L'expression d'une pulsion de vie et d'amour qui existerait en chacun de nous!
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Le démon de la colline aux loups de Dimitri Rouchon-Borie fait partie de mes lectures recommandées par ma communauté cette année. Je ne connaissais pas du tout cet auteur mais ce livre avait l'air fascinant de noirceur et allait permettre de me sortir de mes lectures SFFF habituelle. Qu'en ai-je pensé ?

Le roman donne la parole à un homme qui semble dans les couloirs de la mort. Duke est emprisonné. Pour exorciser son démon intérieur, il couche sur le papier sa vie. Une existence qui a commencé à la colline aux loups, dans une famille négligente, souvent violente. Il vit dans une pièce avec ses frères et soeurs, n'a pas accès à une salle de bain... Mais le point de bascule a lieu lors du viol qu'il subi par son père, une scène âpre, assez terrible à lire. Entre inceste et négligence, Duke n'a pas les codes et s'intègre mal avec les autres, même si l'école tente de le protéger. Il devient rapidement un personnage attachant, déchirant dans sa construction.

Mais face à l'horreur, Duke connaît des moments de lumière. C'est notamment le cas à travers sa relation avec sa soeur, une autre jeune femme plus tard ou bien sa famille d'accueil. Autant de personnes qui lui permettent de gérer sa projection violente qu'il appelle le démon. A plusieurs reprises, Duke a des moments de dissociations durant lesquels il se montre particulièrement brutal. Il trouve également une forme de rédemption dans l'écriture. le roman est écrit sous forme de confessions de la part du personnage principal, qui couche sur le papier les événements qui l'ont mené à l'emprisonnement, de son enfance au début de sa vie d'adulte.

Le gros point fort de la lecture est l'écriture. le style est travaillé sous la forme d'un journal. Duke revient sur son enfance horrible à la colline aux loups pour retracer le parcours d'un garçon condamné dès la naissance. Ainsi, la plume prend le style d'un jeune homme qui a été éduqué sur le tard et qui tente de poser des mots sur sa douleur et ses sentiments. La démarche est très cathartique. J'ai été vite hypnotisée par ce style surprenant dans un premier temps, mais vite immersif. Ce choix permet de créer une vraie proximité avec Duke, qui trouve sans cesse des comparaisons et des figures rhétoriques inhabituelles pour exprimer ce qu'il ressent, avec pudeur mais sans concession.

Dans le récit, il apparaît à plusieurs reprises un lien avec la religion qui semble apporter un peu de paix à Duke. C'est une occurrence pertinente, lui qui est aux prises avec son démon. La question qui finit par se poser est celle de la banalité du mal, mais aussi la question de son hérédité. Pour le jeune Duke, le fait qu'il ait grandi à la colline de loup a fait de lui un être condamné à une forme de violence incontrôlable que rien ne pouvait totalement empêché sa chute. Ni les services sociaux, ni la justice, ni sa famille d'accueil n'ont pu le guider vers le chemin de la rédemption, qu'il ne trouvera qu'à l'approche de sa mort.

Roman noir, le démon de la colline aux loups nous plonge dans la psyché d'un jeune homme à l'enfance détruite par la violence. Si le roman est à déconseillé aux âmes sensibles, il est brillant dans sa description de Duke, dont l'enfance le condamne dans une spirale de violence malgré des moments de vive luminosité à travers quelques rencontres. L'auteur a choisi la forme d'un journal, de confessions, pour se prêter à un exercice de forme qui porte à merveille le propos du roman mais aussi le caractère du personnage, le rendant particulièrement attachant malgré ses éclats de violence.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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Paru en 2021 aux éditions le Tripode, ce premier roman de Dimitri Rouchon-Borie frappe fort et me fut conseillé par une copine.
Présenté comme une sorte de journal intime rétrospectif, Duke le rédige en prison et il tente avec son "parlement" simple de raconter sa vie. le style au début est un peu déroutant, avec très peu de ponctuation, un langage enfantin mais cela ne fait qu'appuyer la force du récit.
On finit par s'y faire et on est presque attendri par ces paroles teintées d'innocence. Peu à peu, on découvre l'horreur de son enfance qui va crescendo. Lors des premiers sévices, il se sent pénétré par le Démon. On plonge de plus en plus dans l'abominable. L'auteur réussit savamment à mélanger la vie passée et carcérale présente et à stopper l'épouvante quand on arrive à la limite de la nausée. Pour reprendre tout en évolution avec cet espoir grandissant plein de naïveté de la rédemption.
On revient toujours à la noirceur profonde malgré une poétique de l'enfance tâtonnante pleine de fragilité candide. Il tente de s'accrocher à la bouée de sauvetage des souvenirs de la seule douceur et chaleur qu'il a pu connaître au contact de ses frères et soeurs, puis de Billy, mais il est sans arrêt hanté par ce sentiment d'échec de n'avoir pu les sauver. Bien que cette lutte entre le Bien et le Mal semble infinie, on a l'impression vers la fin du récit de revenir à une sorte d'équilibre.
Aura-t-il en fin de compte réussi à détruire le germe épanoui du Démon?
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On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille
On choisit pas non plus les trottoirs de Manille
De Paris ou d'Alger pour apprendre à marcher
Être né quelque part, pour celui qui est né
C'est toujours un hasard (Maxime Leforestier)

Naître sur le colline aux Loups
c'est se donner au Démon
c'est vivre l'indicible
C'est survivre dans le nid

LE NID
Ils sont lovés les uns aux autres.
Pas de prénoms
Ils se reconnaissent en se respirant, en grognant.
Si la nourriture parvient jusqu'à eux, on laisse les plus jeunes manger les premiers …

Pas de tendresse parentale
Mais des coups
La violence la plus brute

Le filet de lumière qui se détache de la porte éveille la curiosité.

HORS DU NID
Le choix d'un.
Projeter parmi nous
La pitié des adultes
Le rejet des enfants
Il découvre son prénom : Duke

LA COLLINE AUX LOUPS
Punir autrement Duke
La violence extrême : les viols du père

…et c'est là que le Démon attrape Duke.
Mais il sauve Le Nid.
« Ce qui est étrange avec la fin de mon enfance et la disparition du nid c'est que ça m'a beaucoup intéressé de faire le parallèle parce que c'était l'horreur mais au fond c'était notre paradis et rien n'a été mieux que cela. »

L'IMPOSSIBLE RECONSTRUCTION
Malgré l'insoutenable et l'ultime violence en lui, Duke a du bon en lui. Mais, l'enfance vécue l'a détruit irrémédiablement. Il cherche en Dieu une réponse au Démon. Il voudrait sauver son âme.
Et nous, on l'accompagne dans ses confessions: on ne peut lâcher sa main.

C'est un roman fort, qui malmène, bouscule.
J'ai aimé ce récit écrit par Duke avec son «  parlement ».
C'est brutal et sans concessions.
Duke n'a pas reçu d'éducation, de culture. Mais il a compris l'âme humaine. Il a côtoyé les plus sombres, mais aussi des lumineuses.
« J'ai dit les hommes sont des choses vides et des fois leur vie se remplit de bien et des fois de mal et des fois c'est partagé et ça fait une lutte. »
Quoiqu'on puisse penser de lui, il a l'intelligence du coeur.

J'ai été emportée par le roman de Dimitri Rouchon-Borie. Quelle prouesse littéraire !
Et vous, vous êtes-vous remis de cette lecture poignante ? Je pense que Duke va longtemps me hanter. Dans les dernières pages, il m'a fait penser à Bohem. (Nous rêvions juste de liberté, Henri Loevenbruck.)
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Chaque page est bouleversante, j'ai beaucoup trop pleuré mais c'était vraiment INCROYABLE !
Faut le lire, vous serez déprimé après mais ça donne une vision vraiment différente du monde ainsi que des motivations de certains criminels, mais aussi une nouvelle vision sur les « dépravés » de la société qui ne sont que des âmes esseulées.
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