Horace Vernet n’employait pas son crayon à la seule expression de ses sentiments politiques ; il l’utilisait, mais avec moins de bonheur, à illustrer l’oeuvre des poètes, car ce peintre généralement rivé à la prose raffolait de poésie, et la poésie la plus vague et la plus romantique : celle du Tasse, de lord Byron, de Walter Scott, était celle qu’il aimait le mieux.
Horace Vernet était venu au monde le 20 juin 1789, au Louvre, dans le logement que son aïeul Joseph Vernet, le célèbre peintre de marines,
occupait sous la grande galerie, au n° 15; c’était le même qu’avait autrefois habité le fameux ébéniste Boulle. Joseph Vernet n’étant mort que le 3 décembre de la même année, Horace disait souvent et pouvait dire en quelque manière qu’il avait connu l’auteur des Ports de France. Avec une telle ascendance, Horace était né artiste, ou, pour mieux dire, il était artiste né; le goût du dessin lui serait certainement venu, dans une famille comme la sienne, s’il ne l’avait apporté en naissant.
Mais Vernet ne travaillait pas pour Louis XIV, mais pour un monarque auquel suffisaient une gloire sans pompe et une peinture sans style. Il est juste d’ajouter que la représentation du siège et de la prise de Constantine n’exigeait rien de plus qu’une vérité patriotiquement sentie, simplement rendue. Il était d’ailleurs difficile à l’artiste, sans tomber dans le ridicule de l’emphase, de transfigurer des héros que chacun pouvait voir déambuler sur le boulevard entre deux batailles.