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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Au début du 17ème siècle la famille de Spinoza a quitté le Portugal pour La Hollande afin de pouvoir pratiquer sa religion dans un pays où vit déjà une importante communauté juive. Bento Spinoza est né en 1632 à Amsterdam. Il sera chassé de sa communauté en 1656 pour des raisons plus économiques qu'idéologiques. Il développe en effet assez librement ses idées, bénéficiant du climat de liberté qui règne entre 1650 et 1670 dans les Provinces Unies.

La vie intellectuelle y est très riche, les idées de Descartes sont débattues, la place de la religion dans la connaissance humaine, des découvertes bouleversent les sciences et les mathématiques. Spinoza va s'éloigner de la religion, considérant que Dieu est la Nature et la cause de toute chose, que les choses de la nature sont nécessaires, que seule la raison permet de saisir la vérité et qu'elle peut s'exercer sur tout. Entouré d'amis malgré une vie frugale, il va rédiger son célèbre texte, l'Éthique, à partir d'un raisonnement mathématique et défendre la liberté de philosopher dans son Traité théologico-politique. Bien d'autres figures intellectuelles en relation avec lui sont évoquées, van den Enden, Oldenburg, Leibniz...

L'intérêt du roman de Maxime Rovere, c'est de nous peindre cette époque où nait la notion de liberté, où le développement du commerce, des sciences, de la philosophie affranchissent l'homme du discours religieux dogmatique, où les aspirations politiques commencent à vouloir s'éloigner des monarchies absolues, contexte historique de la naissance d'une oeuvre fondatrice de la modernité. Loin des clichés et des pensées figées, il nous offre un tableau vivant de cette époque autour de la figure d'un philosophe attachant car resté fidèle à lui-même, modeste bien que génial, humble dans sa contribution à l'histoire de la pensée. Un roman qui puise directement aux sources de l'histoire et de la philosophie, donc d'une lecture parfois un peu ardue mais passionnante.
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Essai philosophique qui se présente « non comme une fiction d'après une histoire vraie (ce qu'il est en première approximation), mais comme une recherche pour approcher par tous les moyens littéraires la “vérité“ d'un univers disparu. »
Dans l'Espagne puis le Portugal d'après la Reconquista, les Juifs, “convertis“ ou “marranes“, toujours persécutés, ne se sentent pas à l'aise et beaucoup émigrent. À la toute fin du XVIe siècle la famille de Spinoza part en France, à Nantes, puis, après y avoir commercé une vingtaine d'années, rejoint Amsterdam où est déjà installée une importante communauté juive. Laquelle est l'objet de querelles en partie animées par un certain Uriel da Costa qui se rebelle contre des fidélités au Livre et aux traditions qu'il juge dogmatiques et fallacieuses. le Rabbi Menasseh, qualifié de philochrétien, prendra une certaine relève dans la contestation, tandis que le Rabbi en chef Morteira se chargera de la continuité des traditions et réorganisera la Synagogue d'Amsterdam en créant le Mahamad, sorte de Conseil supérieur centralisant la Justice et les sanctions dans la communauté.
Bento Spinoza naît en 1632. Éduqué dans une institution hébraïque, une Yeshiva, il manifeste assez tôt une nette indépendance d'esprit. Celle-ci sera nourrie plus tard par des amitiés avec des personnalités comme Pieter Balling, Isaac et Simon de Vries, Jarig Jellesz, etc. Il fera la connaissance de Franciscus van den Enden, professeur de latin qui anime une école et se révèlera bien plus tard un ardent révolutionnaire décidé à fonder une république en Bretagne. Il se liera également avec Sténon, un éminent anatomiste qui reniera sa foi protestante pour devenir un ardent pèlerin catholique, ainsi qu'avec Adriaen Koerbagh, encyclopédiste et l'anglais Oldenburg avec qui il entretiendra une correspondance passionnée, enfin avec l'allemand Leibnitz.
Le XVIIe siècle découvre ou approfondit les sciences, fondamentales ou appliquées, les mathématiques, la géométrie, l'astronomie, les lois de la pesanteur, l'optique, etc. Tout cela, qui exige rigueur et méthode, devient vite incontournable, faisant de la Raison le credo de l'époque. Descartes acquiert le statut de référence absolue. Bien d'autres penseurs foisonnent en Europe.
Armés de la Raison cartésienne, Spinoza et ses amis en font le soutien de la Foi et de la Sagesse, plaçant Dieu dans leur Panthéon, mais un Dieu dont ils redéfinissent les contours. Accusé d'athéisme, Spinoza s'en défendra vigoureusement. Seulement son Dieu à lui n'est pas de chair, à l'image de l'homme, et omnipotent, mais assimilé en fait à la Nature, au monde, intégré à soi. C'est le principe absolu de l'existence.
L'ambition de l'auteur, Maxime Rovere, spécialiste de Spinoza, était de mêler des faits réels, établis, des citations - matière pour les historiens -, avec des extensions fictives, romanesques, de manière à montrer « comment la pensée trouve son chemin dans le concret d'une vie ». le résultat est animé, mouvementé même et tourne non seulement autour de Spinoza, mais aussi de ses proches, de son milieu intellectuel, de la communauté juive (qui l'a excommunié), des mouvements politiques et militaires de l'époque. Les passages “romancés“ alternent avec des considérations philosophiques continues, relevées par l'auteur dans des écrits ou des archives, ou élaborées par Rovere lui-même, comme une série de pensums, de concepts, de synthèses. Mon sentiment au terme de cette lecture est tout de même et avant tout, d'avoir lu un manuel de philosophie… masqué, et pourtant de n'avoir pas vraiment été imprégné par le spinosisme, pensée complexe appréhendée sommairement ou par bribes, et qu'il me reste à approfondir.
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Voilà un roman qui se démarque des autres et à plusieurs titres.

L'auteur y fait preuve d'une érudition encyclopédique étonnante. Il semble avoir tout lu sur le sujet qui l'intéresse, d'où l'abondance de titres et de dates, avec indication de la langue dans laquelle les oeuvres ont été rédigées. Il pousse sa fidélité si loin qu'il signale par des guillemets les citations et extraits de ces ouvrages, qu'il s'agisse d'un ou deux mots ou de phrases plus longues avec respect des tournures employées alors. Il en profite pour mettre à mal les clichés qui encombrent les biographies sur Spinoza, prouvant qu'ils ne reposent sur rien.

Dès lors le roman est un roman sans être un roman. Les nombreuses interventions de l'auteur dans ses pages, ses fréquentes adresses au lecteur se démarquent de la production habituelle. de même, le choix d'y inclure poèmes, chansons, pièces de théâtre, décisions judiciaires en fait un patchwork qui reflète la vie de toute une époque. Roman ambitieux donc, où figures populaires côtoient les grands noms de l'Histoire tels que Guillaume d'Orange, Louis XIV et des intellectuels tels que Descartes, Spinoza, Hobbes, Leibnitz et tant d'autres. le roman comme résurrection du passé.

Dernière originalité : l'auteur ne craint pas la difficulté et fait oeuvre de vulgarisation. Il résume en effet les différents textes qui jalonnent la vie de Spinoza et nous en donne un aperçu clair et succinct. de la sorte il met en relief tant les clivages religieux et philosophiques des Pays-Bas à leur âge d'or que l'effort de certains pour penser par eux-mêmes et se libérer du carcan des confessions religieuses (catholicisme, calvinisme, judaïsme), toutes conservatrices et répressives. C'est donc un éloge indirect de la philosophie et de la raison auquel il nous convie.

Est-ce pour autant un chef-d'oeuvre ? Non. Pour plusieurs raisons. D'abord, l'auteur a beau enseigner la philosophie, il ne maîtrise pas la langue française comme on le voudrait. Il confond ainsi refouler avec refluer, est fâché à plus d'une reprise avec l'accord du participe passé. L'unité de ton n'est pas son fort, lui qui mêle style noble et relevé avec mots crus et orduriers, ce qui a de quoi choquer esthétiquement. Enfin le drame vécu par Spinoza dans sa lutte contre l'obscurantisme n'est pas rendu de façon assez intense et saisissante.
Un très bon livre quand même, au-dessus de la médiocrité habituelle.


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Un livre érudit, abondance d'anecdotes sur la vie de Spinoza et de son entourage, une approche sérieuse mais très touffue des idées du philosophe. Intéressant mais pas totalement digeste.
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Le début du bouquin m'a laissé perplexe: mais où est donc notre héros? Quel est l'intérêt de suivre l'histoire de la diaspora juive portugaise? Et puis, tout se met en place: les amitiés, le fond politique, l'air du temps -- l'Europe du XVIIème, la république des lettres. Spinoza prend sa place dans cette bande de dingues géniaux, où l'on rencontre un anatomiste géologue évêque (Sténon, reconnu par Jean-Paul II comme bienheureux), un professeur de latin prêt à commettre un coup d'état en France (van den Enden), et toute une cohorte de beaucoup moins connus avec lesquels Spinoza a discuté des nuits entières, lui ont permis de disputer ses concepts, sa philosophie.
Pour le lecteur de Spinoza, ce livre contextualise sa pensée, donne corps à des interlocuteurs qui à travers sa correspondance ne semblaient être que des ombres, des inconnus.
Ce n'est évidemment pas par ce livre que je conseille la découverte de Spinoza -- une solide connaissance de l'Ethique est nécessaire pour comprendre l'émergence de ses idées -- mais il est nécessaire pour donner corps à celui qui est resté si longtemps comme un cliché de polisseur solitaire de lentilles.
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le monde dans lequel s est epanoui Spinoza, voila un sujet qui m interessait. le clan Spinoza est une lecture est conseillee dans le livre Curiosités philosophiques : de Platon à Russell de
Thibaut Giraud que j ai bien apprecie.
Concernant le Clan, j ai trouve ca globalement inegal, parfois tres interessant, parfois ennuyeux. J ai bien aime revivre l ambiance fievreuse de la Hollande, j ai moins aime certains passages qui relevaient plus du cancan.
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