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Citations sur Il est où, le bonheur (23)

A condition que ces initiatives , louables, ne colportent pas une illusion : que les petites gouttes du colibri éteindraient l’incendie. Que face à l’agriculture productiviste, par exemple, nous n’aurions qu’à récupérer 3 hectares en bio ici, 5 hectares la, sans exiger des lois, des lois sur les produits phytosanitaires, des lois sur l’irrigation, des lois sur l’élevage des porcs, des lois sur l’usage des hormones, des lois qui garantissent des prix planchers, aussi, aux paysans. Des lois faites par un gouvernement à nous, porté par nous, avec des ministres qui s’appuieront sur nous, sur nous pour intimider, sur nous pour construire.
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Avec ce baratin du « boycott », du « chacun fait sa part », des « bonnes volontés individuelles », se forme, on le voit, une alliance objective : les cœurs les plus purs professent des poncifs. Mais aussitôt relayés par les plus cyniques. Les PDG et les financiers, les présidents et les gouvernements approuvent, applaudissent, s’en gargarisent : plutôt que de légiférer, eux s’en vont en chœur «  responsabiliser le consommateur « ... Quoi de plus inoffensif ? Quoi de moins dangereux ? »
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Mais en même temps qu'ils s'en saisissent, en même temps ils vide l'écologie de sa dissidence, la rendent inoffensive, remplissant ce signifiant d'insignifiance. [...] Et en même temps, je préviens, je prédis, je devine : il en feront une camisole de plus pour l'ordre.
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Que cesse la bataille des nains pour qu'on puisse bousculer les géants.
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Parce qu'il n'y a pas de sociétés sans conflits : conflits d'intérêts, conflits de classes, conflits de genres, conflits de générations. On peut les taire, ces conflits, on peut les dénier, les étouffer. La démocratie, au contraire, c'est autoriser le conflit, l'organiser, le ritualiser, le verbaliser. Et non feindre le "consensus", prétendre à une fausse harmonie.
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Il faut comprendre cette règle, qui vaut pour l'époque comme pour aujourd'hui, pour le social comme pour l'écologie : avec une concurrence libre et totalement faussée, la vertu n'est pas récompensée mais pénalisée. Quand le vice, lui, permet d'être "compétitif", de "remporter des marchés". Il ne s'agit plus d'hommes bons ou mauvais, alors, mais d'un système, un système qui dépasse, qui encourage les actes nocifs.
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Avec une concurrence libre et totalement faussée, la vertu n'est pas récompensée, mais pénalisée. Quand le vice, lui, permet d'être "compétitif", de "remporter des marchés". Il ne s'agit plus d'hommes bons ou mauvais, alors, mais d'un système, un système qui les dépasse, qui encourage les actes nocifs.
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Les rapports du GIEC, les 1,5°C, 2°C, 3°C, les 37 milliards de tonnes de CO² émises, les 60% d'animaux sauvages disparus, etc. Et voilà qui, malgré votre jeunesse, assoit un propos, assure un sérieux.
Soit.
Mais vous n'êtes pas les comptables d'un monde qui meurt. Vous êtes les prophètes d'un monde qui vient.
Ne laissez pas aux "moyens" et aux "techniciens". N'abandonnez pas la "fin", le sens, le bonheur. Délivrez l'espérance en vous pour délivrer l'espérance alentour, à tous ces hommes, à toutes ces femmes, en rouge, en jaune, en vert, qui crèvent de ne plus espérer
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[ Travail des enfants ]
C’est en 1838 que Victor Hugo rédige sa complainte. Mais le poète ne prêche pas seul dans le désert : dans ces années-là, au sein de l’Église, chez les élus, le scandale des enfants ouvriers éclate. Grâce au docteur Villermé, notamment, qui, durant deux années, parcourt la France industrielle pour son Tableau de l’état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie. Ce médecin militaire, dur à cuire, le proclame devant les Académies, devant la Chambre des pairs, devant les députés : « La condition de ces enfants doit nous émouvoir, car ils ne méritent pas leur malheur. » Et il les émeut, de fait, tous ces parlementaires. Au lendemain d’une séance à l’Assemblée, il constate avec joie : « Tous les orateurs ont reconnu le mal dont j’ai parlé en émettant le vœu de voir se réaliser les améliorations que je demande. » La cause fait la quasi-unanimité, comme la planète aujourd’hui, tous émus, pour de bon. Ce brave Villermé y a cru, alors, à ces discours.
Comment expliquer, malgré ce consensus, que ce musée des horreurs enfantines perdure encore un demi-siècle, jusqu’à la fin du XIXe ? Qu’après une première loi, en 1841, il en ait fallu une seconde, en 1874, sans plus d’effets ? Quel mystère se cache derrière cette inertie ?
Guère de « mystère », en vérité : devant le problème, on est tous d’accord. Devant la solution, il n’y a plus personne. Car la morale et les intérêts, voilà qui fait deux. Et, au Parlement, on les voit ressortir à nu, ces intérêts. Interdire le travail des enfants, personne n’y songe. Même réduire leur durée de travail à l’usine, ce serait « sacrifier l’industrie » : « Il s’ensuivra qu’il faudra dans les manufactures un plus grand nombre d’enfants, raisonne le pair Humblot-Conté. La conséquence du non-travail des enfants le dimanche sera de faire fermer la fabrique ce jour-là. » Mieux : c’est pour son bien, au fond, qu’on attelle tout le jour l’enfant à sa machine. Sinon, « cette diminution de salaire se fera surtout sentir sur sa nourriture, estime le député Taillandier. Il sera trop souvent réduit à ne s’alimenter que d’un pain grossier, tandis qu’avec un travail plus élevé il pourrait y ajouter des légumes et même un peu de viande ».
Qu’on laisse les patrons s’autoréglementer. Sans quoi, s’exclame le sieur Gay-Lussac, « malheur au pays si jamais le gouvernement venait à s’immiscer dans les affaires de l’industrie ! » À Saint-Étienne, on se fait les champions de l’éthique : « Dans une question d’éducation, il convient de ne pas oublier que le travail aussi est moralisateur ! » Et il convient, pour nous, de ne pas oublier ça : qu’elles sont prêtes à tout, les firmes d’alors, avec leurs PDG, ces ancêtres du Medef, pour justifier le pire. Même à invoquer la « morale », oui, la morale ! Quand le petit Auguste Desplanques, « rattacheur chez Choquet, ayant voulu lacer son soulier, a les cheveux pris dans l’engrenage d’un métier. Il est littéralement scalpé », c’est affaire de morale. Quand Léon Verbrugt, 13 ans, épousseteur de lin, « à sept heures du soir, épuisé, s’est réfugié entre deux machines. On l’appelle, il se relève, mais la manche de son gilet est prise par un engrenage : tout l’avant-bras est déchiré », c’est affaire de morale. Quand Henriette Dautricourt, 14 ans, nettoie, sur ordre, une machine en marche, elle a « le bras entièrement dépouillé de sa chair ; on doit l’amputer », et la voilà manchote à l’aube de sa vie : c’est affaire de morale… Et chaque fois, bien sûr, la faute incombe au jeune ouvrier.
Pour leur dieu Profit, ils l’ont fait, sans rougir, durant un siècle. Et un siècle plus tard, les mêmes, leurs descendants, hauts-de-forme et redingotes en moins, les Adidas, les Lee Cooper, les Nike, les Zara, ont exporté ce scandale loin de nos yeux, loin de nos lois, en Inde, en Indonésie, en Asie, « les anges dans un enfer ». Les mêmes, les mêmes qui, durant des siècles et des siècles, ont vendu leurs semblables, les ont écrasés, asservis, enchaînés à fond de cale.
Toujours, auprès du roi ou du pape, dans les salons dorés, dans les parlements, se sont trouvés les sieurs Gay-Lussac, les députés Tallandier, les pairs Humblot-Conté du jour, pour justifier ces crimes, pour endormir les consciences, pour couvrir la soif d’or, la pure et simple soif d’or, avec de la « morale » et de l’« âme ». Je les ai entendues tout à l’heure, encore, salle Victor Hugo justement, ces voix. « Ah, l’environnement, c’est important », nous ont-ils assuré, avant de nous dorloter avec la « prise de conscience en cours », la « pédagogie à mettre en œuvre », les « petits gestes, même s’ils ne suffisent plus ».
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[ Des patrons, y en a des bons ]
« Mais pourquoi ne pas faire confiance aux entrepreneurs ? Des patrons, y en a des bons, non ? »
Oui.
Sans hésiter, oui. Et je n’ajouterais même pas, comme Jean Gabin dans Le Président : « Il existe aussi des poissons-volants, mais ils ne constituent pas la majorité du genre ! »
J’ai raconté la loi Villermé de 1841. Dans mon coin, la Somme, M. Lecomte, directeur de la fabrique d’Ourscamp, a joué le jeu. Il a reçu l’inspecteur du travail, alors « inspecteur pour l’honneur », bénévole, et le docteur Frary a convaincu le patron : dans son usine, lui va bannir le travail des enfants. Mais, deux ans plus tard, c’est une lettre que l’industriel adresse à l’inspecteur : « Depuis que je suis convenu avec vous, monsieur, de mettre à exécution la loi sur le travail des enfants, cette loi a été scrupuleusement observée dans nos ateliers. Aujourd’hui, je regrette véritablement d’avoir poussé à l’exécution de cette mesure. Tous nos concurrents de Rouen, de Saint-Quentin et compagnie vendent au-dessous de nos cours, et ils peuvent le faire parce qu’ils travaillent à grandes journées et sans aucun frais, nouveau résultat de la loi dont ils ne se préoccupent pas le moins du monde. »
Voilà : le bon patron est puni.
Il faut comprendre cette règle, qui vaut pour l’époque comme pour aujourd’hui, pour le social comme pour l’écologie : avec une concurrence libre et totalement faussée, la vertu n’est pas récompensée, mais pénalisée. Quand le vice, lui, permet d’être « compétitif », de « remporter des marchés ». Il ne s’agit plus d’hommes bons ou mauvais, alors, mais d’un système, un système qui les dépasse, qui encourage les actes nocifs.
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