"La croyance traditionnelle attribue à
la salamandre la capacité de vivre dans le feu."
Jean Christophe Rufin accueille le lecteur avec cette phrase, il faudra attendre la fin du roman pour en saisir le sens profond.
L'histoire de Catherine qu'il choisit de nous raconter est celle que lui avait confiée son ami le consul de Recife. Cette quadragénaire célibataire qui partageait son temps entre les bureaux de son entreprise parisienne et son appartement, dans une morne solitude, avait décidé un jour de répondre à l'invitation de son amie d'enfance, Aude, qui vivait au Brésil auprès de Richard, son mari. Un mois de vacances, voilà ce qu'elle envisageait.
Quand elle prit l'avion elle ne savait pas encore que ce voyage allait sceller son destin.
Sur la plage, un jeune Apollon la remarqua, vint s'installer près d'elle. Après quelques heures d'une laborieuse mais souriante conversation, Gilberto lui donna rendez-vous. Tout s'était joué au cours de cette première rencontre mais elle l'ignorait encore. La sage et froide Catherine avait laissé la place à une amoureuse dont la folie avait éclipsé la raison et la sagesse.
Des Catherine, on en trouve d'autres sur les belles plages du Brésil, du Mexique, d'Afrique ou d'ailleurs. Des Catherine qui recherchent un peu de compagnie, un regard masculin, de la tendresse, des caresses, de l'amour, du sexe. Et comme toutes ces femmes qui ont fait plusieurs fois le sujet d'un reportage, Catherine s'enferme dans sa folie. Gilberto est jeune, beau et fort, mais pauvre et amitieux. Catherine est seule, libre et ... sinon très riche du moins elle l'est assez pour satisfaire ses caprices. Catherine est emportée dans une spirale infernale ont elle ne sortira pas indemne.
Roman magnifique qui fait écho à ce que nous voyons du Brésil, au cinéma, à la télévision, dans le récit des voyageurs, la beauté de ce pays, de ses paysages, de ses habitants, de sa langue, de sa musique, de ses fêtes, mais aussi sa misère et la violence qui règnent dans les bas-quartiers.
Contraste flagrant au fil du récit : on se laisse tantôt emporter par la poésie qui se dégage de certaines pages, et tantôt envahir par un profond malaise, par une réalité sordide éclatante qu'on n'a guère envie de voir. Mais le réel a eu lieu...