La principauté de Starkenbach, vous connaissez ? A vos souhaits !
Inutile de donner le tournis à votre globe terrestre, cet état-postillon n'existe pas, sauf dans l'imagination de
Jean-Christophe Rufin. Nouvelle affectation pour le petit consul honoraire qui compte ses heures, Aurel Tumescu.
Lâcher ce toquet du Tokay, capable de déambuler avec des bottes de pêcheur sous une robe de chambre qui ressemble à des rideaux de grand-mère et coiffé d'une Chapka, dans une cour princière, n'est pas sans risque pour les zygomatiques et le protocole. Un épouvantail dans la galerie des Glaces.
Paradis fiscal et enfer mondain pour la princesse régnante Hilda qui ne donne plus de nouvelles après un séjour en Corse. Son mari, première dame de cette principauté anachronique, demande à Aurel de la retrouver à la veille d'un sommet international consacré à la grande cause mais petits effets des enfants soldats dans le monde.
Aurel sera aidé dans ses recherches et dans la découverte des usages de la principauté par l'assistante de la princesse, Shayna, une réfugiée syrienne sans filtre, sauf d'amour, après vérification du ph…
Notre diplomate aux aromates des Carpates se rend rapidement compte que ces patelins grands comme un terrain de foot sont secoués par les mêmes luttes de pouvoir que les pays à fort IMC, même si noblesse oblige, les paniers de crabes sont remplacés ici par des bancs de homards. C'est ainsi qu'il apprend que la Première ministre Iznogoudienne rêve de renverser la dynastie en place.
Cette quatrième aventure du Consul qui bulle est amusante mais j'ai été un peu déçu par le rôle secondaire et même un peu passif occupé par Aurel. le personnage de
la princesse au petit moi phagocyte le grand lui. Hilda ne manque pas de charme, mais des princesses malgré elles qu'on ne sort que les jours fériés, qui font de l'humanitaire à défaut d'avoir un vrai boulot, qui s'encanaillent et se font manipuler par des gigolos en quête de nationalités de complaisance, c'est moins original qu'un diplomate qui s'acharne à ne rien faire et enchaîne les mutations exotiques disciplinaires.
L'auteur a le mérite de ne pas appliquer toujours la même recette et cette histoire m'a permis de découvrir l'histoire aussi ahurissante que vraie de Charlotte de Monaco, (mère de Rainier et fille naturelle, dont
Jean Christophe Ruffin s'est inspiré ici) mais il m'a manqué l'ingrédient principal : les inspirations farfelues d'Aurel. Dans ce volume, Aurel expire trop pour Shayna pour être inspiré. Il subit l'histoire sans la provoquer, gentil toutou de son auteur.
Comme mes connaissances en matière de Principautés se limitent à la lecture de Paris Match chez mon dentiste, aux Vaticancans, à des ravitaillements de cartouches de cigarettes et d'alcool à Andorre-la-Vieille où je me prends pour
Al Capone à la douane parce que j'ai une bouteille en trop cachée sous le siège, à la dégustation d'un café à quinze euros dans un zinc 8 carats à Monaco et que je n'ai pas pu ouvrir un livret A au Liechtenstein, je suis assez mal placé pour juger la reconstitution panachée imaginée par l'auteur.
Lecture qui reste divertissante et j'ai hâte de retrouver la valise diplomatique d'Aurel dans une contrée plus hostile.