Le goût des voyages en Europe — voyages instructifs — s'était répandu parmi la bourgeoisie canadienne-française. Les Raoul Dandurand, les Rodolphe Lemieux, les Adélard Turgeon, les Henri Bourassa, étaient européens par leurs curiosités, par leurs dispositions intellectuelles. Bourassa regrettait que le sort l'eût fait naître en Amérique. Le Père Joseph- Papin Archambault, jeune Jésuite qui avait déjà organisé les premières retraites fermées au Canada, séjourna cinq mois en France, en 1913, et suivit la Semaine Sociale tenue à Versailles. En 1914, tout un essaim de Canadiens se répandit sur les routes européennes. Bourassa en était à son quatrième voyage.
C'était une bonne fortune pour les commerçants de Québec. Les craintes relatives aux conséquences économiques de la guerre commençaient à se dissiper. Le gouvernement fédéral payait comptant les chevaux achetés dans les campagnes par des vétérinaires — conservateurs, de préférence — qui touchaient eux-mêmes dix dollars par jour. A Valcartier, par ordre de Sam Hughes, les cantines étaient "sèches". Les volontaires descendaient à Québec, en permission de vingt-quatre heures; ils y faisaient du tapage, mais ils y dépensaient leur solde.
Jean-François Nadeau est historien et directeur des pages culturelles au journal Le Devoir. Biographe spécialiste des personnages politiques, il sera avec nous pour rappeler la vie des deux derniers monuments de l'extrême droite québécoise. Nous consacrerons la première partie de l'émission à l'adaptation de sa thèse de doctorat, Robert Rumilly : l'homme de Duplessis; et l'autre à Adrien Arcand : führer canadien. Le fondateur du journal Le Couac et de la maison d'édition Comeau-Nadeau nous présentera également le livre qu'il a dirigé pour célébrer le 100e anniversaire du quotidien d'Henri Bourassa : Le Devoir -- un siècle québécois.
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