Depuis quarante deux ans Antoine Gérin-Lajoie dormait paisiblement de son dernier sommeil quand la clameur de son centenaire a retenti jusque sur son tombeau.
Qu’était-ce donc que Gérin-Lajoie ?
Fils d’un simple cultivateur, il montra toute sa vie une âme sensible, vibrante de l’amour des siens. Cet amour, il le chanta en des accents, il l’exprima par des actes qui ont touché les coeurs, qui sont restés gravés dans la mémoire de ses compatriotes. Voilà tout, mais cela suffit.
Au cours des quatre années qui séparent son inscription au barreau de la province (20 septembre 1848) de son entrée comme surnuméraire au bureau des traducteurs de l’assemblée législative (2 novembre 1852), Gérin-Lajoie passe par une grande diversité d’occupations et d’états d’esprit. Dans cet intervalle, à deux reprises, il revêt puis jette aux orties la toge d’avocat ; à deux ou trois reprises, il redevient journaliste ou cesse de l’être ; à de courts intervalles, il accepte , résigne ou reprend divers emplois. Il est tour à tour avocat exerçant, secrétaire de ministre ou de rédaction, publiciste, fonctionnaire, journaliste à divers titres, économiste en tournée d’études, courriériste de la session à Québec.
Vers le milieu de l’année 1847, Gérin-Lajoie renonce au journalisme. Plusieurs motifs l’y engageaient en dépit de l’agrément qu’il en avait parfois. Le salaire était maigre; il lui en revenais peu d’argent et encore moins de gloire. Le propriétaire tout en le gardant à la portion congrue, tenait beaucoup à se faire passer lui-même pour le rédacteur du journal. L’étudiant en droit ne voyait guère jour à améliorer sa situation de ce côté.