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Citations sur Aux frontières de l'Europe (47)

"Mais vous vivez où, vous autres Occidentaux? Tout le monde sait que le Caucase va se remettre à cabrioler. Poutine veut l'avoir sous son contrôle et les Américains veulent y installer des bases militaires. Et par-dessus le marché, il y a le pétrole de la mer Caspienne...Voyez-vous même...Moi, il me semble qu'il y a de quoi faire et même plus." Puis il ajoute: "Nous, nous la sentons très bien la tension. C'est ici que se passe la vraie frontière entre l'Est et l'Ouest. Il me demande si je sais ce que veut dire "Ukraine" et je lui réponds que oui, bien sûr: ça veut dire "frontière".
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Il dit: "Loin, les hommes vrais, loin", et il montre une ligne invisible derrière les montagnes blanches qui forment le cœur orographique de la péninsule de Kola. "Ils savent les histoires, mais ne les écrivent pas. Ils les racontent seulement, au coin du feu". Quand il dit: "Ils savent les histoires", il veut dire: "ils savent les secrets de la vie."
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Dans le monde soviétique, le sort des individus était lié à des monosyllabes, au nombre de deux seulement: Da et Niet. Il n'était pas question d'un choix entre faire ou ne pas faire, mais entre le paradis et la damnation.
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C'est l'histoire de Rita et de Volodia, deux vieux Russes pris au piège en Lettonie par le jeu des frontières mouvantes, une histoire inimaginable d'Européens oubliés, passagers de troisième classe, cachés comme une honte dans les dernières voitures du train de luxe communautaire.
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Partir donc, mais où ? Le rideau de fer n'existait plus, les barbelés avaient été remplacés par des espaces domestiqués, des musées et des pistes cyclables. Pour chercher des terres sauvages, il fallait aller au-delà de la Puszta, à la limite orientale de l'Union européenne. Là, peut-être, commençait encore un "autre monde". Ainsi, il ne me resta plus qu'à imaginer un itinéraire borderline de l'océan Glacial Arctique à la Méditerranée, jusqu'à la Turquie et même à Chypre. Les surprises ne manqueraient sûrement pas. Entre la Russie et la Finlande, la barrière séparant les deux mondes courait encore le long des barbelés de la guerre froide, les blockhaus de 1940 ,'avaient jamais été démantelés. A deux pas du cap Nord se trouvaient Mourmansk et la base de sous-marins la plus mystérieuse du monde, celle d'où était parti le Koursk pour son ultime et tragique mission. Il y avait la Biélorussie, dernière dictature communiste d'Europe ; et puis Kaliningrad, repaire d'espions venus du froid, entouré de tous côtés par l'Union européenne. Et encore l'Ukraine, avec l'arc des Carpates parcouru par les contrebandiers, et les traces ineffaçables d'une présence juive disparue. Et puis la mer Noire, avec son silence immense et confiné. C'était là qu'il fallait aller.
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Ainsi quand les frontières ont commencé à disparaître et que la rhétorique de la mondialisation a plongé dans la crise le sentiment d'un Ailleurs, lentement, par esprit de contradiction, j'ai senti croître en moi la nostalgie d'une vraie frontière, comme celles d'autrefois, avec les barbelés, les regards torves, les bagages passés au crible et le silence tendu devant l'homme en uniforme qui tenait votre passeport. Oui, il fallait faire un grand voyage le long d'un limes, pour reprendre le terme latin, c'était cela le désir inexprimé que l'ami Moni -barde strident et transfrontalier- avait tout simplement rendu explicite et désormais impossible à remettre.
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Avant de me rendre en Ukraine, je ne pensais pas qu'il puisse exister un monument plus impressionnant que la forteresse de Pedrovaradine, construite par les Autrichiens au nord de Belgrade, loin au-dessus du Danube, pour affronter les Turcs. À présent, en voyant les puissantes tours de Khotine allonger leur ombre sur le Dniestr, je dois changer d'avis. Autour de ses murailles, au XVIIe siècle, trente cinq mille Polonais et quarante mille Cosaques arrêtèrent deux cent mille Ottomans, et la rencontre fut telle que le ciel lui-même prit feu et que les murs furent ébranlés par la canonnade. Ici, Jean Sobieski et sa cavalerie surmontèrent la peur ancestrale des Turcs qu'ils devaient vaincre ensuite, définitivement, sous les murailles de Vienne.
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La Loire est grandiose, le Rhin aussi, mais devant le Dniestr on a le souffle coupé, littéralement. Il possède les méandres primordiaux du Pô mais sans la platitude padane. Il court, enfoncé dans la terre, et ses château le regardent de haut avec l'œil féroce des guerriers cosaques. La Loire et une belle endormie ; le Dniestr, au contraire, possède l'énergie vitale d'un «limes». Un lieu où s'abreuvent les armées et les caravanes, les chevaux et les chameaux, et où le tintement de la cloche se heurte avec violence à la mélopée du muezzin. S'il existe une frontière, là voilà.
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Dans la salle d'attente, je vois des gens affamés d'espace, comme nous. Des jeunes avec leur sac à dos, des filles avec leur ordinateur dans son étui, des familles avec des gosses qui lisent en attendant, le cœur battant. Des gosses qui lisent, encore une chose qui a disparu chez moi. Je suis au milieu d'un peuple de voyageurs. Partir sans arrêt était l'obsession du pape Wojtyla et le nomadisme est la maladie national de la Pologne. Ce n'est pas seulement l'envie de liberté après le communisme. C'est aussi le réflexe d'une très ancienne claustrophobie, due à la conscience d'être écrasée par d'encombrantes voisines, la Russie et l'Allemagne.
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Aujourd'hui les Polonais de l'Est, comme Janina, vivent dans l'ouest de la Pologne, où le grand vide allemand vous pèse sur l'âme, comme le vide hébraïque entre la Lettonie, l'Ukraine et le Danube. Terre de fantômes et de déracinés où de nos jours encore, quand on fait connaissance, on ne se demande pas « où habites-tu ?» mais «d'où viens-tu ?» et où la grande peur caché est celle d'un retour des anciens maîtres, les Allemands.
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