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Citations sur La Cité de la victoire (38)

Moi, Pampa Kampana, suis l’auteure de ce livre,
J’ai vu, dans ma vie, l’ascension et la chute d’un empire.
Qui pense encore à eux aujourd’hui, ces rois et ces reines ?
Ils n’existent à présent que dans les mots.
De leur vivant, ils furent vainqueurs ou vaincus, parfois les deux. Ils ne sont plus ni l’un ni l’autre.
Les seuls vainqueurs, ce sont les mots.
Leurs actions, leurs pensées, leurs sentiments n’existent plus.
Seuls subsistent les mots qui les évoquent.
On gardera d’eux le souvenir que j’ai choisi de garder
On se souviendra de leurs actes de la façon dont je les ai racontés
Leurs intentions resteront celles que je leur ai prêtées.
Moi-même, je ne suis plus rien.
Seule subsiste la cité des mots.
Les mots sont les seuls vainqueurs.
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Tout amour authentique est une forme d’amour-propre, dit Krishnadevaraya. En amour, l’autre est uni à soi, et devient l’égal de soi, ainsi aimer l’autre, c’est aussi aimer l’autre en soi car ils sont égaux et identiques.
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Il n'était pas du tout certain que les gens allaient choisir le raffinement contre la barbarie. La ligne du parti concernant les adeptes des autres religions - nous sommes les bons et ils sont les méchants - avait une sorte de limpidité contagieuse. Tout comme l'idée que manifester des désaccords revenait à être un mauvais patriote. Si on leur offrait le choix entre penser par eux-mêmes ou suivre aveuglément les chefs, bien des gens choisiraient l'aveuglement contre la lucidité surtout quand l'empire était prospère, qu'ils avaient de quoi manger sur la table et de l'argent dans les poches. Tout le monde ne souhaitait pas réfléchir, préférant manger et dépenser. Tout le monde ne voulait pas aimer ses voisins. Certains préféraient la haine. Il y aurait des résistances.
(page 165)
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Au dernier jour de sa vie, alors âgée de deux cent quarante-sept ans, la poétesse aveugle, faiseuse de miracles et prophétesse Pampa Kampana acheva son immense poème narratif consacré à Bisnaga et l’enterra dans une jarre en argile scellée à la cire au cœur des ruines de l’Enceinte Royale, en guise de message adressé à l’avenir. Quatre siècles et demi plus tard, nous avons découvert cette jarre et lu pour la première fois l’immortel chef-d’œuvre intitulé le Jayaparajaya, ce qui signifie “Victoire et Défaite”, rédigé en sanskrit, aussi long que le Ramayana, composé de vingt-quatre mille vers, et nous avons appris les secrets de l’empire qu’elle avait cachés à l’histoire pendant plus de cent soixante mille jours. Nous ne connaissions que les ruines qui subsistaient et notre souvenir de son histoire était lui aussi en ruine, à cause du passage du temps, des imperfections de la mémoire et des falsifications de ceux qui vinrent après. À la lecture du livre de Pampa Kampana, le passé fut retrouvé, l’empire de Bisnaga fut ressuscité tel qu’il avait existé avec ses guerrières, ses montagnes d’or, son esprit généreux et ses époques de mesquinerie, ses faiblesses et ses forces. Nous entendîmes pour la première fois le récit complet de ce royaume qui commença et finit par un incendie et une décapitation. Voici cette histoire, racontée cette fois dans une langue simplifiée par l’auteur de ces lignes qui n’est ni un savant ni un poète mais un simple raconteur d’histoires et qui offre cette version pour le pur divertissement et l’éventuelle édification des lecteurs d’aujourd’hui, vieux et jeunes, très instruits ou pas tant que cela, ceux en quête de sagesse et ceux que la folie amuse, les gens du Nord et les gens du Sud, les fidèles de diverses religions et les athées, les larges et les étroits d’esprit, hommes, femmes et représentants de tous les genres au-delà et entre les deux, rejetons de l’aristocratie et roturiers, bonnes gens et fripouilles, charlatans et étrangers, humbles sages et fous égocentriques.

(INCIPIT)
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Tout nouvel endroit où des gens ont décidé de vivre demande du temps avant d’être perçu comme réel, dit-elle, cela peut prendre une génération ou davantage. Les premiers occupants arrivent chargés d’images du monde dans leurs bagages, avec des choses venues d’ailleurs plein la tête, mais le nouvel endroit leur paraît étrange, ils ont du mal à croire en lui, même s’ils n’ont nulle part ailleurs où aller et ne peuvent être personne d’autre. Ils se débrouillent de leur mieux avec leur héritage et puis ils commencent à l’oublier. Ils en racontent une partie à la génération suivante, ils oublient le reste et les enfants en oublient encore davantage et modifient leur état d’esprit, mais ils sont nés ici, c’est là toute la différence, ils sont de cet endroit, ils sont cet endroit et cet endroit est eux, et leurs racines en se développant apportent à ce lieu la nourriture dont il a besoin, alors il fleurit, bourgeonne, il se met à vivre et lorsque les premiers occupants disparaissent, ils peuvent partir heureux car ils savent qu’ils ont initié quelque chose qui va perdurer.
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Et puis du temps a passé et cela calme les passions. D’ailleurs les gens oublient. L’histoire est le résultat non seulement de l’action des gens mais aussi de leur oubli.
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J’ai appris que le monde était infini dans sa beauté mais aussi implacable, impitoyable, cupide, lâche et cruel. J’ai appris que l’amour est la plupart du temps absent et que lorsqu’il se manifeste il est généralement sporadique, fugace et finalement peu satisfaisant. J’ai appris que les communautés bâties par les hommes sont basées sur l’oppression de la multitude par une minorité et je n’ai pas compris. Je ne comprends toujours pas pourquoi la multitude accepte cette oppression. Peut-être parce que quand elle ne l’accepte pas et qu’elle se révolte, il s’ensuit une oppression plus sévère que celle qu’elle a renversée. J’ai commencé à me dire que je n’aimais pas beaucoup les êtres humains mais que j’aimais les montagnes, la musique, les forêts, la danse, les larges fleuves, le chant et bien sûr la mer. La mer est mon foyer. Mais en fin de compte j’ai appris que le monde peut vous arracher votre foyer sans aucun remords.
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Ainsi étaient les hommes, se disait Pampa Kampana. Un homme philosophait à propos de la paix mais dans sa façon de traiter la pauvre jeune fille sans défense qui dormait dans sa grotte, il n’agissait pas conformément à sa philosophie.
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En tous les cas, c’étaient des gens qui ne se penchaient pas beaucoup sur leur passé. Ils préféraient, comme les habitants de la forêt d’Aranyani, vivre entièrement dans le présent sans prêter grand intérêt à ce qui s’était passé auparavant et s’il leur fallait penser à un autre jour que le jour présent, ils choisissaient de penser au lendemain. Cela faisait de Bisnaga un endroit dynamique, doté d’une immense énergie tournée vers le futur mais aussi un endroit qui souffrait du problème que connaissent tous les amnésiques : se détourner de l’histoire, c’est rendre possible une répétition cyclique de ses crimes.
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(…) elle allait devoir persuader un grand nombre d’entre eux que le récit cultivé, bienveillant, raffiné qu’elle proposait valait mieux que le récit officiel, étroit, sectaire et, selon elle, barbare, qui avait cours. Il n’était pas du tout certain que les gens allaient choisir le raffinement contre la barbarie. La ligne du parti concernant les adeptes des autres religions – nous sommes les bons et ils sont les méchants – avait une sorte de limpidité contagieuse. Tout comme l’idée que manifester des désaccords revenait à être un mauvais patriote. Si on leur offrait le choix entre penser par eux-mêmes ou suivre aveuglément les chefs, bien des gens choisiraient l’aveuglement contre la lucidité surtout quand l’empire était prospère, qu’ils avaient de quoi manger sur leur table et de l’argent dans les poches. Tout le monde ne souhaitait pas réfléchir, préférant manger et dépenser. Tout le monde ne voulait pas aimer ses voisins. Certains préféraient la haine. Il y aurait des résistances.
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