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S'inspirant du véritable Vijayanagar, dernier grand royaume hindou, qui, de sa fondation au XIVe siècle jusqu'à sa disparition quelque deux cent trente ans plus tard, s'efforça de résister à l'expansion musulmane dans tout le sud du sous-continent indien, Salman Rushdie feint de nous présenter la toute première traduction, par ses soins et « dans une langue simplifiée », d'un chef-d'oeuvre fictif, intitulé le Jayaparajaya – « Victoire et Défaite » en sanskrit –, récemment retrouvé dans une vieille jarre et qui, avec ses vingt-quatre mille vers, pourrait se comparer au Mahabharata et au Ramayana, les deux grands poèmes épiques de l'Inde, fondateurs de l'hindouisme.


Au XIVe siècle dans le sud de l'Inde donc, Pampa Kampana, une fillette de neuf ans, se retrouve seule survivante de son village, les hommes ayant été tués à la guerre et les femmes dans les bûchers allumés selon la tradition du sacrifice des veuves. Une déesse intervient alors et la dote de pouvoirs magiques : elle vivra deux siècles et demi, le temps pour elle de fonder et de gouverner, jusqu'à son effondrement, la ville de Bisnaga, capitale d'un empire où, pour une fois, les femmes seront les égales des hommes. Ainsi commence une épopée dont les périodes et les vicissitudes s'enchaîneront au gré d'une temporalité narrative choisissant de s'attarder ou d'accélérer à volonté.


Sous le règne de Pampa Kampana, la ville de Bisnaga, menant la guerre pour s'assurer la paix, devient l'invincible et prospère capitale d'un empire où les femmes sont libres de leur sexualité et exercent des tâches jusqu'ici dévolues aux hommes. Mais une Protestation prenant le forme d'une secte finit par se former et contester le pouvoir en place. Cette reine qui a fondé son royaume sur la force des mots, « chuchotés » à l'oreille de ses sujets, découvre, comme tout créateur, « y compris Dieu », qu'« une fois que vous avez créé vos personnages, vous êtes lié par leurs choix. Vous ne pouvez plus les refaire en fonction de vos désirs. Ils sont ce qu'ils sont et ils feront ce qu'ils voudront. Cela s'appelle le “libre arbitre”. » Au pouvoir de la magie succède donc celui de la religion, des intégrismes et des fanatismes. « Les idées qu'elle avait implantées n'avaient pas pris racine ou alors ces racines n'allaient pas assez profond et se laissaient facilement arracher. » A leur place, « avait [été] créé un nous qui n'était pas eux, un nous qui (...) soutenait en secret l'intrusion de la religion dans tous les recoins de la vie politique aussi bien que spirituelle. » « Leur sentiment religieux [étant] pesant, simplet et banal, les considérations mystiques les plus élevées leur échappaient complètement et la religion devint pour eux un simple outil destiné à maintenir l'ordre social. » Un ordre ne tenant bientôt plus qu'au rapport de forces entre factions et partisans, au rythme des conspirations, des coups d'état et des assassinats. Y-a-t-il seulement une issue à la folie des hommes ?


Flamboyante pseudo-légende subtilement teintée d'humour, le récit laisse d'autant mieux deviner sa portée métaphorique que l'on connaît les combats de l'auteur contre le sectarisme et l'obscurantisme. Ce dernier livre, tout juste achevé avant l'attaque islamiste au couteau qui, en 2022, après trente-trois ans d'une fatwa exigeant la mise à mort de l'écrivain, a bien failli lui coûter la vie, est une nouvelle croisade, pour la place des femmes, en Inde en particulier mais pas seulement, et aussi, plus que jamais, pour la création littéraire et la liberté d'expression. Dans une réalité irrémédiablement vouée au crime et à l'injustice, aux guerres et aux complots, à la torture et à l'oppression, ne reste, en ultime protestation et pour porter la vision d'un monde meilleur, que le seul poids des mots sur le papier. « Les mots sont les seuls vainqueurs », conclut Salman Rushdie. Lui-même en paye le prix fort avec les séquelles de l'attentat à son encontre. Les lire et les colporter sont le moins que l'on puisse faire.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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J'avais bien envie de lire un livre du célèbre écrivain qui, le 12 août 2022, a été poignardé à plusieurs reprises alors qu'il allait donner une conférence, et qu'il a perdu un oeil et l'usage de l'une de ses mains dans cet attentat.

J'ai donc emprunté « La Cité de la Victoire » à ma bibliothèque favorite.
C'est une fable. Elle pourrait se dérouler en Inde, comme elle pourrait se dérouler n'importe où et dans un espace intemporel.

L'héroïne de la fable, la petite Pampa Kampana, assiste au suicide de sa mère après une défaite de son peuple en guerre. Recluse comme un ermite auprès d'un homme profondément religieux, elle devient soudain la représentante d'une déesse qui lui confère des pouvoirs surnaturels, dont celui de pouvoir bâtir une ville complète ex nihilo : ce sera la ville de Bisnaga (ou « cité de la victoire » selon la traduction).

Commence alors 330 pages d'une épopée incroyable, où deux frères vont se disputer successivement la conduite de la ville, et Pampa Kampana sera leur reine successivement. Et vivra pendant deux siècles et demi mais sans jamais vieillir.

Caractéristique de cette ville : les femmes y sont les égales des hommes et les tâches sont également réparties entre chacun, la sexualité s'épanouissant sans tabou, y compris pour la Reine qui peut avoir des amants au grand dam de celui qui règne sur la ville en tant que Roi.
Il y est question aussi d'une secte qui va détourner les valeurs de bienveillance et de respect que la Reine avait imposé sur son territoire. Une fois les personnages créés, même un Dieu ne peut intervenir. Les sujets « sont ce qu'ils sont et ils feront ce qu'ils voudront. Cela s'appelle le “libre arbitre”.

On comprend vite que Salman Rushdie profite de ce récit pour faire passer ses messages préférés : l'esprit de tolérance devrait régner partout. Défense de la liberté d'expression, éloge de la liberté tout court, lutte contre l'obscurantisme sous toutes ses formes : la saga est on ne peut plus d'actualité – évidemment.

L'homme qui a affronté la Fatwa qu'il a suscitée avec les fameux » Versets sataniques » plaide pour un changement profond de civilisation, non seulement dans son ex pays l'Inde, mais partout sur la planète et le moins qu'on puisse dire c'est que c'est loin d'être gagné !

Alors même si c'est un peu longuet, on n'en voudra pas au grand écrivain américain de s'essayer à l'écriture d'une épopée antique, pleine d'aventure, d'amour et de mythes, puisque le point d'orgue auquel nous autres Babeliotes ne pouvant que souscrire : « Les mots sont les seuls vainqueurs. »

Puisse-t-il seulement transformer la réalité d'aujourd'hui dans le monde de tolérance qu'il porte en lui et qu'il a inscrit dans sa chair, en dépit de tout ce qu'il a pu vivre par tous ceux qui ne veulent pas de ce monde-là …
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Mode d'emploi pour créer de toutes pièces une ville :
1. Trouver un terrain plat entre les montagnes.
2. Se munir d'un sac.
3. Se procurer des graines magiques.
4. Parcourir le terrain en semant les graines. Au bout de quelques jours si tout va bien, votre ville s'élève, avec ses palais, ses temples et ses maisons, et les habitants se baladent dans ses rues. Un peu hagards, les habitants : il est temps de passer à l'étape suivante.
5. S'asseoir sur le sol dans la position du lotus, et chuchoter. Chuchoter sans interruption pendant des jours, le temps nécessaire pour que la population de votre ville acquiert une mémoire, des souvenirs et un comportement humain. Vous pouvez alors vous lever, vous sustenter et prendre un peu de repos.
Si vous avez bien suivi toutes les étapes, la ville de Bisnaga rayonnera et deviendra la capitale d'un empire, avec sa culture et ses artistes, avec ses guerres de conquête et ses luttes de succession.
Vous aimerez des hommes venus d'au-delà des mers, vous serez fière de vos filles, et atterrée par vos fils.
Vous serez parfois vénérée à l'égal d'une déesse, parfois chassée de la ville avec votre progéniture.
Et parfois chassée par votre progéniture elle-même.
Vous vivrez 247 ans.
Vers la fin, le temps vous semblera long.
En revanche la lectrice, elle, aurait aimé prolonger sans fin ce conte merveilleux, cette fable historique par laquelle le grand Salman Rushdie met en lumière les dérives du pouvoir et de la religion dans notre monde contemporain.

Traduction parfaite de Gérard Meudal.
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Salman Rushdie est connu pour son style mêlant mythe, fantaisie et la vie réelle, ce roman n'échappe pas à la règle. Sous un aspect de conte, où une déesse prend possession du corps d'une enfant, où une femme créé une ville avec un sac de graines, où elle chuchote aux habitants leurs propres histoires de son cru, ou encore elle se transforme en oiseau... 

L'histoire de Vijayanagar est bien réel, l'auteur s'inspire en effet du dernier grand royaume hindou de l'Inde, créé en 1336 par deux frères Sangama, et le récit portera sur l'histoire de ce royaume et du règnes de ces rois se succédant sur quatre dynasties, jusqu'à la disparition du royaume en 1565.

C'est sur ce fond historique que Salman Rushdie ajoute sa fantaisie : Pampa Kampana ! Une enfant de neuf ans qui sera habitée par une déesse durant 247 ans. C'est par son existence que l'auteur retracera l'histoire et prendra des libertés. C'est aussi à travers Pampa Kampana qu'il portera sa sagesse et sa vision des religions.

Salman Rushdie dénonce, en quelque sorte, le narcissisme élitiste, le racisme, l'intolérance, l'instinct de l'homme... Mais il est question aussi du droit des femmes, il a beaucoup d'importance dans ce récit à travers Pampa Kampana, les femmes y sont représentées fortes pour la plupart. Quand au peuple, je dirai qu'il est représenté comme un troupeau, il n'a, et peut-être n'est-ce que mon impression, qu'une place relative.

Comme on peut s'y attendre de la part de Salman Rushdie, il est beaucoup question de religions, de fanatisme, de conversion...

Cela fait longtemps que je voulais lire Salman Rushdie. Je me demandais bien ce que pouvait écrire un homme qui pouvait lui valoir à ce point une fatwa, que peut-il donc écrire qui fasse si peur. à un fanatique religieux. Je n'ai pas lu les "Versets sataniques" pour le moment, mais rien que dans ce roman, les idées de l'auteur transparaissent et sa subtilité est piquante, pertinente...

"Ainsi étaient les hommes, se disait Pampa Kampana. Un homme philosophait à propos de la paix mais dans sa façon de traiter la pauvre jeune fille sans défense qui dormait dans sa grotte, il n'agissait pas conformément à sa philosophie."

"- Ce qui veut dire, commenta Ka-ah-eh-va, que Bisnaga sera désormais dirigée par un fanatique religieux conseillé par un autre extrémiste."

"Pouvait-on imaginer que le monde serait meilleur sans rois ? Pourtant le monde animal se choisissait des chefs de clan, des chefs de meute, des chiens dominants. Alors la question la plus pertinente était peut-être de savoir comment choisir de tels chefs. La manière des animaux, par le combat, n'était pas la meilleure. Existait-il un moyen, était-ce seulement possible, de laisser le peuple choisir ?"

Il y a notamment une allusion à des singes hostiles qui m'a fait sourire, est-ce moi qui y est trouver un double sens ? Peut-être... 


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« "Du sang et du feu, dit la déesse, naîtront la vie et le pouvoir. À cet endroit précis s'élèvera une grande cité, la merveille du monde, et son empire durera plus de deux siècles. Et toi - la déesse s'adressa directement à Pampa Kampana, faisant vivre à la petite fille une expérience unique, celle d'entendre de sa propre bouche les mots qui lui étaient adressés par une inconnue surnaturelle -, tu te battras pour t'assurer que plus aucune femme ne sera brûlée de cette façon et pour que les hommes se mettent à considérer les femmes autrement, et tu vivras juste assez longtemps pour assister à la fois à ton succès et à ton échec, pour assister à tout et en relater l'histoire même si, lorsque tu auras achevé ton récit, tu mourras immédiatement et plus personne ne se souviendra de toi pendant quatre cent cinquante ans." »

La cité de la victoire, Salman Rushdie @actessud #rentreelitteraire2023

Fabuleux 🌟 au sens propre comme au sens figuré! Ce récit est tout à la fois une fable aux accents épiques et un texte merveilleux!

Sous les apparences d'une épopée contant une civilisation aujourd'hui disparue, l'auteur met en scène l'apparition, la vie et la chute d'une cité fictive qui se serait établie du côté de l'Inde…

En presque 250 ans d'existence, elle nous offre un résumé de tout ce que sont les civilisations qui ont peuplé et peupleront la Terre… vie et trépas, splendeur et décadence, lumière et ténèbres!

« "Rien ne dure et pourtant tout a un sens. Nous nous élevons, nous tombons, nous nous élevons de nouveau, nous retombons. Nous persévérons. J'ai connu moi aussi le succès et l'échec. La mort est proche à présent. En elle se rejoignent humblement le triomphe et l'échec. Nous apprenons moins de la victoire que de la défaite." »

Car c'est bien l'humain que Salman Rushdie met en scène dans ce conte empreint de réalisme et de magie… l'humain dans ce qu'il a de grand comme de vil, de beau comme de sombre!

L'humain! L'auteur le décortique en quelque sorte et, par le biais de cette fiction, il transmet des messages tels que le respect de la Terre, l'harmonie entre hommes et femmes, le danger du fanatisme…

« … son règne serait donc une période d'oppression et de puritanisme, et les femmes de Bisnaga à l'esprit libre allaient grandement souffrir. Elle ferma les yeux, envisagea le futur et découvrit qu'après Numéro Deux les choses allaient encore empirer. La dynastie allait sombrer dans des disputes, une intolérance religieuse grandissante et même le fanatisme. »

Miroir de notre Histoire, de nos civilisations, Bisnaga est aussi, sous certains rapports, une projection d'un idéal, d'une sérénité imaginée ou retrouvée…

« Dans l'empire de Bisnaga, dit-elle dans son adresse au conseil les femmes ne sont pas traitées comme des sujets de seconde zone. Nous ne sommes ni voilées ni cachées. Beaucoup de nos femmes sont des personnes de haute éducation et de grande culture. Songez à la merveilleuse poétesse, Tallapalka T. Songez à l'exceptionnelle poétesse Ramabhadramba. Des femmes participent aux actions de l'État. Considérez notre amie bien. aimée, la noble dame Akkadevi, qui administre une province sur notre frontière sud et a même mené notre armée à la bataille pendant plus d'un siège contre un fort ennemi. […] »

Peu importe l'avis que l'on peut avoir de cet auteur, si l'on met de côté les préjugés, les cabales, la haine, et que l'on s'attache uniquement au texte, ce récit est instructif et vivifiant!

Les réflexions sont profondes mais mises en lumière subtilement, dans une prose envoûtante et magnifique 🌟

« Moi-même, je ne suis plus rien. Seule subsiste la cité des mots.
Les mots sont les seuls vainqueurs. »

Je pense que toute la pensée de l'auteur est contenue dans ces quelques mots!

Après l'obscurité se lève la lumière des mots, la sagesse de la parole, la clarté d'une langue déliée…

Laissons briller la lumière d'un esprit littéraire, libre et instruit ✨
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Dans son dernier livre "la Cité de la Victoire" Salman Rushdie déroule un conte, un très long conte, très très long, lassant comme une logorrhée sans fin. Son histoire se situe au XVIème siècle, dans le royaume de Vijayanaga, inspirée de celui-ci en tout cas.
Le tout est sans véritable surprise quand, au fil des pages, on a compris qu'après un long passage suivra un autre long récit de luttes intestines pour conquérir le pouvoir sur ce pays créé de toutes pièces par une certaine Pampa Kampana.
Cette dernière est dotée d'immenses pouvoirs surnaturels puisque c'est à partir d'un sac de graines que la ville de Busnaga est sortie de terre.
Ce début féerique promettait beaucoup; on était dans un conte de fée qui allait s'épanouir.
Comme dans la mythologie grecque des Atrides (mais c'est un affront fait à Euripide de comparer ces textes) l'histoire est faite de luttes de pouvoir à n'en plus finir; et comme cette Pampa Kampana vit quelque deux cent quarante sept ans elle passe son existence à  compter le nombre de ces conflits sans attrait, de pouvoirs volés, de ces exils et des retours en grâce...
Et malgré cela et la promesse d'un beau conte, rien de captivant, ni d'envoûtant, ni de merveilleux dans ce livre. Il me tardait de le finir...Ouf !
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Cela me sera impossible d'écrire un billet de lecture à hauteur de l'expérience de lecture de ce très grand et réussi roman du grand Salman Rushdie.

Non seulement l'auteur réussit à faire revivre une épopée de l'histoire du sud de l'Inde, mais il la ré-écrit et nous emporte de façon flamboyante et vivante dans cette histoire d'hier, qui résonne encore aujourd'hui.

La capitale de l'empire de Vijayanagara où se déroule le récit, a réellement existé du XIVe au XVIe siècle, puis elle s'est éteinte, et son souvenir fut oublié. Dans cette cité, les hommes et les femmes vivaient à égalité, bien plus que de nos jours ( Y croyez-vous ?) au même endroit. de ce point de départ réel, Rushdie tire une odyssée puissante, racontant le destin de Pampa Kampana, mi-femme mi-déesse, qui murmure aux habitants leurs rêves et leur passé.

Après un traumatisme enfant, où elle est obligée d'assister au bûcher des veuves brûlées dont sa mère, Pampa Kampana, va vivre dans une grotte où un second traumatisme la guette.

Suite à cela, elle sera choisie par une déesse qui parlera par sa voix et elle fera naître une cité où les femmes pourront être prises au sérieux, et exercer les mêmes métiers que les hommes : Bisnaga naîtra de graines, et ses habitants deviendront des êtres vivants complets,en ayant mémoire et souvenirs qui leur seront chuchotés par Pampa Kampana.


Le reste de l'histoire il faut le lire.
Sachez que Pampa Kampana vivra plus de 200 ans, que l'auteur s'amuse à distiller des pointes de malice en évoquant le long poème de Pampa Kampana, disant que son récit à lui n'est pas si bon, que j'ai pleuré et ri, parfois, que même si Rushdie est trop intelligent pour être moraliste, il reste pourfendeur des intégristes de tout poil, et que cette histoire magnifique, est profondément féministe, humaniste, merveilleuse, imaginative et pourtant basée sur un fait qui fut.


Sachez aussi qu'il est impossible de s'ennuyer à cette lecture, que c'est très bien traduit, que beaucoup de thématiques y sont abordées, que beaucoup de symbolique j'y ai trouvé.


Sachez également que l'amour, l'amitié et l'amour maternel y sont fort bien évoqués, que la bêtise humaine aussi, que les pièges du pouvoir, et que les esprits religieux voulant contrôler le reste du monde, s'y trouvent aussi.


C'est une grande comédie humaine, intemporelle, universelle et magnifique.

À lire et faire lire, absolument.
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Résumé du site Les libraires :

« Un conte épique prenant sa source dans le sud de l'Inde au XIVe siècle. Suivant la mission que lui a confiée une déesse, une jeune femme nommée Pampa Kampana donne vie, par son souffle, à Bisnaga, une cité où règne la tolérance et où les femmes sont les égales des hommes. Au cours des deux siècles et demi qui suivent, elle est témoin de l'apogée, de la déchéance et de la chute de cet empire. »

Magnifique et bien écrit même si j'ai trouvé le dernier tiers un peu redondant et un peu long. Une fatigue de lecture peut-être ! On a beau se trouver au XIVe siècle et dans un univers un peu surnaturel parfois, ce livre nous parle de nous à sa manière. On y devine les grands courants qui font et défont les sociétés et les règnes : jeux de pouvoir, ruse politique, intolérance, corruption, fanatisme religieux, espoirs de changements, désir d'égalité, révolution, amour, liberté sexuelle, humanisme, art salvateur, etc. J'ai trouvé au départ très intéressante, cette oeuvre-miroir et j'ai appris sur les jeux des politiciens. Il y a beaucoup de personnages aux noms bizarres, mais l'auteur, avec ses descriptions précises, sait bien nous situer et ramener des situations parfois oubliées. La redondance ressentie à la fin est peut-être au fond une illustration de cet éternel recommencement de l'Histoire et des valeurs qui naissent, meurent et renaissent. J'ai bien aimé.

Tiré du livre :

« Pour notre part, nous nous efforcerons de comprendre comment la poésie nous apprend des vérités qu'un simple récit en prose de la vérité est incapable de révéler, n'étant pas à la hauteur de la tâche. »

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Il s'agit ici d'un conte, et non pas réellement d'un roman. L'héroïne se trouve dotée de dons surnaturels, tels que de pouvoir faire surgir une ville en plantant quelques graines, de voler tel un oiseau, de vivre 250 années...
On peut être surpris par cette forme littéraire, et douter de son intérêt. Elle permettra à l'auteur de démontrer, si cela était nécessaire, que toute oeuvre humaine est vouée à la destruction, soit naturelle, soit de façon accélérée par l'orgueil, la bêtise, la méchanceté.
Notre personnage, Kampa Kampana, d'abord petite fille confrontée au pire - la mort de sa mère est un passage fort et douloureux - va murir, vieillir lentement, assister à l'apogée d'une cité, au triomphe des siens, puis à leur déclin, jusqu'à la disparition de tout cela, attendue et logique.
La question est: est-ce que le lecteur suit, marche-t'il, avec l'auteur, avec plaisir et intérêt, dans l'aventure?
Pour ma part, cela m'a été un peu difficile, et l'ennui m'a parfois lassé au fil des pages.
On reconnaîtra toutefois à l'auteur une bonne maîtrise de son récit, avec toutefois des effets de style inégaux.
Chacun jugera, si l'idée de lire une conte partiellement fantastique ne le rebute pas a priori.
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Mon premier livre de Salman Rushdie est [Haroun et la mer des histoires], que d'aucuns qualifieraient de livre pour enfants et que j'avais beaucoup aimé (peut-être ne suis-je encore qu'un enfant). Puis je me suis attelée aux [Enfants de minuit], mais je crois que je n'ai pas dépassé la page 100, je ne sais plus exactement pourquoi maintenant, mais probablement à cause du style et parce que l'histoire n'avançait pas. Depuis, bien que j'ai très envie de lire cet auteur, et notamment ses [Versets sataniques] (plus pour ce qu'ils représentent de notre époque que pour leur valeur littéraire dont je ne peux rien dire), j'ai toujours hésité à sauter le pas. Quand j'ai entendu parler de [La Cité de la Victoire] (et c'était tout juste avant l'attentat dont Salman Rushdie a été victime en août 2022, ce qui donne d'ailleurs un étrange relief à certains passages de ce livre), je me suis dit que j'avais enfin trouvé le livre pour reprendre contact avec Salman Rushdie. J'ai donc patiemment attendu sa traduction en français, et dès qu'il est apparu sur les étagères de ma bibliothèque numérique municipale, je l'ai réservé. Cela m'a pris un peu plus de temps pour enfin l'ouvrir, mais je suis contente de l'avoir enfin fait.
Pourtant, j'ai maintenant bien du mal à écrire cette note de lecture, parce que j'ai bien du mal à savoir ce que j'ai pensé de ce livre. L'idée m'a beaucoup plue, celle d'un manuscrit retrouvé qui retrace toute l'histoire d'une ville et d'un empire, depuis sa naissance jusqu'à sa chute, avec un brin de réalisme magique (auquel Salman Rushdie semble être habitué puisqu'on le retrouve au moins dans [Les Enfants de minuit]) puisque les quelques deux cents ans de cette histoire sont racontées par la même poétesse qui a présidé à la création de sa naissance et a assisté à sa chute. Mais j'aurais je crois préféré lire directement le manuscrit de Pampa Kampana plutôt que la réécriture par l'archéologue qui découvre ce manuscrit. Certes cela n'aurait fait une mise en abyme simple alors que là elle est au carré si je peux utiliser cette métaphore mathématique, mais cela aurait fait un texte peut-être plus beau et aurait évité le ton ironique, pédant et parfois un peu suffisant de l'archéologue. J'ai trop souvent eu l'impression que Salman Rushdie « se regardait écrire » comme d'autres s'écoutent parler, fasciné par les mots qui tombent de sa plume.
Mais si j'ai réussi à m'habituer au style (ou si le ton s'est un peu assagi avec l'effacement de la figure de l'archéologue), j'ai alors été happée dans une histoire dont je n'ai pas réussi à saisir la portée. Il y a probablement trop de références à l'histoire de l'Inde et à l'hindouisme que je n'ai pas réussi à saisir, alors que d'autres m'étaient un peu mieux connues, ce qui mettait encore plus en évidence mes incompréhensions. J'ai aimé cependant la façon dont Salman Rushdie crée son monde, qui, bien que créé
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