Bertrand Russell n'y va pas avec le dos de la cuillère. D'emblée, il affirme le caractère néfaste de toutes les religions, dans lesquelles il va jusqu'à inclure le communisme. Ensuite, il démonte toutes les "preuves" de l'existence d'une vérité divine, en insistant sur l'absurdité de la plupart de celles-ci. D'un point de vue logique, et Russell est un grand logicien, on ne peut que le suivre. Mais il reste la morale : croire en Dieu, même si rien ne prouve son existence, ferait du bien, améliorerait l'être humain. Là aussi, Russell prend le contre-pied des idées reçues et montre que la religion a plus créé de mal qu'elle en a ôté, que les règles morales qu'elle a défendues ne vont pas de soi, qu'elle a rendu honteuse la sexualité sans raison, qu'elle a inventé des scrupules injustifiés, qu'elle a même empêché les hommes de se rapprocher les uns des autres. Faut-il donc tout balancer? Russell s'en garde bien. Il conserve la figure du Christ, sans la diviniser et en demeurant critique, il conserve surtout l'amour, la volonté de chercher ensemble le bien de tous et de ne pas entraver les relations humaines par des règles castratrices. Bref, il prouve que l'on peut rejeter la religion sans être un affreux dépravé et que les attaques inouïes qu'on a porté contre lui ne démontrent que l'étroitesse de la pensée unique qu'il décèle dans tout discours religieux.