Sangliers

Lilly et sa famille de Sangliers (Longs Poils Bruns) vivent dans la forêt auprès de leurs semblables. Leur ennemi ? Les Deux Pattes et leurs fusils ! Mais un jour La Gonfle, leur chef, devient plus radical. Les Sanglochons, qui ressemblent aux Longs Poils Bruns (mais pas tout à fait) sont les nouveaux ennemis. Gare à ceux qui sont différents et ne rentrent pas dans le moule !

L'histoire fait beaucoup de parallèles avec des événements et régimes totalitaires passés mais aussi avec beaucoup de situations actuelles… J'ai eu ces images et ces exemples humains tout au long de ma lecture, c'était assez clair. Cela tout en étant passionnée par ces Sangliers, je voyais très bien dans ma tête tous ces personnages et leur forêt.

La manipulation est évoqué de façon assez intéressante. Ce livre a des points communs avec « La Ferme des Animaux » mais je trouve qu'on y retrouve aussi pas mal de « La Vague » version Sangliers.

Certains passages étaient un peu redondants avec quelques petites longueurs mais ils permettaient de bien comprendre le processus qui malheureusement se reproduit…

Je trouve que ce livre n'est finalement pas si jeunesse que ça. Il y a beaucoup de références, qu'elles soient historiques ou culturelles. Pour les plus jeunes cela peut être une façon plus « ludique » d'aborder tous ces thèmes, notamment grâce aux animaux et avec quelques explications des parents. Mais le fond est vraiment intéressant même pour les adultes et amène à la réflexion.

Malgré tous les faits évoqués je n'ai pas trouvé que cette « fable » était moralisatrice, les personnages ne sont pas parfaits face à toutes ces situations et se posent de nombreuses questions.

Dictature, mixité, différence, endoctrinement, manipulation et résistance, ce petit livre de 170 pages évoque tous ces mécanismes de façon originale.
Mention spéciale pour la couverture que je trouve très belle et adaptée.

#Masse Critique

Le dernier roman de Pascal Ruter aborde un sujet de société et d'histoire à travers la métaphore d'animaux. Lilly et sa famille de sangliers ont toujours vécu libres au coeur de la forêt. Mais lors d'un hiver très rude, le discours du doyen de leur communauté se radicalise : non aux estropiés et à ceux qui ne sont pas dans la norme ! Lilly refuse ce discours de haine et ne comprend pas pourquoi les sangliers oublient si vite la notion de solidarité et de tolérance. Quand elle se rend compte qu'elle est différente des autres, elle décide de fuir dans un autre pays plus accueillant. Mais bien vite, les discours de haine de l'Autre passent la frontière. A travers ce roman riche, l'auteur montre la montée de la haine de l'Autre, de celui qui est différent mais également l'importance de la mémoire pour ne pas refaire les mêmes erreurs. Un roman d'actualité donc et qui se lit d'une traite même s'il y a parfois quelques longueurs. Une lecture salutaire qu'il faudrait accompagner afin de comprendre tous les enjeux énoncés. #Sangliers #NetGalleyFrance

Ce texte, écrit à la manière d'une fable, met en scène des animaux sauvages et, principalement, des sangliers. À travers eux, l'auteur dénonce les régimes totalitaires où « tout le monde sait qu'on est plus heureux sans se poser de questions et que l'obéissance à son souverain est source de félicité » (p.46). Homme et animal n'ont jamais été aussi semblables et cela glace le sang car ce récit retrace, entre autre, l'Histoire du nazisme afin de ne pas oublier l'horreur et de ne pas la perpétrer à nouveau « car quiconque possède un peu de mémoire est porté à la bonté et l'indulgence » (p.56). Dans ce contexte, Pascal Ruter réussi un tour de maître en ne négligeant aucun détail lors de l'écriture de ce roman pour que celle-ci colle parfaitement au monde animal : vocabulaire travaillé en ce sens, expressions détournées (ex. Voir la châtaigne pleine plutôt que la châtaigne vide), ajustements de faits historiques (ex. gland vert posé sur la défense gauche au lieu de l'étoile jaune), etc. Cela apporte originalité et consistance au texte. le lecteur est ainsi en totale immersion dans la vie sauvage et se sent proche de la faune qui la peuple. Il se lie facilement à Lilly, personnage central, mais également à d'autres protagonistes pour lesquels il éprouve de l'empathie et de la sympathie. le père de Lilly, Groin-Groin, ressort particulièrement du lot grâce à son courage, son esprit de famille et, surtout, sa positivité à toute épreuve même si celle-ci s'apparente souvent à de la naïveté. Cela fait du bien dans un roman assez sombre tout comme les traits d'humour disséminés ici et là par l'auteur telles de petites éclaircies pour alléger le corps du texte. Ce dernier étant servi par une belle plume dont Pascal Ruter a le secret : un souvenir aussi éphémère qu'un papillon de nuit, les doigts roses de l'aube caressaient le sommet des arbres, etc.
Le questionnement des animaux à propos des Deux Pattes et de la haine que ces derniers éprouvent à leur égard est intéressante et porte à réflexion. Il est toujours intéressant d'avoir un autre point de vue sur un fait précis comme, ici, la chasse ressentie à travers les yeux des bêtes sauvages.
Le choix d'un personnage féminin comme figure principale est d'autant plus appréciable qu'il permet de pointer la faible estime du peuple à l'égard des femelles, ce qui n'est pas sans lien avec le monde humain. Encore un sujet épineux soulevé par ce récit engagé.
Un mot résume parfaitement ce roman : la persévérance. Celle dont fait preuve Lilly pour sauver son peuple malgré tout, mais aussi celle des protagonistes qui ne perdent jamais espoir et restent unis malgré les difficultés rencontrées. Les liens créés dans la difficulté sont les plus beaux et les plus résistants.
Malgré toutes ces éloges, le lecteur reste sur sa faim quand arrive le dénouement du récit qui demeure un peu trop dans l'expectative. Cette fin ouverte le frustre car il aurait aimé aller au bout de la quête.
Lien : https://livresratures.wordpr..

Les Longs Poils Bruns sont un peuple de sangliers. Parmi eux, Lilly vit paisiblement dans la forêt, avec ses parents et ses frères. Tout semble aller pour le mieux pour tout le monde, tant que les Deux Pattes, les humains qui les chassent, sont absents. Mais au cours d'un rude hiver, le doyen des Longs Poils Bruns, un sanglier nommé La Gonfle radicalise son discours et accuse les Sanglochons (mi-sangliers, mi-cochons) d'être à l'origine de tous leurs troubles. Commence alors pour Lilly et sa famille un exode en quête d'un avenir meilleur.

J'ai tout de suite été intéressée par ce roman jeunesse qui abordait le nazisme et ses conséquences tout en rendant hommage à "La Ferme des Animaux" de George Orwell car je trouve que c'est un sujet complexe à expliquer à un enfant. Et pourtant, le pari est réussi. Avec des mots simples, l'auteur explique la manipulation des esprits, l'inaction de la population face aux premières brimades, la collaboration, la délation, l'horreur des camps. Il y décrit aussi le déchirement des familles, qui laissent derrière elles les endroits où elles ont vécu et parfois des proches qu'elles ne reverront sans doute jamais. Difficile de ne pas être émue par ce roman et surtout Lilly, qui perd soudain tous ses repères et tout ce qu'elle a connu sans véritable raison autre que la haine et le besoin de blâmer quelqu'un, n'importe qui. Il semblerait qu'il y ait une suite (à paraître) que je ne manquerais pas de lire. Pour ceux qui cherchent un livre pour expliquer à des adolescents cette période sombre de l'histoire sans trop les choquer, ce roman est une bonne idée.

Une métaphore de l'émigration et de ses enjeux (causes du départ, fuite, accueil…), de la peur de l'étranger, de la montée de la haine… à travers les aventures de sangliers et autres animaux de la forêt.

L'histoire : Lilly est une poil brun (un sanglier). Elle vit avec son père Groin-Groin, sa mère Crin-Crin et ses sept frères. Elle voit en cachette Magique, un Sanglochon (un solitaire qu'il est interdit de côtoyer.)
Or, le territoire des Poils Bruns est dirigé par un vieux sanglier : La Gonfle. Il se sert de l'incapacité des sangliers à se souvenir pour affirmer son pouvoir. Un jour, il déclare les Sanglochons et autres dégénérés impurs. Ils doivent être exterminés. le périple commence pour Lilly et les siens.

Retour de lecture : Pascal Ruter est l'un de mes auteurs jeunesse préférés et j'adore tout ce qu'il fait. Toutefois, j'ai moins accroché avec celui-ci. L'idée est intéressante. Il parle de sangliers, de cerfs, de chevreuils… et y transpose un sujet d'actualité. Une façon, sans doute, pour les enfants de découvrir les divers mécanismes de l'émigration et de la politique.

La vie était belle pour Lilly et sa famille. Ils n'avaient aucune “tare” : ils étaient un groupe lorsque les solitaires étaient exclus. Et Lilly avait même été choisie par La Gonfle pour recevoir son enseignement (un honneur.) Pourtant, elle ne respectait pas les règles à côtoyer un Sanglochon : ces êtres mal considérés car différents et solitaires.
La seule menace était la chasse des Deux-Pattes et de leurs chiens. Une chasse qui aura des répercutions à long terme sur la famille de Lilly ; au moment où le régime de la Gonfle devient autoritaire.
Commencent alors les discours de la haine, l'embrigadement de la population, l'augmentation de la force armée et des contrôles…

Un roman à partir de 12 ans. Il peut très bien être lu sans que le parallèle avec la réalité ne soit fait par l'enfant qui peut le lire comme les aventures de Lilly, Crin-crin et Magique dans une forêt particulière. Mais il peut aussi servir de base pour aborder les thématiques présentes avec les enfants.

Voici un roman très original de Pascal REUTER, à la fois fable animalière et essai philosophique pour montrer aux jeunes le fonctionnement d'un gouvernement totalitaire et mettre en lumière les étapes de la manipulation des individus et la radicalisation progressive des meneurs.
Lily, jeune "sanglochonne" (sanglier croisé de cochon) sans le savoir, vit dans une horde de sangliers qui a toujours vécue libre dans la forêt. Les attaques des chasseurs humains puis les prises de position de leur chef « La Gonfle » mettent en péril l'équilibre familial et sociétal. Sous prétexte de protéger ses sangliers de pure race, les dirigeants stigmatisent, excluent et en font disparaître d'autres : les impurs, les estropiés et autres "dégénérés".
Au cours d'un dangereux périple, Lilly usera de tout son courage et de son intelligence pour lutter contre toutes les formes d'oppression…
Le texte manie l'humour et la dérision pour présenter des thématiques graves comme les inégalités hommes femmes, le racisme, la montée des
extrémismes, l'hégémonie d'une race, le choix entre résistance ou soumission, l'exil politique …
Les personnages animaux sont attachants. Ils oscillent entre comportements propres à leur espèce et attitudes socialement humaines… Seul bémol de mon point de vue, leurs noms (Groin-groin, Crin-crin…) sont enfantins, voire ridicules et détonnent face à la force du propos.
L'auteur montre néanmoins une grande inventivité dans la langue. Il adapte des expressions du français à son modèle de société animale, utilise des références littéraires et cite des anecdotes et répliques de politiciens bien connus qui prêtent à sourire.
Roman engagé qui fait penser à la Ferme des animaux, bien sûr, et prétexte à échanges et discussions sur des sujets tristement d'actualité.
A découvrir absolument que l'on soit jeune lecteur, éducateur ou enseignant.

Ce roman très court nous fait un comparatif réussi entre notre société, notre Histoire, et celle d'une famille de sangliers dans laquelle il n'est pas bon d'être différent. En effet, les croisements entre sangliers et cochons sont désapprouvés, les animaux blessés – considérés handicapés – sont mal perçus par les autres et la grande majorité de leur population suit bêtement le grand chef… qui finit par imposer sa loi et transformer la société en dictature. Lilly doit alors fuir et découvre d'autres organisations, d'autres campements… qui finissent eux aussi par collaborer.

On perçoit donc très rapidement le parallèle avec notre Histoire, avec celle du siècle passé. Utiliser celle-ci dans un contexte animalier change l'angle de vue et c'est intéressant car on reconsidère les choses. En effet, le croisement entre un cochon et un sanglier nous laisse totalement indifférent et personne ne voit le moindre mal à cela. Pour autant, certains ont vu (et voient encore…) d'un très mauvais oeil l'union humaine de personnes différentes, que ce soit pour leur couleur de peau, leur origine, leur religion etc.. Pourtant, dès qu'on le met dans une dimension qui n'est plus humaine, la chose devient absurde.. Et c'est intéressant de l'aborder ainsi, notamment pour les plus jeunes qui n'ont pas forcément conscience de ce qui a pu se passer dans notre monde, qui n'ont pas perçu l'ampleur de l'horreur. D'autre part, c'est aussi intéressant de faire lire cela à quelqu'un de fermer d'esprit, en espérant que le changement de cadre puisse faire évoluer sa mentalité.

Cette histoire fait froid dans le dos parce qu'elle a une véritable dimension réaliste. Elle s'est déjà produite et personne n'est à l'abri d'un recommencement. C'est pourquoi, comme c'est si bien dit dans le roman, il est important de s'éduquer et d'apprendre à penser par soi-même. Cette histoire fait réfléchir, tout en proposant quelques touches d'humour, et c'est la meilleure façon pour faire passer un message selon moi.

Quelques bémols toutefois : si la plume est sympa, je n'ai pas ressenti d'attrait particulier. le texte manquait parfois de dialogue, ce qui pouvait ralentir la lecture et le rythme. Les caractères des personnages ne sont pas creusés, car nous ne sommes pas là pour ça, mais je n'ai donc pas eu d'attachement envers eux. Malgré cela, le roman fait son travail et me semble intéressant et pertinent à travailler !
Lien : https://voyagelitteraire.wor..