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Citations sur L'Ange des ténèbres (24)

En tout cas et quoi qu'il en fût, c'était sûrement à la paix qu'il aspirait, c'était de cela qu'il avait besoin, ainsi que tout créateur, que tous ceux qui sont nés avec la malédiction de ne pas se résigner à la réalité qui leur a échu de vivre, et pour qui l'univers est horrible ou tragiquement provisoire et imparfait. Car il n'est pas de bonheur absolu, se disait-il. À peine nous est-il donné en de fugaces et fragiles moments, et l'art est une façon d'éterniser (de chercher à éterniser) de tels instants d'amour ou d'extase. Car toutes nos espérances se transforment tôt ou tard en réalités bancales. Car nous sommes tous déçus d'une façon ou d'une autre ; et si nous réussissions en quelque chose, nous échouons en telle autre ; la déception est la destinée inéluctable de tout être mortel. Car nous sommes tous seuls, ou nous finissons toujours par l'être un jour : amant sans la partenaire aimée, père sans ses enfants ou enfants sans leur père, et le révolutionnaire pur face à la triste matérialisation des idéaux qu'il a jadis défendus au prix de sa souffrance et d'atroces tortures. Car la vie est un continuel rendez-vous manqué ; et si nous rencontrons quelqu'un sur notre chemin, nous ne l'aimons pas quand il nous aime, ou nous l'aimons quand nous ne sommes plus aimé, ou bien quand la personne est morte et que notre amour est devenu vain.
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Mais j'ai aussi mille fois affirmé que l'homme n'est pas explicable ou qu'il faut en tout cas chercher ses secrets non dans ses raisonnements conscients, mais dans ses songes et ses délires.
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Tous les jours, de quatre à six, on avait nos cours. Les plus instruits enseignaient, les autres apprenaient : la grammaire, l'arithmétique, l'histoire, la géographie, la politique, le quechua. Il y avait même des cours de nuit, mais facultatifs, pour ceux qui voulaient en apprendre davantage et qui avaient le plus de résistance. Le Che donnait son cours de français. Il ne s'agit pas de donner des coups de fusils, disait-il, ce n'est pas tout de faire le coup de feu. Un jour, si nous gagnons cette guérilla, certains d'entre vous devront être des dirigeants. Les cadres ne doivent pas seulement avoir du courage, ils doivent se développer idéologiquement, ils doivent être capables de faire des analyses rapides et de prendre des décisions justes, ils doivent être capables de fidélité et de discipline. Mais il disait qu'il fallait surtout constituer l'exemple de l'homme nouveau auquel nous aspirons dans une société juste.
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C'est qu'un grand écrivain n'est pas un artificier de la parole mais un grand homme qui écrit [...].
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- Notre civilisation est malade. Il n'y a pas que l'exploitation et la Isère matérielle, Marcelo, il y a la misère spirituelle. Et je suis parfaitement sûr que tu es d'accord avec moi là-dessus. Il ne s'agit pas d'obtenir que tout le monde ait un frigo. Il s'agit de créer un etre qui soit humain pour de bon. En attendant, le devoir de l'écrivain est d'écrire la vérité, de ne pas contribuer à cette dégradation par des mensonges.
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Socrate et Sartre. Tous deux laids, tous les deux détestant leur corps. Éprouvant de la répugnance pour leur chair, aspirant à un monde transparent et éternel. Qui pouvait inventer le platonisme si ce n'est quelqu'un qui se sentait le ventre plein de merde?
On crée ce que l'on n'a pas, ce dont on éprouve l'urgent besoin.
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L'univers était si vaste. Catastrophes et tragédies, amours et déceptions, espérances et morts lui donnaient l'aspect de l'incommensurable.
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- Le cancer est le fléau de la civilisation.
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– Ah, le bon temps, Nacho, le bon temps…Pour rien te cacher, c’est l’époque de ma vie que je me souviens le plus, c’est le meilleur temps de ma vie. Je faisais le péon, mais quand j’ai su que le cirque Lobandi était au village, j’y suis allé. Nelia Nelki habillée en homme montait un cheval blanc qui avait la queue tellement longue qu’elle traînait par terre. Puis Lobandi en personne, le seul, l’unique, il montait sur le cheval en l’attrapant par la queue, et pendant que le cheval tournait au son de la musique, il ôtait vingt-cinq gilets de couleurs différentes. Et Scarpini, le fameux clown argentin… Et après, il y avait un numéro terrible dans une cage qui tenait toute la piste, avec un lion africain en liberté, le dompteur et un cheval noir comme du charbon. Et puis la fameuse Pyramide humaine des frères Lopresti… Alors je me suis dit : Moi je pars avec ce cirque-là, et advienne que pourra.
– Et ils t’ont mis dans la Pyramide humaine ?
– Allons, voyons, Nacho, comment qu’ils m’auraient mis dans la Pyramide, si je savais rien faire ? Qu’est-ce que tu crois que c’est un cirque ? C’est très sérieux, un cirque. Ils m’ont engagé comme péon. J’enlevais le crottin des chevaux, je balayais le chapiteau, un peu de tout, tu vois. Valet d’écurie, quoi. Mais quand il y avait représentation, j’avais l’uniforme avec les galons dorés et le képi, ils nous faisaient faire la haie de chaque côté, comme un couloir, et les athlètes, les chevaux, les chiens savants, les clowns, ils passaient entre nous.
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…L’immense majorité des écrivains n’écrit que pour des raisons secondaires. Parce qu’ils veulent la gloire ou l’argent, parce qu’ils ont une certaine facilité, parce qu’ils ne résistent pas à la vanité de se voir imprimés, par distraction ou par jeu. Mais il y a les autres, mêmes s’ils sont peu, ceux qui comptent, qui obéissent à l’obscure malédiction de porter témoignage de leur drame, de leur perplexité devant un univers angoissant, de leur espoir au plein milieu de l’horreur, de la guerre ou de la solitude. Ce sont les grands témoins de leur temps, mes enfants. Ce sont des êtres qui n’écrivent pas avec facilité, mais avec déchirement. Des hommes qui rêvent un peu le rêve collectif, et n’expriment pas seulement leurs angoisses personnelles mais celles de l’humanité toute entière… ces rêves peuvent être effroyables, comme ceux de Lautréamont ou de Sade. Mais ils sont sacrés. Utiles dans la mesure même où ils sont effroyables.
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