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Citations sur Le tunnel (78)

Le suicide séduit par sa facilité d'anéantissement: en une seconde, tout cet univers absurde s'écroule comme un gigantesque simulacre, comme si la solidité de ses gratte-ciel, de ses cuirassés, de ses citernes, de ses prisons, n'était rien d'autre qu'une fantasmagorie, sans plus de solidité que le gratte-ciel, cuirassés, et prisons d'un cauchemar.
La vie m'apparait à la lumière de ce raisonnement comme un long cauchemar dont on peut cependant se délivrer par la mort, qui serait une espèce de réveil. Mais réveil à quoi? Ce risque de ne trouver au-delà que le néant absolu et éternel m'a retenu dans tous mes projets de suicide. Malgré tout l'homme est si attaché à ce qui existe qu'il préfère finalement supporter son imperfection et la douleur que lui cause sa laideur, plutôt que d'annihiler la fantasmagorie par un acte de volonté propre.
En outre, d'ordinaire, quand nous en sommes arrivés à cette frontière du désespoir qui jouxte le suicide, après avoir fait l'inventaire complet de tout ce qui va mal et être parvenus au point où ce mal semble insurmontable, le moindre élément positif acquiert une valeur disproportionnée, finit par jouer un rôle décisif et nous nous accrochons à lui comme nous nous agripperions à n'importe quel brin d'herbe devant le danger de rouler dans un précipice
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En réalité, j'ai toujours pensé qu'il n'existe pas de mémoire collective, ce qui pourrait être pour la race humaine une manière de se défendre. Le fameux "bon vieux temps" ne signifie pas qu'il aurait eu dans le passé moins de malheurs, mais qu'heureusement on s'empresse de les oublier.

*

Je comprends aujourd'hui à quel point l'amour est aveugle et quel est son pouvoir magique de transfiguration. La beauté du monde ! C'est à mourir de dire.

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Mais je crois qu'on ne doit pas s'abandonner passivement à ces sentiments.

*

Malgré tout, l'homme est si attaché à ce qui existe qu'il préfère finalement supporter son imperfection et la douleur que lui cause sa laideur, plutôt que d'annihiler la fantasmagorie par un acte de volonté propre. En outre, d'ordinaire, quand nous en sommes arrivés à cette frontière du désespoir qui jouxte le suicide, après avoir fait l'inventaire complet de tout ce qui va mal et être parvenus au point où ce mal semble insurmontable, le moindre élément positif acquiert une valeur disproportionnée, finit par jouer un rôle décisif et nous nous accrochons à lui comme nous nous agripperions désespérément à n'importe quel brin d'herbe devant le danger de rouler dans un précipice.

*

Et ensuite, quand j'analysais mes sentiments, je m'apercevais qu'elle avait commencé par m'être indispensable (comme quelqu'un qu'on rencontre dans une île déserte) pour devenir plus tard, une fois passée la hantise de la solitude absolue, une espèce de luxe qui faisait mon orgueil ; et c'est dans cette seconde phase de mon amour qu'avaient commencé à surgir mille difficultés ; de la même façon qu'en passe de mourir de faim on accepte n'importe quoi, sans poser de conditions ; mais ensuite, une fois que les besoins les plus impérieux ont été satisfaits, on commence à se plaindre, et sans cesse davantage, des défauts et inconvénients de la nourriture. J'ai vu ces dernières années des immigrants qui arrivaient avec l'humilité de ceux qui ont échappé aux camps de concentration ; ils acceptaient n'importe quoi pour vivre et s'acquittaient avec joie des travaux les plus humiliants ; mais il est assez étrange qu'il ne suffise pas à un homme d'avoir échappé à la torture et à la mort pour vivre content : dès qu'il commence à acquérir une nouvelle assurance, l'orgueil, la vanité et la prétention, qui apparemment avaient été annihilés pour toujours, se mettent à réapparaître en lui comme des animaux qui se seraient enfuis sous le coup de la peur ; et, d'une certaine façon, à réapparaître avec plus d'agressivité, comme s'ils avaient honte d'être auparavant tombés si bas.
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L'art seul peut consoler l'homme de l'imperfection du monde dans lequel il vit.
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« Je crois que la vérité est parfaite pour les mathématiques, la chimie, la philosophie, mais pas pour la vie. Dans la vie, l'illusion, l'imagination, le désir, l'espoir comptent plus. »
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Je retournais chez moi avec la sensation d'une solitude absolue. Généralement, cette sensation d'être seul au monde s'accompagne chez moi d'un orgueilleux sentiment de supériorité : je méprise les hommes, je les vois sales, laids, incapables, avides, grossiers, mesquins ; ma solitude ne m'effraie pas, elle est pour ainsi dire olympienne. Mais, ce jour là, ma solitude était la onséquence de ce qu'il y avait de pire en moi, de mes bassesses. Dans ces cas-là, je sens que le monde est méprisable, mais je comprends que moi aussi, je fais partie de ce monde.... Et je ressens une certaine satisfaction à éprouver ma propre bassesse et à admettre que je ne suis pas meilleur que les monstres répugnants qui m'entourent.
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Il m'est arrivé parfois de me retourner brusquement avec la sensation qu'on était en train de m'épier, de ne voir personne et de sentir pourtant que la solitude qui m'entourait était un fait tout récent, que quelque chose de fugace avait disparu, comme si un léger frisson continuait à vibrer dans l'atmosphère.
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Il arrive qu'on se croit un surhomme, jusqu'au jour où l'on s'aperçoit que comme les autres, on est mesquin, répugnant et faux.
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 j’avais senti que je n’arriverais jamais à m’unir à elle totalement et que je devais me résigner à n’avoir que de fragiles moments de communion, aussi mélancoliquement insaisissables que le souvenir de certains rêves ou que le bonheur procuré par certaines phrases musicales.
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Fíjate que ser original es en cierto modo estar poniendo de manifiesto la mediocridad de los demás, lo que me parece de gusto muy dudoso. Creo que si yo pintase o escribiese haría cosas que no llamasen la atención en ningún momento.
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Y suele resultar, también, que cuando hemos llegado hasta ese borde de la desesperación que precede al suicidio, por haber agotado el inventario de todo lo que es malo y haber llegado al punto en que el mal es insuperable, cualquier elemento bueno, por pequeño que sea, adquiere un desproporcionado valor, termina por hacerse decisivo y nos aferramos a él como nos agarraríamos desesperadamente de cualquier hierba ante el peligro de rodar en un abismo.
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