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« Toute notre vie ne serait-elle qu'une suite de cris anonymes dans un désert d'astres indifférents? »
Avec cet intense roman de la solitude, de l'incommunicabilité, Ernesto Sabato projette son lecteur dans le tunnel des pensées flippantes de son narrateur, Juan Pablo Castel, et ce n'est pas de tout repos! On s'enfonce dans ce récit d'une relation amoureuse orageuse, au rythme des oscillations amour/haine (la demi-mesure, chez Castel, ça n'existe pas), dans les affres d'une jalousie infernale, dévorante, destructrice.
Le narrateur est en prison, mais ça ce n'est rien à côté de l'enfermement morbide dans l'incessante activité de raisonnement, d'interprétation, d'échafaudage d'hypothèses, opérée par son esprit, se saisissant du moindre silence ou d'un « vestige de sourire » pour nourrir ses soupçons, s'emmurant dans une logique délirante qui l'éloigne de la seule personne qui, selon lui, pouvait le comprendre:
« j'arrivai enfin à formuler mon idée sous cette forme terrible mais indiscutable : Maria et la prostituée ont une expression semblable ; la prostituée simulait le plaisir ; Maria simulait donc le plaisir ; Maria est une prostituée. » CQFD!
Le lecteur se retrouve dans une position particulière, pas forcément très confortable. On est invité à pénétrer dans les dédales de cette pensée folle du narrateur, séduisante par son énergie, touché par ce sentiment que Juan a de vivre sa vie dans un tunnel obscur et solitaire loin de « la vie agitée que mènent ces gens qui vivent au-dehors, cette vie curieuse et absurde où il y a des bals, et des fêtes, et de l'allégresse, et de la frivolité. ». Mais on est bien obligé de se dégager de cette proximité, de s'en distancier quand les signes de dérapages, de paranoïa deviennent trop évidents.
C'est fort, mais on est plutôt soulagé que Sabato ait opté pour la brièveté!
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Juan-Pablo Castel est un peintre estimé et misanthrope : il n'aime rien ni personne, jusqu'aux critiques dont les louanges le hérissent... Incompris, il est prisonnier de sa solitude jusqu'au jour où il tombe amoureux fou de Maria qu'il finira pourtant par tuer, ainsi qu'il l'annonce dès les premières pages de son récit écrit en prison.
C'est le récit d'une passion dévorante et exclusive, une passion éprouvée par la jalousie, la vanité, la misanthropie et l'égocentrisme du peintre : Juan-Pablo ne profite jamais de son bonheur mais passe son temps à décortiquer les instants de bonheur qui lui sont accordés afin d'y trouver la preuve de la perfidie, de l'hypocrisie ou de l'infidélité de Maria. Il se sent incompris, persuadé que le reste de l'humanité ne lui arrive pas à la cheville. C'est un homme profondément seul, incapable de voir le bon, le beau sans y soupçonner quelque chose de mesquin ou de sale... et sa solitude le conduira jusqu'à la jalousie dévorante et la folie meurtrière.
Le récit implacable et minutieux d'une névrose pathologique et meurtrière.
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Un court mais grand roman ! dès la quatrième de couverture, on sait que le narrateur Juan Pablo Castel, artiste peintre a assassiné sa maîtresse Maria Iribarne, mariée à Allende, un aveugle.
Juan Pablo est fou amoureux de Maria mais d'un amour exclusif. Au fil des pages, on assiste à sa passion dévorante, à sa jalousie morbide qui l'enferme dans une solitude intérieure insurmontable (référence au tunnel).
Le thème de ce récit est intéressant car il décrit avec beaucoup d'intensité la montée en puissance de cette jalousie destructrice, la possession maladive, le manque de confiance en soi et en l'autre.
L'artiste se triture l'esprit avec des suppositions tirées de son imagination, il psychote, il ressasse, il exige des preuves d'amour mais ne communique pas vraiment avec Maria.
j'ai aimé ce livre bien que l'atmosphère soit souvent étouffante et oppressante
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Le récit d'une névrose meurtrière annoncée !

N'avez-vous jamais eu l'impression (que ce soit fondé ou non) d'être né(e) au mauvais endroit ? Voire pire, au mauvais moment, concernant les possibilités de rencontres amoureuses dans votre vie ??
On arrive toujours trop tôt, ou trop tard. Parfois on arrive en même temps, mais la synchronisation est de courte durée..

Dans ce livre, Sabato se met dans la peau de Juan Pablo Castel, un artiste peintre qui enfermé dans sa cellule, balance comment il en est arrivé à tuer la seule femme qu'il a aimé. Maria !
Aperçue lors d'un vernissage, Maria ne quitte plus ses pensées, c'est LA femme, sa moitié, son complément. Son âme soeur !
Juan erre à sa recherche dans les rues de Buenos Aires avec la conviction de la retrouver !
Il la retrouve, Maria est mariée !

Le tunnel fait référence à l'isolement affectif & physique de Castel par rapport à la société & envers lui même. Un roman noir & désespérant qui transmet tout le mal-être des personnes suspicieuses, obsessionnelle & habitées par la jalousie !
Bien que le livre date de 1948, j'ai été saisi par la modernité & le côté intemporel de l'histoire ! Un sujet toujours d'actualité: "La confiance dans l'amour de l'autre" où comment sombrer dans le doute qui conduit à la folie & par la suite à commette l'irréparable !
Dans le tunnel, ce ne sont pas des contraintes externes qui empêchent cet amour de s'épanouir, mais ce désir absolu de posséder complètement l'autre !

J'ai aimé ce livre, comme on aime un air de piano qui s'échappe d'une fenêtre ouverte un soir d'été !
Un livre qui m'a maintenu en éveil jusqu'aux heures les plus obscures de ma nuit !
Mais où partent les mots d'amour après l'amour ?
Et puis cette absurdité qu'a le coeur de s'accrocher à l'infiniment improbable ! Au final, connaît-on peut être l'amour que lorsqu'on l'a épuisé, quand il n'en est plus, à peine on l'a saisi, voilà qu'il s'évapore.
Un peu comme la vie !

Un roman très salué par Camus qui fait écho sud-américain à son existentialisme européen !
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Il suffira de dire que le tunnel est un court roman sur l'immense solitude de l'homme moderne, et de considérer qu'ainsi la critique en est faite. En réalité, si tout ceci peut être dit, il faudrait rendre justice à ce livre en le décrivant un peu plus. Salué par les auteurs européens comme un écho sud-américain de l'existentialisme qui interrogeait les philosophes à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le roman analyse précisément cette solitude à l'aune de la relation amoureuse.

Juan Pablo Castel, célèbre peintre, a été condamné pour le meurtre de Maria Iribarne. Il se propose d'écrire ses confessions qu'il espère publier, afin que quelqu'un, dit-il, le comprenne. Car Juan Pablo Castel a tué la seule personne qui l'ait jamais compris. Ainsi commencé, le roman propose un chemin littéraire hasardeux au lecteur. Ce dernier pense lire un roman policier dans lequel il s'agira de découvrir l'auteur du crime ; en vérité, il bascule dans un roman noir aux profondes motivations philosophiques.

Juan Pablo Castel a vu Maria devant l'un de ses tableaux durant un vernissage. A la différence des critiques qu'il exècre, Maria a remarqué un détail a priori insignifiant mais cela démontre, aux yeux de Juan Pablo, que Maria est comme lui. Juan Pablo n'aime pas la compagnie des hommes ; il les méprise, les trouve vils et pense que le monde est une horrible chose. Alors Maria devient rapidement une obsession pour Juan Pablo ; durant des mois, il cherche à la revoir.

Il y parvient et noue avec elle une relation amoureuse. Mais à peine établie, cette relation est ternie par les sombres pensées de Juan Pablo. Sans cesse à se torturer l'esprit, il tente d'obtenir de Maria des réponses claires sur ce qu'elle est, sur ce qu'elle éprouve pour lui. Tout au long du roman, l'ambiguïté est maintenue sur les sentiments de Maria et sur la vie qu'elle mène. En effet, Juan Pablo découvre qu'elle est mariée à Allende, un aveugle, et qu'elle se rend souvent dans l'estancia du cousin de son mari, Hunter, avec lequel Juan Pablo pense que Maria entretient une relation.

Le tunnel est la métaphore de la solitude. Juan Pablo évolue comme dans un tunnel, coupé du monde, isolé à jamais sauf à de rares instants où, par une fenêtre, il peut être vu. Juan Pablo croit que les tunnels peuvent parfois se croiser, ou peut-être ne le peuvent-ils pas. C'est là le paradoxe de nos sociétés – et la théorie de Sabato vaut encore plus à l'heure actuelle – qui idolâtrent la communication, cependant que les hommes et les femmes demeurent désespérément seuls. La jalousie, et notamment la jalousie amoureuse, n'est que la peur panique qui prend les êtres lorsqu'ils sont confrontés à la plus terrible solitude, celle qui succède aux plus tendres passions.
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Roman magistral salué par Camus et Graham Greene, le Tunnel, avec son titre énigmatique et sa brièveté déconcertante, est tout à la fois la métaphore de la relation amoureuse, mais aussi de la folie qui guette chacun d'entre nous, dans les méandres d'un esprit jaloux et possessif à l'excès. le malaise qui envahit peu à peu le lecteur page après page repose pour beaucoup sur le caractère à la fois détestable et profondément touchant de son héros, ce peintre torturé, animé de délires presque paranoïaques et en même temps d'une soif d'amour extraordinaire. de l'amour à la haine, de la passion à la destruction, il n'y a qu'un pas, que les deux héros franchiront allègrement, jusqu'à la folie meurtrière. L'écriture est délibérément étouffante, plongeant le lecteur dans les abîmes d'un esprit malade et incapable d'aimer sans être aimé, mais cette prose retranscrit à merveille les sentiments du narrateur, au point d'amener le lecteur à ressentir ce mélange de fascination et de répulsion qu'exerce Maria sur Castel. Incroyable de perversion et de noirceur, ce roman nous emmène aux confins de l'âme humaine, dans tout ce qu'elle a de plus sombre et de plus diabolique, et nous conduit à nous interroger sur les comportements des différents personnages : la jalousie maladive de Castel, son besoin de posséder à toute force Maria, sans jamais lui laisser un instant de répit, sans jamais cesser d'analyser ses moindres faits et gestes, mais aussi Maria elle-même, à qui la parole n'est jamais laissée pour se défendre ou tout au moins s'expliquer, de sorte qu'on ne sait si elle est réellement victime de Castel et de son amour délétère ou si elle encourage sa folie en se dérobant perpétuellement à lui ; l'époux de cette dernière, Allende, l'énigmatique aveugle (ce qui n'est pas sans le rapprocher des célèbres devins de la mythologie grecque) pourrait passer pour un personnage secondaire si la conclusion de cet étrange roman ne lui revenait pas, conduisant le lecteur à remettre en question rétrospectivement son apparente naïveté, comme si pour Allende, un amour même univoque valait mieux que pas d'amour du tout : aussi son désespoir est-il d'autant plus touchant et compréhensible, lorsqu'il apprend la mort de son épouse, qui pourtant le trompait au vu et au su de tous ; c'est ainsi qu'Allende finit par condamner sans appel Castel, dans une parole de malédiction empreinte d'un stoïcisme désabusé qui clôt le roman et résonne encore une fois la dernière page tournée.

(la suite en cliquant sur le lien ci-dessous !)
Lien : http://ars-legendi.over-blog..
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Castel, peintre reconnu et encensé par la critique, vit dans une solitude sans partage jusqu'à ce qu'il reconnaisse cet être, une jeune femme en l'occurrence, qui pourrait déchirer ce voile de ténèbres et vous diriger vers la lumière. A courir vers la lumière, on peut s'éblouir ou encore pire finir comme le phalène à sa rencontre avec le feu. Et dans ce roman, personne ne sortira indemne car la mort est au bout de la route.
En effet, la narrateur de ce roman se présente comme l'assassin. Il souhaite trouver un éditeur pour se faire publier et expliquer sans aucun remords le déroulement de cette histoire d'amour aboutissant au drame. Drame de la jalousie dont la narration m'a rappelé de nombreuses fois l'Etranger de Camus.
Roman court qui a su tenir, du moins au début, toute mon attention mais, insensiblement, je me suis détaché du récit en ne lisant que par bribes de temps à autres. Mon impression initiale favorable s'est ainsi au fur et à mesure amenuisée pour ne s'achever que par une lecture polie envers le point final.
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Ecrire une critique sur ce livre n'est pas une chose aisée (en ce qui me concerne).
Je suis sorti de ce livre avec une impression d'inachevé, de superficiel.
Malgré tout son côté philosophique ou plutôt "psychiatrique" m'ont maintenu à l'écoute. le personnage principal, peintre de son état, est un être pour le moins complexe.
Un psychiatre pourrait surement d'écrire sa pathologie... je ne suis pas psychiatre!
Une femme, pour son malheur, s'intéressera de trop près à l'une de ses toiles...
L'auteur nous fait pénétrer dans l'âme torturé de cet homme. Nous le suivons dans le labyrinthe (ou plutôt le tunnel) de son cerveau, se démener avec ses obsessions, sa paranoia...
Ecrire un livre essentiellement sur ce sujet était osé. Il vaut cependant la peine d'être lu.
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"Il y a eu quelqu'un pour me comprendre. Mais c'est précisément la personne que j'ai tuée.», cette citation résume parfaitement l'enjeu et le paradoxe de ce livre, publié en 1948 par l'auteur argentin Ernesto Sábato qui nous raconte l'histoire d'un peintre coupable du meurtre de son amante. Souvent comparé à l'Étranger d'Albert Camus, on y retrouve des thèmes similaires. le narrateur (Juan Pablo, le meurtrier), que l'on découvre en prison va nous raconter l'histoire de sa rencontre avec une femme, Maria, qu'il va croiser par hasard, rechercher désespérément, aimer démesurément et… tuer.


L'histoire développe avec pessimisme les thèmes de l'incommunicabilité (et de la solitude qui va de pair) entre les humains et nous verrons le narrateur plongé dans des tourments de plus en plus violents au fur et à mesure que le fossé se creuse entre la personne vraie de Maria et celle idéalisée par le narrateur, la seconde n'est finalement guère plus dans le regard égocentrique du peintre qu'un objet de fantasme et un miroir pour lui-même (car confidence pour confidence, c'est lui qu'il aime à travers elle) jusqu'à aboutir au dénouement tragique mais logique de cette histoire…


Mon principal souci avec ce roman, centré sur le personnage de Juan Pablo est justement ce personnage (le narrateur donc) avec lequel j'ai bien du mal alors même que j'apprécie d'habitude les personnages « égoïstes » et/ou inadaptés dans d'autres romans comme le Meursault de Camus et les anti-héros comme le capitaine Simonini, menteur, raciste et fourbe dans le cimetière de Prague d'Umberto Eco ou le « raté » pathétique David Selig dans L'oreille interne de Robert Silverberg. Ici, sans que je puisse dire exactement pourquoi je n'ai pas ressenti la moindre once d'empathie pour ce Juan Pablo ni même la jubilation que l'on ressent parfois à être du côté du « méchant ».


Du reste, le livre est court (140 pages), son style fluide et la narration classique permettent une lecture rapide et aisée. La lecture n'est donc pas désagréable et les thématiques sont loin d'être inintéressantes mais malgré cela j'ai éprouvé un arrière-gout de déception une fois le livre terminé. Dans le même genre, j'ai préféré à Ernesto Sábato son compatriote argentin Eduardo Mallea dont j'ai trouvé les écrits (Chaves par exemple) plus poignants.
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On ne lis pas souvent des romans écrits avec une telle intrusion dans l'esprit, c'est un chef d'oeuvre de psychologie !

Dans « le tunnel » on connaît d'avance la fin. Tout le livre est un rebours en arrière qui nous amène à comprendre les raisons qui ont pu pousser le personnage principal a tuer sa femme. le narrateur est obsédé par son épouse, il va se rendre fou de jalousie, en cherchant fiévreusement une tromperie qu'il soupçonne ; jusqu'à se perdre.

Le tunnel m'a énormément plu car il traite un sujet pourtant banal (la méfiance d'un mari vis-à-vis de sa femme) et parvient à capturer véritablement, notre attention — on est pendu à chaque pages.
De plus, le roman plonge très profond dans l'introspection, tout le livre met en paroles des émotions que l'on a déjà ressenti, trop floues pour être exprimées.

Une excellente découverte, que je recommande à tout le monde !




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