Eric Sadin est un philosophe français contemporain, critique du progrès technologique et dont les ouvrages traitent de thématiques autour du capitalisme de surveillance, dérives des réseaux sociaux et transhumanisme.
Dans
l'ère de l'individu tyran, l'auteur pointe un paradoxe caractéristique de notre époque: Les individus composant nos sociétés sont précarisés, isolés, atomisés mais entretiennent une illusion de pouvoir sur leur sort via les réseaux sociaux et les nouvelles technologies.
Pour dresser le constat de cette atomisation, de la mort d'un reliant et l'absence de communion réelle entre individus, l'auteur développe une fresque historico-philosophique qui revient sur les fondements de l'individualisme libéral (pessimisme anthropologique et droit naturel), la faillite des promesses idéologiques, l'abandon du peuple par ses élites et les continuelles déceptions électorales. Nous vivons aujourd'hui cette postmodernité dont la principale caractéristique selon
Jean-François Lyotard est la fin des grands récits.
L'individu contemporain ne croyant plus en un destin commun, en des lois communes et en ce qui fait le ciment d'une société, va s'octroyer une puissance factice via les réseaux sociaux et son smartphone: en commentant, "likant", partageant du contenu, en se mettant en scène et dans tous ses états, il se sent puissant, il focalise sur lui une attention, il devient un "influenceur" dirait-on. Cette auto-suffisance se voulant émancipatrice, ouvre en réalité la porte à toutes les dérives et favorisent notre impuissance collective. Notre société est victime d'un "isolement collectif".
Dans son dernier ouvrage "
faire sécession",
Eric Sadin propose des pistes pour sortir de cette illusion et qui peuvent se résumer par ce qu'il appelle "une politique de témoignage", recentrée sur le vécu et le réel individuel et collectif. J'y reviendrai peut-être un jour.
Je conseille également de regarder ses deux passages sur la chaine Thinkerview pour ceux que ce sujet intéresse.