— Comment jugez-vous les adaptations françaises de nos vieux poèmes ? Vous ne m’en avez pas parlé.
— Je suis impardonnable, car je les ai beaucoup appréciées. Elles sont d’une langue parfaite et débordent de poésie. La chanson du roi Denis m’a particulièrement touchée. Je l’avais entendue chanter par des ouvriers agricoles et des bergers, près d’un feu dans la campagne. Frank Boisselier m’en avait traduit une partie.
Après tout, rien n’est perdu, pas même un gant de soirée. J’ai cependant acquis la preuve que je me détraque. Je crois faire une chose, j’en fais une autre. Peut-être quelque sûr et secret instinct m’a-t-il empêchée d’user d’un subterfuge inconvenant ? Secret instinct, bon ange et non mauvais génie comme je le pensais il y a quelques minutes. Saint Valentin n’a pas voulu se faire mon complice .
Cette sorte de charme qui émane de lui et qui trouble toutes celles qui l’approchent en fait un garçon dangereux. Corinne a tort de s’en être éprise. Il est vrai qu’elle n’y peut rien, sans doute. Moi-même je n’arrive pas à surmonter l’aveulissement voluptueux qui me gagne… Ce silence devient insupportable. Il faut le rompre.
« Cette tour me rappelle ma fièvre et ma folie. Et pour la première fois, près d’une enfant qui souffre, qui a besoin de moi, à qui je me dévoue, j’ai moins mal à l’âme. Je respire mieux. Il y a là un signe. Le dévouement aux autres me guérira. Le dévouement aux enfants malheureux. »
Americo de Vilhena était incapable d’aimer les Corinne et les Brigitte. Au mieux, c’était un don Juan involontaire ou dédaigneux, mais pitoyable à ses conquêtes. Et comment n’avoir pas compris que son cœur n’était plus libre depuis longtemps.
L'hiver dernier, l'artiste et écrivaine Clémentine Mélois a créé une oeuvre inédite en investissant un petit coin de Paris injustement méconnu. Avec la complicité de Victor Pouchet, les toilettes de la Maison de la Poésie se sont ainsi muées en cabinets de lecture inédits. le « visiteur » peut piocher au hasard parmi une joyeuse constellation de graffitis d'or et d'argent, faite de bribes de poèmes, fragments de chansons, citations immortelles, dessins, clins d'oeil malicieux et autres gourmandises littéraires. À l'occasion du vernissage de ce haut lieu, Clémentine Mélois et Victor Pouchet dérouleront le fil des histoires et anecdotes qui se cachent derrière ce joyeux bazar.
Dans le cadre du Festival Les Traversées du Marais proposé par Marais Culture +
À lire – Clémentine Mélois, Les Six Fonctions du langage, Seuil, 2021.
À voir – Exposition Clémentine Mélois Cent titres / Sinon J'oublie sur le Pont Saint-Ange (75018), proposée par la Maison de la poésie et la Ville de Paris du 9 septembre à fin octobre.
+ Lire la suite