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Citations sur Les reposoirs de la procession, tome 1 : La Rose et l.. (20)

(...) le poète démêle, cherche ce qui respire à peine sous les décombres et le ramène à la surface de vie.
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LE PAON
À Camille Mauclair.


Extrait 3

  Furieux contre cette importune voyance,
je voulus crever les espions — quand, sou-
dain, se cabrant à la manière d’un feu d’ar-
tifice, le Paon s’écria :
  — « Jadis, Insensé, ma roue courtisait ton
aube,  et mon madrigal effarouchait ta mo-
destie rose ; maintenant, ma roue vrille ton
clair de lune, et ma satire énerve ta modestie
verte. Sache, bon gré mal gré le Poëte exécu-
te un spectacle  de  la boîte-aux-langes à la
boîte-au-linceul, et chacun des pantins est
le seul jardinier des yeux qui le poursuivent.
Crève-les, si tu peux, mes yeux refloriront.
Ton être appartient à la foule — et je suis
l’Opinion. »

  Depuis, envieux du paysan calme parmi
le trèfle et que protège l’ignorance, je n’o-
se plus être bon ni mauvais,  pour ne pas
éveiller l’extraordinaire vision.
Oh ! vivre au cœur des solitudes, une pierre
sépulchrale au dessus de ma vie !

p.225-226
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LE PAON
À Camille Mauclair.


Extrait 2

  Encore saine de la Vie, mon adolescence
n’avait ouï que la louange du firmament de
plumes expansives ; mes années premières
n’avaient subi que la génuflexion de l’éven-
tail, orgueilleux de ma lumière pure.

  Mais, ce soir, au retour des villes folles,
comme je passais devant le Paon singulier,
j’ai remarqué des yeux cruels au lieu des
prunelles élogieuses d’antan.
  Afin de savoir, ayant saisi leurs solides
regards de glace, et les faisant fondre au
brasier de ma confusion, je trouvai, dans
l’onde acquise, mes péchés déguisés en
crapauds.


p.224-225
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LE PAON
À Camille Mauclair.


Extrait 1

  Le  long  de  cet  escalier sans fin
comme  l’échelle  d’Ézéchiel  s’épa-
nouit un Paon dont la queue triomphale
étale un essaim d’yeux fabuleux ; le splen-
dide  oiseau,  néanmoins,  pèche par le
sarment de sa démarche et par le  verbe
dérisoire  que le  lézard de son col  fiche
ainsi qu’une écharde en l’éparse harmonie.

  Lorsque, autrefois, j’utilisais cet escalier
pour ascendre au Rêve ou pour descendre
à la Réalité, toujours me dévisageaient ces
yeux plus grandioses que les yeux délaissés
des courtisanes mortes ; il me semblait es-
suyer la glorieuse curiosité de cent Vierges
à balustrade d’un pensionnat, aussi la roue
mûrissait-elle  des  pêches peureuses sur
mes joues candides.


p.223-224
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SUR UN RUISSELET QUI PASSE DANS LA LUZERNE


Extrait 4

Onde analogue aux voix des aimées
  sous le marbre,
Onde qui bellement parais une
  brise solide,
Onde pareille à des baisers visibles se
  courant après,
Onde que l’on dirait du sang de Para-
  dis-les-Ailes,
Je te salue de l’Elseneur de mes Péchés ! »

Ce Ruisselet, j’ai su depuis, était mon
  Souvenir-du-premier-âge.

Ô l’Onde qui file et glisse, vive, naïve,
  lisse !

p.71
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SUR UN RUISSELET QUI PASSE DANS LA LUZERNE


Extrait 3

Onde pour l’exil des idées,
Onde bébé des pluies d’avril,
Onde petite fille à la poupée,
Onde fiancée perlant sa missive,
Onde carmélite aux pieds du crucifix,
Onde avarice à la confesse,
Onde superbe lance des croisades,
Onde émanée d’une cloche tacite,
Onde humilité de la cime,
Onde éloquence des mamelles de pierre,
Onde argenterie des tiroirs du vallon,
Onde banderole du vitrail rustique,
Onde écharpe que gagne la fatigue,
Onde palme et rosaire des yeux,
Onde en vacances des ruches sans
  épines,
Onde versée par les charités simples,
Onde rosée des étoiles qui clignent,
Onde pipi de la lune-aux-mousselines,
Onde jouissance du soleil-en-roue-de-
  paon,


p.70
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SUR UN RUISSELET QUI PASSE DANS LA LUZERNE


Extrait 2

Je me pris à prier comme devant une
Statue-de-la-Vierge en fusion :
— « Onde vraie,
Onde première,
Onde candide,
Onde lys et cygnes,
Onde sueur de l’ombre,
Onde baudrier de la prairie,
Onde innocence qui passe,
Onde lingot de firmament,
Onde litanies de matinée,
Onde choyée des vasques,
Onde chérie par l’aiguière,
Onde amante des jarres,
Onde en vue du baptême,
Onde pour les statues à socle,
Onde psyché des âmes diaphanes,
Onde pour les orteils des fées,
Onde pour les chevilles des mendiantes,
Onde pour les plumes des anges,


p.69
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SUR UN RUISSELET QUI PASSE DANS LA LUZERNE


Extrait 1

  Sur le silence des ongles inférieurs,
noyé dans ce saule propice, admirons la
Pèlerine de la langue et de la racine qui
s’achemine en la luzerne.

  Oh ! cela coule sur des cailloux, arron-
dis par l’obséquieuse politesse, suggérant
les chauves jabotés sans leur perruque
printanière.
  L’azur inclus est, n’est-ce point ? la per-
ceptible remembrance des prunelles nym-
phales qui s’y séduisirent.
  Admirons sans s’y mirer, et de loin
sourions, de peur d’effaroucher…

  Combien joli de sourire à du rire qui
glisse ainsi que des larmes divines de mar-
tyres fines !

p.68
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APOCALYPSE

Le soleil monte faire téter la Vie.

O l'héroïque songe où ma cavale de brise m'emporta juvénilement, à travers l'inique plateau des siècles, vendanger les diadèmes, crever les crânes, fendre les masques, broyer les testicules, fondre les balances, culbuter les idoles ; puis, dans le ravin misérable où daigne l'oeil hautain, sonner la diane révélatrice, secouer l'hébétude des races asservies, couper les anneaux des chevilles, redresser les fronts, tailler une forme humaine dans chaque broussaille de poils et de cheveux, délivrer la rouge alouette captive en la cage des dents et superposer les jougs en escalier pour que, sur la splendide catastrophe des tyrans aplatis en crapauds, les martyrs, qui jusqu'alors ahanaient à la façon des bêtes de somme, sourient, des ailes d'aigle à leurs épaules, parmi la béatitude d'un soleil neuf !

On frappe.
J'ouvre.
Accoudée au chambranle la hideuse Réalité m'insulte d'un rot narquois en plein visage.
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Les vieilles du hameau
à ma fille Divine


Extrait 2

À la longue, malingres comme des jouets, elles s’en sont allés, mères
de gars éparpillés sur les mers jaune, blanche, rouge, noire, bleue, elles
s’en sont allées dans un hoquet, tirées par quelque bise et lestées d’un
hostie, elles s’en sont allées sans le baiser de leurs petits, dans un linceul
de toile bise, elles s’en sont allées vers le bon Dieu qui leur a mis des ailes
aux épaules et puis des robes d’or et puis des doigts tout roses pour jouer
de la lyre en dansant sur la lande aux étoiles, fleurs d’ajonc des cieux.
L’une après l’autre, elles s’en vont, les bonnes vieilles au fuseau, l’une
après l’autre elles s’en vont, toutes les vieilles du hameau.


Pendant l’enterrement de Tante Lise :
hameau de Lanvernazal en Roscanvel,
23 mai 1900
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