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J'ai lu pas mal de littérature japonaise ces derniers mois, mais plutôt des titres doux, feel good, avec parfois une jolie âpreté mélancolique mais des histoires plutôt simple. Avec La Légende des filles rouges, c'est un tout autre texte que j'ai eu sous les yeux, une fresque familiale qui m'a fait traverser les décennies d'après-guerre du Japon et qui m'a passionnée.

Enfant déjà, j'aimais beaucoup les fresques familiales. J'aimais regarder ces feuilletons estivaux où on suivait les destins de familles compliquées remplies de drames. J'ai un peu retrouvé cette ambiance ici dans le texte de Kazuki Sakuraba,, autrice apparemment très connue au Japon à la fois pour ses romans pour adultes salués par la critique et pour le manga Gosick, que je trouve passable pour ma part avec sa fascination mal digérée pour le gothique lolita. Surprenant.

Ici, elle nous offre un texte très simple et pourtant terriblement efficace. Découpé en trois parties, il nous invite à suivre le destin des femmes de la famille Akakuchiba sur trois générations, trois femmes qui seront très différentes et trois parties également avec chacune leur personnalité. J'ai ainsi eu ma préférence pour l'une d'entre elle et j'ai senti à l'inverse une faiblesse dans une autre qui m'a moins plu, mais dans le global, j'ai trouvé l'idée fort belle et intéressante. En effet, en suivant Man'yo, puis sa fille Kemari et la fille de celle-ci Tôkô, c'est à la fois l'histoire de la famille Akakuchiba, propriétaire d'une usine de sidérurgie, et l'histoire de ce Japon d'après-guerre en pleine mutation qu'elle va nous offrir de l'intérieur, de la province et non pas de Tokyo, et ce fut passionnant.

J'ai beaucoup aimé son portrait des femmes de la famille, car le récit sera avant tout matriarcal. Man'yo est une orpheline qui attirera le regard de la matriarche de la famille pour son fils. Elle a des pouvoirs « de vision » et sera marqué tout au long de sa vie par cela. C'est une femme effacée et pourtant omniprésente qui trouvera sa place dans cette drôle de famille avec ce mariage arrangé, auprès d'un époux qui couche avec l'une de ses domestiques, et avec quatre enfants très différents, dont on suivra avec fascination la venue au monde à chaque fois. Je l'ai trouvé émouvante dans sa position de femme charnière, celle ayant vécu dans un Japon vraiment reculé et en retrait, avant de se confronter brutalement à la modernité qui peu à peu surgit. Sa fille, Kemari, est un autre portrait de femme qui vient puissamment nous percuter. L'autrice nous décrit un destin incroyable avec elle, celui d'une fille pleine de révolte, loubarde qui va monter un gang de motarde, avant de se découvrir une autre passion suite à un double drame personnel. Son feu, sa colère, m'ont brûlé. Ce fut une héroïne difficile à aimer et pourtant terriblement attachante, tâchant de se défaire sans succès des chaînes de sa famille. Ainsi, passant après deux femmes au destin aussi imposant, Tôkô et l'histoire qu'elle porte, un mystère à résoudre, m'ont semblé plus fade et j'ai moins aimé sa partie. Jeune femme de notre époque, elle a moins de défis à relever que ses prédécesseures.

En tout cas, chaque partie a été soigneusement écrite pour avoir sa propre identité. Il y a une allure très terroir dans celle de Man'yo avec ses croyances et ses superstitions. Il y a un feu de révolte avec Kemari qui correspond bien au tournant que vit alors le Japon. Et plutôt une sorte de résignation et de regard en arrière ému avec Kôtô. Chacune a ainsi eu son charme, même la dernière qui m'a moins plu parce qu'elle s'est quand même conclue sur une très belle émotion lors du dévoilement du mystère porté par Tôkô. Cependant, je dois avouer que c'est l'histoire de Man'yo qui m'a le plus émue. Peut-être parce que c'est une marginale qu'on embarque dans l'histoire d'une grande famille et qui se cache presque honteusement parce qu'elle ne sent pas à la hauteur. Peut-être parce que c'est une femme qui va avoir trop tôt des visions dramatiques de son futur qui vont l'empêcher de s'épanouir, ne pensant qu'aux malheurs qui vont survenir devant elle. Peut-être aussi parce que c'est sur cette partie que repose notre rencontre avec cette famille d'une certaine élite provinciale et que c'est là qu'on s'attache à chacun grâce à la belle écriture des personnages réalisée par l'autrice, qui confère vraiment une identité à chacun et une belle diversité : syndicaliste, ouvrier, enfant abandonné, matriarche, garçon homosexuel, maîtresse, fils dans l'ombre de son père, fille en révolte, enfant illégitime… Il y a une belle brochette et chacun présente une belle nuance et un beau rôle dans l'histoire.

En plus, à travers les histoires faites de heurts et de peu de moments de bonheur, c'est l'histoire du Japon que j'ai suivi, celle de ce pays d'après-guerre d'abord en plein boom, avec ses usines qui tournent à fond, ici de sidérurgie, mais toujours avec un pied dans ses traditions ancestrales et un petit côté arriéré. Puis un Japon qui va être forcé de se transformer plus vite, qui va connaître la crise avec le Choc pétrolier, la mécanisation de l'industrie, les révoltes de la jeunesse, ses phénomènes de bosozuku (gang de motard(e)s), ses problèmes de prostitution lycéenne, etc. Et enfin le Japon de l'après-bulle, un peu estomaqué, sous le choc de ce qui eu lieu et qui regarde tendrement en arrière. L'autrice truffe son récit d'anecdotes et références savoureuses pour les amoureux d'Histoire comme moi. Elle m'a vraiment appris des choses et apportés parfois un autre regard. Enfin, il y a une partie consacrée à l'édition de mangas vu de l'intérieur par une autrice que j'ai trouvé super. J'ai aimé le vivre avec elle et je me dis qu'il y a peut-être une part de vécu ici de sa part.

Je savais partir dans une lecture plus âpre que d'habitude, j'ai aimé aller à la rencontre d'une fresque familiale très humaine et poignante me faisant voyager dans ce Japon provincial d'après-guerre au travers les destins de générations de femmes puissantes et touchantes qui ont survécu. C'était une écriture très terroir. C'était une écriture très féministe. C'était une écriture transgénérationnelle. Un très beau portrait familial.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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La légende des filles rouges » de Kazuki Sakuraba est une saga familiale autour de trois générations de femmes.

C'est Tôko, la fille de Kemari, la petite fille de Man'yo qui en est la narratrice. Elle balaye 3 générations c'est-à-dire une cinquantaine d'années de vie au Japon, de l'immédiat après-guerre à maintenant.

C'est non seulement la vie de la famille, avec ses bonheurs et ses drames, ses soucis domestiques, ses rivalités entre frères, soeurs, les non-dits et les complicités, mais c'est surtout une photographie du monde qui évolue.

Je suis habituée à lire des textes ayant pour cadre « historique » mon cadre de vie, l'Europe. L'après-guerre, la reconstruction des villes, mai 68, le choc pétrolier, la désindustrialisation me sont des thèmes familiers. Mais en lisant cette saga j'ai pris conscience que le Japon en a été frappé également.

Quelques longueurs parfois et redondances, mais je suppose que c'est le style calme et méditatif japonnais qui veut cela. Dans l'ensemble, c'est un texte intéressant, surtout pour l'aspect sociologique et aussi l'aspect vie de famille et respect des traditions au Japon.

Une petite touche de fantastique avec le don de la grand-mère qui peut prédire l'avenir, en tout cas qui a de temps en temps quelques visions. Cet aspect des choses donne un peu de sel au texte, puisque l'on sait dès le début que tel ou tel protagoniste sera blessé ou mourra et dans quelles circonstances. On attend donc fébrilement le jour où les prédictions se réaliseront.

Une belle lecture dépaysante, un texte joliment écrit, j'ai apprécié ma lecture.
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Cette lecture était une surprise.
J'ai aimé traverser la seconde moitié du 20ème siècle dans cette famille d'industriels, qui doit s'adapter au monde qui change. Mais surtout, ces histoires de 3 générations de femmes qui ont des vies tellement différentes les unes des autres.
Il y a quelques temps, j'ai lu "Les dames de Kimoto" et j'avais découvert la vie au japon sur la première moitié du 20ème siècle, un peu sur le même principe de récit de 3 générations de femmes.
Il y a une toute petite part de fantastique qui a mis un peu de magie dans cette saga.
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« La légende des filles rouges » de Kazuki Sakuraba est une saga familiale autour de trois générations de femmes.
Tôko, la narratrice, raconte l'histoire de sa grand-mère Man'yô, de sa mère Kemari et la sienne entre les années 50 et aujourd'hui.
Plus qu'un récit de vie, c'est l'évolution de la société japonaise et la place de l'héritage familial qui sont vraiment intéressants.
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J'ai toujours fait confiance aux jeunes dans leur sélection de romans lorsqu'il s'agit de les récompenser : Leurs choix sont justes, judicieux et tous les romans primés par de jeunes lecteurs se sont toujours avérés de sacrées bonnes histoires.
Une fois encore, avec La légende des Akakuchiba / La légende des filles rouges, roman primé par des lycéens, cela pour moi s'est vérifié.
Ce roman retrace la chronique de la famille des Akakuchiba dans ce Japon de l'après guerre mondiale qui va subir d'énormes transformations après être resté comme immobile pendant des siècles dans les traditions.
La société japonaise va, elle aussi, subir ces transformations. C'est à travers les yeux de trois générations de femmes dans cette famille que nous allons être les témoins de cette évolution : Man'yô, la "voyante", la petite fille qui vient de la montagne et a été recueillie par une famille d'ouvriers de Benimidori, va voir son destin basculer en devenant un des pivots de cette dynastie - Kemari, la rebelle, à la tête de son gang de motardes "les Iron Angels", refusera toujours de devenir une adulte, même lorsqu'elle deviendra célèbre mangaka. - Tôko, la petite dernière, celle qui se qualifie de "dérisoire et insignifiante petite fille de Man'yô", vivra la seule histoire d'amour révélée et nous accompagnera dans le Japon d'aujourd'hui.
Une splendide saga, avec un grand esprit romanesque, truffé de personnages hors du commun qui nous raconte ce Japon qui cherche à trouver sa voie dans le monde moderne malgré son attachement à ses traditions séculaires, implantées dans la mythologie de ce pays.
J'ai passé un excellent moment en compagnie des ces personnages et vous le recommande fortement!
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Au sortir de la seconde guerre mondiale au Japon, la petite ville de Benimidori est dominée par les aciéries, gérées d'une main de fer par Tatsu Akakuchiba, maîtresse femme. Elle remarque une petite fille Man'yô, venue des montagnes et adoptée par la famille Tada et voit en elle la future femme pour son fils et surtout un être d'exception, capable de visions et porteuse d'un destin hors du commun qui permettrait à la famille de maintenir son statut dans la région. Ainsi débute la legende des filles rouges, celle issues de l'aciérie, qui des années cinquante aux années deux mille, voit cohabiter la famille avec celle des chantiers navals les Kurobishi.
Kemari, la fille de Man'yô se lance elle dans un gand de motardes, écumant et terrorisant la region avec son amie Chokô, avant de trouver sa voie comme mangaka. Toko, fille de Kerami et narratrice de la saga familiale, a du mal à trouver sa place sans la lignée de ces femmes exceptionnelles, qui ont bâti une legende, dans laquelle elle a dû mal a porté le flambeau.

La legende des filles rouges est une saga familiale qui se déroule sur cinquante ans et qui évoque, au delà d'une famille, l'évolution du Japon, sa reconstruction industrielle dans la sidérurgie, puis avec les années soixante, ce sont les velléités d'indépendance de la jeunesse qui cherche à échapper aux codes de la société nippone. Ce sont aussi les références religieuses et quelque peu mystiques qui s'intègrent dans la famille et qui lui permettent de traverser les crises économiques des années quatre-vingt.
La legende des filles rouges permet d'explorer cinquante années d'évolution du Japon, grâce à la famille Akakuchiba. J'ai apprécié les références sur l'évolution de la société japonaise, en revanche j'ai été moins seduite par les nombreuses répétitions et redites, ainsi qu'aux maladresses de style ou de traduction et pas mal de longueurs qui allongent le roman d'une bonne centaine de page.
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J'avais lu un article très positif sur ce livre qui traitait des ouvrages sur le Japon.

En définitive, je dois vous avouer que j'ai eu beaucoup de mal à me plonger dans cette histoire (peut-être parce que je sortais d'un bon thriller) que j'ai lue jusqu'à la dernière ligne sans avoir été passionnée par cette saga familiale.

Le rythme est probablement trop plat et constant pour faire vibrer ma corde du palpitant.
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C'est un ouvrage particulier que celui de la légende des filles rouges.

De premier abord, j'y ai retrouvé quelques éléments que j'avais adoré dans "Pachinko" de Min Jin LEE que j'ai tant aimé. On y suit une famille sur plusieurs génération, sur des sujets très ancrés dans l'histoire du pays, pendant des périodes de changements. L'ouvrage est focalisé sur les femmes de cette famille, qui ne sont d'ailleurs pas n'importe qui en terme de caractère.

Ce roman est assez prenant, le personnage de Man'yo ajoute de l'attrait de par sa spécificité, c'est une belle histoire à dévorer.
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Lorsque j'ai ouvert ce livre, je n'avais pas d'attentes particulières. J'avais lu le résumé et je m'étais simplement dit que « ce livre a du potentielle pour me plaire ». Rien de plus.

Je ne savais pas à quel point j'avais raison.

La légende des filles rouges retrace l'histoire de la famille Akakuchiba sur trois générations, à travers ces trois femmes, nous suivons l'histoire de la société japonaise.

Ce n'est pas un récit plein d'action qui vous fera frémir de suspens, c'est un récit très doux qui peint une véritable fresque vivante. Un récit doux-amer. L'écriture est très poétique, j'ai eu l'impression de grandir avec les personnages, de vivre cette industrialisation à la fois progressive et brutale du japon.

Ce livre se découpe en trois parties, nous découvrons d'abord Man'yô, celle avec qui toute l'histoire commence, petite fille « des montagnes », voyante, elle est recueillie dès son plus jeune âge par une famille « des villages », elle grandit pendant l'après-guerre, regarde son pays se reconstruire la croissance remonter, c'est un personnage plein de douceur, de naïveté, d'optimisme. Puis, nous suivons sa fille, Kemari, qui refuse de se soumettre aux codes des anciens, rebelle, qui doit trouver sa place dans une société en plein désillusion. Un personnage fort et attachant qui m'a énormément touché. Enfin, le livre ce clos avec l'histoire de Toko, petite fille de Man'yô et narratrice du récit. Qui se construit dans une société sans véritable perspective d'avenir.

Toko nous raconte donc l'histoire de sa mère et sa grand-mère, me donnant un sentiment de proximité avec elles. Ce livre, ce n'est pas seulement l'histoire d'une famille, c'est l'évolution du japon, des meurs, de l'éducation, du travail. C'est un livre extrêmement touchant, qui m'a énormément touché et bouleversé.
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Voici une saga sur 3 générations de femmes au Japon dans la 2ème moitié du XXème siècle. Même si certaines pages m ont paru longues j ai pris plaisir à lire cet ouvrage qui parle de la reconstruction du pays après la 2ème guerre mondiale.
La narratrice est Toko la petite fille de Man'yo qui est le personnage principal de cette histoire, la société va évoluer avec les riches en haut et les pauvres en bas, au début prépondérance économique avec les chantiers navals et l aciérie puis on assiste au choc industriel avec la fermeture des hauts fourneaux.
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