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Jean-Louis De la couronne (Traducteur)
EAN : 9782072917417
480 pages
Gallimard (11/03/2021)
3.87/5   170 notes
Résumé :
Lorsqu'une fillette est retrouvée abandonnée dans la petite ville japonaise de Benimidori en cet été 1943, les villageois sont loin de s'imaginer qu'elle intégrera un jour l'illustre clan Akakuchiba et règnera en matriarche sur cette dynastie d'industriels de l'acier.

C'est sa petite-fille, Toko, qui entreprend bien plus tard de nous raconter le destin hors du commun de sa famille. L'histoire de sa grand-mère, femme dotée d'étonnants dons de voyance, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (51) Voir plus Ajouter une critique
3,87

sur 170 notes
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Merveilleux récit de l'histoire de trois générations de femmes, une saga familiale qui se déroule durant la période des années cinquante à l'an 2000.
Tout commence avec l'arrivée de Man'yô, une enfant d'à peine trois ans, déposée par ceux des montagnes pendant l'été de 1943. Ces gens qui vivent cachés au fin fond des montagnes descendent au village lorsque quelqu'un est mort hors de propos, terme pour désigner les suicidés ; alors, ils les emportent pendant la nuit dans des boîtes carrées en bois. Man'yô est recueillie et élevée par un jeune couple qui, ensuite aura d'autres enfants dont elle s'occupera.
En haut du village résident les Akakuchiba, la famille propriétaire des aciéries ; en bas, au bord de la mer, ce sont les Kurobishi, la famille propriétaire du chantier naval ; parmi les familles ouvrières, deux clans, les Rouges d'en haut et les Noirs d'en bas.
Kazuki Sakuraba est célèbre pour sa série de mangas, Gosik mais également pour ses romans récompensés par de nombreux prix.
Je constate que La légende Akakuchiba, à ce jour, est le seul roman traduit en français, dommage !
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Rien ne prédestinait Man'yô, abandonnée à sa naissance en 1953 dans la petite ville japonaise de Benimidori, à devenir un jour la Grande Dame du clan Akakuchiba qui règne sur l'industrie de l'acier dans le pays. C'est sa petite-fille Tôko qui entreprend la narration de l'histoire familiale, nous racontant le parcours de cette grand-mère au singulier don de voyance, puis celui de sa mère, chef d'un gang de motardes avant de connaître le succès comme auteur de mangas.


De la reconstruction après-guerre et du miracle économique du pays, à la bulle spéculative immobilière et à la crise économique des années quatre-vingt-dix, puis, enfin, au Japon d'aujourd'hui, c'est la transformation de la société nippone sur le dernier demi-siècle que retrace cette saga familiale au travers du destin de trois générations de femmes. Aux côtés de personnages attachants, souvent étonnants pour un esprit occidental tant le Japon possède de spécificités culturelles, qu'elles soient traditionnelles ou modernes, le lecteur franchement dépaysé se retrouve plongé dans une fresque passionnante, aussi bien pour les aventures vivantes et rythmées de ses protagonistes, que pour la découverte sociologique dont elles sont l'occasion.


Car, tandis que le sort des trois personnages principaux épouse celui de leur époque, nous menant de l'optimisme confiant de la grand-mère dans un contexte de croissance à tout crin du pays, à la désillusion rebelle, puis résignée, de la mère dans une nation en crise, enfin au désarroi de la fille, à l'image d'une jeunesse contemporaine tentée de fuir dans la virtualité un quotidien de plus en plus lourd et sans perspective, nous voilà amenés à vivre de l'intérieur l'évolution des conditions de vie et d'état d'esprit de la population japonaise. Système éducatif et travail, famille et lien social, modes et phénomènes culturels, croyances et aspirations, au final tout converge vers le sentiment diffus d'une société devenue dans son ensemble profondément violente et écrasante pour l'individu, confronté dès le plus jeune âge à une pression et à une compétition sans limite.


Cette passionnante saga familiale se lit avec autant de plaisir que d'intérêt, pour l'attachante histoire de ses trois générations de femmes, mais surtout pour son édifiante immersion sociologique dans un Japon décidément sans équivalent dans le monde.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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La première des légendaires filles rouges a une excellente vue, « Tellement excellente qu'elle voyait même des choses que l'oeil ne pouvait voir ». Man'yo a des visions de l'avenir - au moment où s'ouvre le roman, en 1953 « l'âge des mythes » ne s'est pas encore retiré du village, oublié des temps modernes, où vit la famille des Akakuchiba. Mais cette atmosphère de merveilleux va disparaître sans crier gare, avec « la sainte trinité de la nouvelle religion »: télévision, machine à laver et réfrigérateur.
Et c'est à la tête d'une bande de filles à moto que la deuxième des légendaires filles rouges, Kemari, la bagarreuse féroce, devient une loubarde de légende.
« Mais la jeunesse est belle justement parce qu'elle passe », et le feu sacré quitte Kemari. Elle abdique et finit par se reconvertir en mangaka.

Une double réussite donc: les personnages m'ont bien attachée par leurs caractéristiques souvent originales et à travers eux l'évolution du Japon est mise en relief de façon bien intéressante - l'engouement pour la modernisation et la croissance, le travail acharné, la pollution et les maladies qu'elle engendre, les révoltes de la jeunesse, la bulle économique et son explosion, le désenchantement …
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Sur les hauteurs célestes de Benimidori, petite ville au bord de la mer du Japon à quelques centaines de kilomètres à l'ouest de Tokyo, trône l'immense résidence de la famille Akakuchiba. Installés dans cette région du San'in depuis des temps immémoriaux, les ancêtres de cette dynastie mythique sont connus et reconnus pour leur savoir-faire de forgerons. Prenant leur essor après la deuxième guerre mondiale lorsque la sidérurgie se développe à une échelle industrielle, ces maîtres du feu et de l'acier renoncent alors aux bas-fourneaux artisanaux des origines pour construire une énorme usine équipée d'un haut-fourneau. Le développement technologique améliore la productivité et apporte la prospérité, non seulement au clan Akakuchiba, mais à toute la ville, et il n'y a pas de plus grande fierté en ce bas-monde que celle d'être ouvrier aux Aciéries. Et qu'importe si le ciel est plombé en permanence par les fumées noires, et les maisons et les poumons des métallurgistes tapissés de poussières toxiques.
C'est au milieu de cette époque dorée que nous entrons dans la famille Akakuchiba. Toko, la dernière de la lignée, âgée d'une petite trentaine d'années, nous raconte l'histoire de sa grand-mère, de sa mère, et la sienne. Trois femmes très différentes, dont la vie est indissociable de celle des Aciéries. le destin de la douce Manyo, la grand-mère, tient du conte de fées : abandonnée à l'âge de trois ans par « Ceux des Confins », une tribu montagnarde nomade, elle est adoptée par un brave couple d'ouvriers qui l'élèveront comme leur fille. Dotée d'un don de voyance, pauvre et illettrée (pour son plus grand malheur), elle est cependant choisie par la matriarche des Akakuchiba pour épouser l'héritier de l'empire familial. Celui de la flamboyante et rebelle Kemari, fille de Manyo et mère de Toko, n'est pas moins extraordinaire : cheffe d'un gang de loubardes à moto à l'adolescence, elle deviendra plus tard une célèbre auteure de mangas, dont la réussite financière permettra de maintenir les Aciéries à flot lors du déclin de l'industrie sidérurgique. Quant à Toko, un peu falote et apathique, elle incarne bien sa génération, paumée et désabusée, ne sachant que faire de sa vie, au moment où le haut-fourneau, éteint depuis des années, est sur le point d'être démoli.

Cette saga familiale, entre croyances rituelles et modernité, aux personnages attachants, raconte les difficultés d'adaptation de ceux-ci, tant dans leur vie personnelle et affective que professionnelle, à l'évolution des modes de pensée et de la situation économique du Japon, faites d'allers-retours de l'euphorie au pessimisme, au gré de l'essor industriel et de son déclin, de la bulle immobilière et de son éclatement, de la perception du rôle de la famille, de la femme, des études, du travail.
Malgré quelques longueurs et une troisième partie plus faible (celle sur la vie de Toko), voici une histoire agréable à lire, un brin nostalgique, non dénuée d'humour et teintée d'une sorte de réalisme magique à la japonaise, écrite dans un style fluide, parfois poétique, parfois plus terre à terre. Dépaysement assuré.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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J'ai toujours fait confiance aux jeunes dans leur sélection de romans lorsqu'il s'agit de les récompenser : Leurs choix sont justes, judicieux et tous les romans primés par de jeunes lecteurs se sont toujours avérés de sacrées bonnes histoires.
Une fois encore, avec La légende des Akakuchiba / La légende des filles rouges, roman primé par des lycéens, cela pour moi s'est vérifié.
Ce roman retrace la chronique de la famille des Akakuchiba dans ce Japon de l'après guerre mondiale qui va subir d'énormes transformations après être resté comme immobile pendant des siècles dans les traditions.
La société japonaise va, elle aussi, subir ces transformations. C'est à travers les yeux de trois générations de femmes dans cette famille que nous allons être les témoins de cette évolution : Man'yô, la "voyante", la petite fille qui vient de la montagne et a été recueillie par une famille d'ouvriers de Benimidori, va voir son destin basculer en devenant un des pivots de cette dynastie - Kemari, la rebelle, à la tête de son gang de motardes "les Iron Angels", refusera toujours de devenir une adulte, même lorsqu'elle deviendra célèbre mangaka. - Tôko, la petite dernière, celle qui se qualifie de "dérisoire et insignifiante petite fille de Man'yô", vivra la seule histoire d'amour révélée et nous accompagnera dans le Japon d'aujourd'hui.
Une splendide saga, avec un grand esprit romanesque, truffé de personnages hors du commun qui nous raconte ce Japon qui cherche à trouver sa voie dans le monde moderne malgré son attachement à ses traditions séculaires, implantées dans la mythologie de ce pays.
J'ai passé un excellent moment en compagnie des ces personnages et vous le recommande fortement!
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Citations et extraits (71) Voir plus Ajouter une citation
— Qu’est-ce qui t’arrive ?
— Rien, a-t-il répondu en secouant la tête.
— Ah bon.
— Pourquoi il faut travailler ?
— Pour manger ?
— Dans tout le Japon, combien y a-t-il de gens de notre génération qui éprouvent une fierté de faire le travail qu’ils font, d’après toi ? On est tous à continuer de travailler alors qu’on déteste notre boulot, non ? Il faut absolument continuer à faire un truc qu’on déteste ? C’est ça être un homme ? C’est ça un homme fort ? Parce que si c’est ça, alors moi, je ne suis pas du tout un homme fort.
—  Tu en as pourtant marqué un tas, de home runs…
— C’est vieux, ça.
Il a encore lancé un caillou.
— À l’époque… Purée, quand je dis ça j’ai l’impression de parler comme un vieux. À cette époque, je faisais juste ce que j’étais capable de faire. Enfin, je croyais. Je ne me cassais pas la tête ; oui, d’accord, j’aurais pu en avoir marre de suivre l’entraînement hyper pénible et je n’ai pas arrêté, mais quand je repense à cette époque, j’aimais le baseball, au moins. J’aimais le baseball plus que tout, c’est pour ça que je pouvais regarder objectivement mes capacités et m’enflammer, me passionner pour exploiter la totalité de mon potentiel. Ça, c’est depuis que je suis adulte que je l’ai compris.
— Yutaka…
— Maintenant, au boulot, je n’ai même pas envie de faire ce que je serais capable de faire. Parce que j’aime pas ça. Sauf que j’ai pas le choix, pas vrai ? Puisque je suis adulte, maintenant…
— Hum.
Il parlait à voix basse, comme s’il me disait un secret.
— En fait, être fort socialement, est-ce vraiment la même chose qu’être un homme fort ?
— Mais non ! Ça n’a rien à voir !
Pour une fois, j’étais catégorique. J’aurais bien aimé pouvoir lui dire quelque chose d’utile pour lui, l’aider, mais je n’étais pas comme lui qui faisait des efforts, au moins ; moi j’étais totalement inutile à la société, que pouvais-je lui dire d’autre que du creux ? L’ex-héros du home run, Tada Yutaka, qui brillait dans la lumière autrefois, était en train de sangloter et de renifler. Je ne savais pas quoi faire d’autre, alors je lui ai pris la main.
— Démissionne de ton boulot, si c’est si dur.
— Mais je ne peux pas. Ough… Je ne peux pas. Humf… Je… je dois devenir un homme fort.
— Tu veux dire socialement ? Mais ça n’a aucune importance, ça. Du moment que tu es toi-même, c’est ça qui compte. Les gens qui t’aiment pour toi-même resteront toujours auprès de toi. Pas vrai ?
— Je ne peux même pas ! Ce n’est pas ça, Tôko ! Ough…
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À ton baiser comme un soupir
Jeune fille virginale rêve d'amour
«Sur le sable brûlant, scintillant comme de l'or
Vivons d'amour, nus, comme les sirènes

Ah, plaisir de l'amour, jours couleur de rose
De l'instant où je t'ai vu
Amour de vacances» (1)

[...]

La radio passait en boucle Amour de vacances, la chanson à succès de cette année-là, interprétée par deux jeunes sœurs jumelles.

1. Koi no bakansu, parloles de Tokiko Iwatani, musique de Yasushi Miyagawa, succès du duo The Peanuts de 1963.
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Pour les adultes de leur génération, le pays comme la famille étaient des notions absolues qui seules soutenaient l'individu. Mais quelque part, il lui vint comme l'intuition que ce ne serait peut-être pas toujours ainsi. Sans doute cela était-il aussi une vision. Des gens incapables de croire en leur pays, refusant de fonder une famille, voilà les temps qui s'approchaient, et cette intuition sinistre lui donna le frisson.
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- Et puis aussi, en Afrique, il y a une tribu où les femmes peuvent se marier entre elles. Elles se font faire leurs enfants par un proche parent de leur partenaire, et elles vivent entre femmes. Étonnant, non ? Ça fait tout de même du bien de savoir que le sens commun du monde dans lequel on vit n'est pas le même partout, tu ne trouves pas ?
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A Benimidori, les boîtes à bachot privées furent le champ de bataille principale de la guerre des concours. La majorité des élèves commença a suivre des cours du soir dans ces établissements à partir de la deuxième ou troisième année de collège. La, ils découvraient que l’élève assis à côté d’eux n’était pas un ami, mais un rival. Ils apprenaient par cœur, passaient des tests blancs, et étaient divisés en classe de niveau, en fonction de leurs notes à ces tests. La valeur de chaque enfant était représentée par un nombre. Plusieurs boîtes à bachot ouvrirent dans les immeubles autour de la gare, et quand le soir tombait, les enfants étaient aspirés à l’intérieur, en colonnes de soldats aux boyaux noués par la peur de la bataille.
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