Rojîne

Le Kurdistan, rural, arriéré, isolé, est soumis à des politiques répressives de la part des grands États qui dominent sur son territoire. Pays de semi-nomades, de paysans, de contrebandiers, de guérilleros, il est un sujet parfait pour un objet littéraire. Ce qu'on y trouve changera agréablement le lecteur occidental des productions romanesques habituelles dans les librairies européennes.
D'un point de vue non-kurde, "Rojîne" présente les effets d'une situation sécuritaire dégradée sur une population civile. Sous cet angle, l'ouvrage de Suzan Samanci est de nature à faire prendre conscience aux populations francophones, partout dans le monde, de la condition du peuple kurde. Son regard très fin nous permet de découvrir toute une gamme de personnages féminins, et leurs états d'âme. Des regrets d'une militante marxiste aux angoisses d'une maquisarde repentie, en passant par le chagrin d'une mère dont la fille fut la victime d'un crime d'honneur, c'est un monde, hier hors d'atteinte, qui s'offre à notre curiosité. Les Kurdes ne sont pas seulement, depuis un siècle, les déshérités de la géopolitique du Moyen-Orient, et la cible de continuelles campagnes de répression, ils forment surtout une population qui pense, qui espère, qui vit. Des gens normaux s'efforçant d'exister au sein d'un monde anormal.
L'introduction est consacrée aux causes historiques probables de la faiblesse kurde.
Posséder une connaissance préalable du mode de vie kurde et anatolien aide à mieux comprendre les intrigues.

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