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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Encore une jolie trouvaille de Monsieur avec ce roman américain de 1976, unique roman de l'autrice qui mourra juste après la parution du livre.

Harlowe, dans le New Hampshire, est une petite ville entourée de fermes. C'est une communauté unie jusqu'à ce que Perly Dunsmore, commissaire-priseur arrive en ville. Parez des plus belles intentions, il décide « d'améliorer » Harlowe en organisant des ventes aux enchères au profit de la police locale. D'anodines ventes aux enchères dotées par les généreux dons des habitants. Jusqu'à ce qu'ils n'aient plus rien à donner…

Un roman qui débute dans un gentil cadre bucolique, un village américain idyllique qui va pourtant se transformer en société fascisante sous l'emprise d'un seul homme. Joan Samson fait monter la tension de son intrigue insidieusement jusqu'à l'insupportable.

L'autrice nous interroge sur la facilité avec laquelle on peut être séduit par les beaux (et simples) discours. Même les citoyens les plus fidèles peuvent se laisser tromper par des populistes aux propos doux. Et lorsque les choses deviennent incontrôlables, comment réagir ? Faut-il courber l'échine pour protéger sa famille ou faut-il se rebeller ?
Que se passe-t-il quand « les gens biens » ne bougent pas ?
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J'ai la difficile tâche d'ouvrir le bal des critiques ! le petit dernier de Monsieur Toussaint-Louverture pioche dans la littérature américaine un roman sombre. Comme toujours, chaque livre de ces éditions nous ouvre une porte sur un univers propre, une âme singulière.

Ce roman-ci se tient à la croisée du thriller, du roman psychologique et du nature writing. Ce n'est pas forcément ma tasse de thé… que j'ai d'ailleurs un peu bu de travers !

Mais je lui reconnais une très grande qualité : l'efficacité de l'écriture. le style, le ton servent admirablement bien le propos. Ils font autant que l'histoire en elle-même.

L'écriture est froide et précise, très dépouillée à l'image de ce qu'elle raconte et à celle de ses personnages principaux, la famille Moore, qui vivent une existence très simple dans l'Amérique rurale. le roman décrit sans pitié aucune les rouages de la dépossession, du pouvoir des plus forts sur les plus pauvres, et la soumission impuissante de ces derniers.

Le lecteur aussi devient un témoin impuissant.

L'auteur ne perd pas de temps : l'engrenage est rapide et implacable. Dès le début, la menace sourd, la peur devient latente, l'injustice nous fait bondir, tout comme l'horreur de certaines situations, enchères aux enfants ou accidents aussi soudains qu'étranges. Violence, capitalisme sauvage et pouvoir de l'argent, pointe de racisme : une peinture des USA dans ce qu'ils ont de moins reluisant.

Jusqu'aux dernières pages, on se ronge les sangs pour savoir où mènera cette spirale infernale. Car jusqu'où accepter de se vendre ? Mais aussi… jusqu'où suivre un leader charismatique, se renier, fermer les yeux en tant que complice ? le Mal se déguise souvent en Bien. Sans aucun doute, ce roman marque.
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Comment décrire ce qui arrivent aux habitants de la petite commune de Harlowe, toute proche de Boston ?
Cela parait invraisemblable, inconcevable car ces familles modestes se font dépouiller petit à petit, semaine après semaine, par un type sans scrupule, soit-disant commissaire-priseur. Ce priseur semble être le diable en personne , capable de retourner même la police de cette petite bourgade sans histoire. le piège se referme sur les habitants car certains d'entre deviennent des « adjoints » et passe donc d'un camp à l'autre, n'hésitant pas eux même à menacer leurs voisins.

Ce récit fait froid dans le dos car il reflète parfaitement la société dans laquelle nous vivons. Jusqu'où les gens sont capables d'aller? Par cupidité ? Par peur? Tout dépend du camp dans lequel ils sont.
L'auteure s'attache particulièrement à une famille, les Moore, des fermiers simples et tranquilles. Tout au long des chapitres on les voient cédant peu à peu tout leurs biens, y compris leurs vaches, leur tracteur, leurs outils même. Effarant ce que la peur pousse à faire, ou ne pas faire d'ailleurs.
Quasiment tous les habitants sont dépouillés et pourtant personne ne réagi. Ça ne vous rappelle rien ? A moi oui ça me remets en tête pas mal de choses dont certaines pas si lointaines.

Alors jusqu'où sont ils capables de se taire et de subir? Et que se passerait-il s'ils osaient enfin s'opposer à ce diable de priseur? Pour le savoir il vous faudra lire ce livre qui est l'unique opus de Joan Samson, décédée peu après sa sortie, à 38 ans. Et je vous le conseille vivement, il devrait raisonner longtemps dans votre conscience… si vous en avez une bien sûr.
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Perly le sauveur ! Lorsque ce commissaire-priseur débarque à Harlow, bled paumé du New Hampshire, la population considère son arrivée comme un don du ciel. le projet du bonhomme est simple, il souhaite demander aux fermiers du coin de se débarrasser de leurs vieilleries pour les vendre aux enchères. En contrepartie il s'engage à ce que le bénéfice des opérations serve à doter la police locale de nouveaux équipements et de nouveaux adjoints.
Les époux Moore commencent par jouer le jeu avec un certain enthousiasme, trop heureux de vider leur grange et leur grenier poussiéreux pour récupérer quelques billets. Mais une fois leur stock d'encombrants épuisé, le bon samaritain continue à les solliciter. Charismatique, il leur explique qu'une réponse négative de leur part n'est pas envisageable. D'abord poliment, puis en laissant planer des menaces de moins en moins insidieuses. Comprenant qu'ils risquent de perdre jusqu'à leur dernier meuble, voire bien davantage, les Moore n'ont plus que deux solutions : quitter les terres ancestrales de leur famille ou commettre l'irréparable.
Écrit en 1975 par une autrice qui succombera d'un cancer fulgurant à l'âge de 38 ans quelques mois après sa publication, ce roman jusqu'alors inédit en France est considéré par Stephen King comme un chef d'oeuvre de l'épouvante. Rien d'horrifique à proprement parler mais la terreur se veut ici psychologique. Et le mal se cache autant dans le capitalisme sauvage que dans la soumission des gens de peu face aux puissants.
Perly le désintéressé se révèle au final un démon incarné. Un homme mystérieux, charmeur, inspirant une fascinante répulsion. Un homme auquel il est impossible de dire non, qui déclarera pour se dédouaner après avoir répandu la souffrance et le chaos autour de lui : « Tout ce que j'ai fait, vous m'avez laissé le faire. »
Incontestablement un grand roman américain, suffocant huis-clos en pleine nature qui parle de la perte d'identité, de la dépossession et de la résignation des plus faibles face à la loi du plus fort. du moins jusqu'à un certain point.

Lien : https://litterature-a-blog.b..
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Un commissaire-priseur charismatique et éloquent - nommé Perly - va chambouler la vie des familles vivant à Harlowe en organisant des enchères afin de renforcer les forces de police de la ville.

Cette dépossession des gens simples pour le bien de la communauté cache en réalité des desseins plus ambitieux qui contournent les lois. D'abord charmeur puis tout puissant, Perly réussit à s'octroyer le pouvoir sur l'avenir d'Harlowe.

L'honnête famille Moore victime comme d'autres, apeurée par les accidents déguisés qui arrivent aux rares rebelles, capitule devant la menace - jusqu'au réveil de John, le père, qui finit par refuser d'abandonner la terre où il a grandit.

Un livre sous tension, où l'impuissance de la famille Moore nous révolte, où le commissaire-priseur totalement diabolique nous répugne et où la fin nous oppresse.

La force de dire non et la force d'agir pour protéger ce qu'on a construit, c'est sur cela que tous nos espoirs se focalisent ; tout au long de la lecture on se demande à quel moment cette force finira par prendre le dessus sur l'injuste position des dominants.

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Harlowe, petite localité rurale du New Hampshire, voit la vie de sa population totalement bouleversée par l'arrivée de Perly Dunsmore. Un commissaire-priseur, charismatique et affable, qui va s'allier au shérif afin d'organiser des ventes aux enchères dans le but, prétendu, de moderniser la petite bourgade - par la création d'une caserne de pompiers et la nomination d'adjoints - au prétexte de la défendre de la violence des grandes villes.
Les habitants de Harlowe, au départ volontaires, se séparent de leurs effets personnels de bonne grâce. Mais lorsque Dunsmore vient en personne réquisitionner chaque semaine dans les habitations avec l'aide de ses adjoints, le doute s'immisce chez les habitants. En particulier la famille Moore, qui vit à l'écart sur ses terres, depuis plusieurs générations et qui compte bien y demeurer encore longtemps…

La maison d'édition Monsieur Toussaint Louverture trouve toujours des pépites méconnues et cet ouvrage ne fait pas exception. Avec comme à l'accoutumée, un soin apporté à la couverture.
Ce roman de l'autrice Joan Samson (1937-1976) - parut seulement quelques semaines avant le décès de cette dernière, d'un cancer du cerveau à l'âge de 38 ans - dénonce la gentrification des campagnes, et la soumission des petites gens dans le dénuement face aux escrocs expropriateurs. Un livre d'une saisissante actualité, à l'heure où les citadins investissent massivement les campagnes ; mais oui… vous savez ces néo-ruraux dictant leur loi jusqu'à faire interdire le chant du coq !

Le lecteur est le témoin impuissant de l'injustice qui se dessine au fil des pages. Une ambiance particulière s'en dégage. Tantôt flirtant avec le nature writing via les descriptions de la campagne et de la nature environnante. Et le roman noir : sorte d'hybridation batarde entre « Bazaar » de Stephen King (la dimension fantastique en moins) et « La nuit du chasseur » de Davis Grubb.
Un livre sur la dépossession qui rappelle que le mal porte bien des masques. Et que les pires atrocités au sein des communautés humaines se font toujours au nom du bien commun.
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Harlowe, toute petite commune du New Hampshire, dans les années 50/60. John Moore et sa femme Miriam dite Mim, leur fille de 4 ans Hildie, et la mamie Ma, vivent paisiblement dans une ferme, un peu à l'écart du centre, vendant leur beurre, et quelques récoltes, très heureux dans la simplicité de leur quotidien, profitant des beautés de la nature et de leurs terres. Un jour s'installe à Harlowe le commissaire-priseur Perly Dunsmore, un homme charmant, qui met tout de suite malgré tout Mim mal à l'aise par ses regards, et qui va, tous les jeudis, venir dans leur ferme, et chez les autres habitants du village, récupérer diverses choses à vendre aux enchères dans le but de créer, puis de développer, une police municipale. Peu à peu, ce n'est plus d'objets dont ils ne se servent plus que les Moore vont devoir se séparer mais de leurs meubles personnels, de leurs moyens de subsistance même… Un roman très angoissant pour lequel on a du mal à envisager une fin positive, tant le pire est toujours possible. Je l'ai dévoré
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Perly Dunsmore, un commissaire-priseur, vient de s'installer à Harlowe dans l'idée de développer la petite ville grâce à des ventes aux enchères. Bientôt la corde au cou, les Moore sont peu à peu dépouillés de leurs biens sans savoir quoi faire. Céder et ne rien dire ? Appeler à l'aide ? Fuir et laisser derrière eux leur bien le plus précieux, leur terre ? Pour ses habitants, l'atmosphère à Harlowe devient de plus en plus asphyxiante alors que les citadins se pressent pour venir chaque week-end profiter des enchères de Dunsmore. La zone rurale se développe, s'enrichit, tout en appauvrissant ceux qui y habitent.

Délivrez-nous du mal décrit avec talent l'effacement de la morale face à la capitalisation et les lois du marché, et la manière avec laquelle toute une population peut s'oublier et se soumettre en cédant une part d'elle-même. En ne suivant que le point de vue des Moore, éloignés du reste de la ville, on attend nous aussi les visites de Gore, Dunsmore ou Cogswell pour savoir à quel point la situation empire chaque jour.

Puis, on en vient à vouloir secouer tous les personnages pour qu'ils agissent enfin. Et si c'est l'effet voulu par l'autrice, il est vrai que le récit se répète beaucoup et s'embourbe un peu dans un ventre mou dans son dernier tiers. le roman aurait pu être un peu plus concis tout en étant aussi efficace dans ses messages.
Lien : https://entournantlespages.w..
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Avec Délivrez-nous du bien, Joan Samson nous transporte dans un récit sombre, angoissant et parfois tellement anxiogène qu'il aura la force de mettre le lecteur mal à l'aise. C'est poignant, bien écrit et ça nous pousse dans nos réflexions jusque dans les dernières lignes.
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