« En amour (comme en amitié), il y a toujours un qui souffre et l'autre qui s'ennuie » c'est ce cher
Balzac qui le dit. L'amitié décrite par
George Sand dans «
La Petite Fadette » est particulière, elle emploie le mot pour deux frères jumeaux, deux « bossons ». Indissociables physiquement dès la naissance, trop au goût de leur entourage, ils vont être séparés à 14 ans. le plus fort, physiquement et mentalement, des deux, Landry, sera placé comme garçon bouvier dans la ferme voisine, ce que ne supportera pas son frère Sylvinet.
Cette séparation le ronge, l'amour (car s'en est un) va se transformer peu à peu en jalousie. Les fugues, le harcèlement n'y feront rien, Landry aveugle ou trop dans sa vie ne verra pas son frère dépérir. Jusqu'à la fuite de trop et l'apparition de Françoise Fadet notre fameuse « petite fadette ».
Je n'en dirais pas plus, à vous de découvrir comment l'histoire se termine. J'avais certainement lu ce livre à l'école et n'en garde aucun souvenir. Cela fait partie des livres qu'il faut avoir lu adulte, du moins quand les déceptions sentimentales ont fait leur oeuvre.
George Sand excelle dans l'analyse des sentiments ; on ne sait pour qui pencher. D'un côté l'empathie envers le pauvre Sylvinet (il est à noté que c'est le seul jumeau à avoir gardé un diminutif, il ne sera jamais « Sylvain »), qui peine à sortir de son besoin de reconnaissance infantile, de cette fusion fraternelle ; de l'autre l'admiration pour la sagesse de Landry ou de son indifférence, trop occupé qu'il est à vivre pleinement sa propre vie.
La petite Fadette arrive comme une synthèse de ces deux extrêmes.
Je pense, je me trompe peut-être, que Sand utilise ces deux frères pour parler du sentiment amoureux. Que chaque homme aimant passe par les sentiments, les réactions d'un Landry ou d'un Sylvinet. Et que le bonheur réside dans le fait de ne pas insister, voir de disparaitre.
Un grand coup de coeur, merci à George (l'autre !) de m'avoir fait lire ce livre.
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