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3,93

sur 2525 notes
Qu'il est bon de se plonger, ou plutôt de se replonger dans ce délicieux roman champêtre de George Sand.
J'ai découvert cette lecture il y a bien longtemps et je n'ai pas oublié l'émotion ressentie alors.
Qu'allais-je en penser aujourd'hui ? Cette écriture délicieusement désuète riche de mots empruntés au patois berrichon, aurait- elle le même charme à mes yeux ?
C'est toujours avec une légère inquiétude que j'ouvre un livre dont je garde un souvenir lumineux.
« La petite Fadette » a réussi à me transporter à nouveau au pays de l'enfance.
J'ai aimé y retrouver les jumeaux, Landry et Sylvinet, des bessons comme on dit dans le Berry lorsque deux enfants se ressemblent tellement que seule leur mère parvient à les distinguer.
Les garçons nés dans une famille aisée aiment courir dans la campagne, s'occuper des animaux mais par-dessus tout être ensemble.
Lorsque l'heure viendra de les séparer, Landry devant partir travailler dans une ferme du voisinage, ce sera bien difficile, surtout pour Sylvinet qui découvre la jalousie.
L'histoire prend un nouveau tour avec l'arrivée de « La petite Fadette », sauvageonne, en bute aux moqueries et autres méchancetés des garnements du village, elle n'est pas en reste pour distribuer les coups et autres quolibets.

Ce roman au charme intemporel est à la fois une histoire de partage et de complicité entre deux frères, une magnifique et tendre histoire d'amour, mais aussi une formidable peinture de la vie des paysans dans le Berry du 19ème siècle.
A lire et à relire !


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La Mère Sagette, qui a mis au monde les deux bessons – Sylvinet et Landry – avait bien pris soin de mettre les parents en garde : « Par tous les moyens que vous pourrez imaginer, empêchez-les de se confondre l'un avec l'autre et de s'accoutumer à ne pas se passer l'un de l'autre (…) ; si vous ne le faites pas, vous vous en repentirez grandement un jour. » Hélas… Élevés l'un avec l'autre et de la même façon, collés l'un à l'autre depuis l'enfance, « deux empreintes d'un même dessin », toujours ensemble et ne vivant que l'un pour l'autre, les années passant ils forment un couple d'inséparables et, en dépit de quelques infimes différences physiques et de tempéraments dissemblables, ne sont plus que le reflet l'un de l'autre, un miroir qui à lui-même fait écho.

Lorsqu'on les sépare enfin, à l'âge de quatorze ans, Landry partant travailler chez un paysan des environs, il est déjà trop tard, au moins pour Sylvinet qui, d'inconsolable, très vite devient jaloux : jaloux de voir son frère s'adapter assez facilement ailleurs, jaloux de le voir nouer des amitiés autres que la sienne, jaloux qu'il soit capable de vivre sans lui et d'avoir « à part de lui un moment d'aise et de tranquillité ». de fil en aiguille, de petites querelles en mouvements d'humeur et accès de bouderie, la jalousie maussade de Sylvinet installe peu à peu entre les deux bessons un début de discorde. Et c'est au sein de ce couple formé par la nature, renforcé par une éducation inappropriée, mais où la belle harmonie commence à se troubler, que vient un jour s'immiscer la petite Fadette…

Plus qu'un roman, « La petite Fadette » est un conte nourri des croyances et des superstitions – toujours en vigueur à l'époque – des campagnes profondes et plus particulièrement du Berry, terre fertile en légendes où ce que l'on appelle « le petite peuple » (lutins, gnomes, fées, ondines…) occupe une place de choix. La petite Fadette, mi-femme, mi-enfant, à mi-chemin de la sorcière et de la fée, est directement issue de ce « petit peuple » dont on ne sait trop s'il faut l'honorer ou le fuir tant ses pouvoirs sont inquiétants, étranges et ambigus. Face à ce couple de jumeaux, doubles inversés l'un de l'autre, figures incomplètes d'un même être, elle joue – comme souvent la sorcière et plus généralement la femme dans la littérature et dans les contes – le rôle d'un catalyseur permettant à un être, ici physiquement dédoublé, de se révéler enfin à lui-même et, fort de son identité retrouvée, de poursuivre sa quête... A condition qu'il accepte de payer son obole à la fée.

A ce titre, « La petite Fadette » est un roman initiatique qui manie avec habileté les archétypes des légendes et des contes et s'avère infiniment plus profond et plus riche que ce que son apparence de petit récit champêtre plus ou moins destiné à la jeunesse pourrait laisser penser. L'analyse psychologique est fine, la construction intelligente et comme toujours l'écriture de George Sand – émaillée ici, mais sans outrance, d'un peu de patois berrichon – est de grande qualité. J'ai pris beaucoup de plaisir à la relecture de ce texte riche de symboles et de significations cachés que je n'avais certainement pas perçus lors de ma première lecture enfantine. Une relecture intéressante grâce à laquelle j'ai passé un bon moment.

[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]
[Challenge solidaire 2019 – Des classiques contre l'illettrisme]
[Challenge HOMMAGE A NOTRE-DAME DE PARIS]
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Très émouvant, troublant et d'une grande force, "La petite fadette" est un grand roman dont le style et l'histoire simple mettent en valeur la puissance.
J'ai lu ce beau texte de George Sand pendant mon adolescence, ce qui explique je pense, mon engouement et le plaisir que j'ai eu à le découvrir. Nombre des thèmes évoqués correspondent en effet à cette période de la vie et les jeunes femmes en devenir, même plus de cent ans après l'écriture du livre, pourront s'y reconnaitre et y retrouver leurs émois. Mais je pense que ce serait faire erreur que de cloisonner cette lecture aux jeunes filles, car il y a quelque chose dans ce roman, qui dépasse les frontières d'âge et de sexe. Quelque chose d'éternel, comme la beauté de la nature, la puissance du désir et la force immuable du temps... Ce quelque chose m'a vraiment marquée alors et je garde de ma lecture un sentiment déroutant de découverte et de reconnaissance. Je le recommande chaudement!
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Sans pour autant être le meilleur roman de George Sand, La petite Fadette est une belle histoire qui met en relief toutes les moeurs drastiques de la société de l'époque, et pire dans le monde champêtre où les choses sont encore bien dures, le plus souvent entachées d'ignorance.

Ce livre est comme un miroir où chaque personnage se mire pour essayer de découvrir son identité...

L'histoire tourne autour de deux frères jumeaux qui, une fois séparés, ont de la peine à vivre l'un sans l'autre. Landry s'en remet un peu plus facilement, c'est lui qui est parti alors que Sylvinet, resté à la maison, joue aux jeux du faux malade pour s'attirer tous les projecteurs.

Parallèlement, on suit la transformation de façon progressive de la petite fadette, la petite-fille de la vielle Fadet, réputée sorcière, ce qui ternira l'image de la petite fadette. Elle sera traitée de sorcière surtout qu'elle est laide et malpropre...Mais cela n'empêchera pas à Landry, selon une promesse faite à la fadette de danser avec à plusieurs reprises lors d'une fête de l'église au vu et au su de tout le monde malgré les multiples railleries de l'assistance et même des provocations à l'encontre de la petite fadette...
Une histoire d'amour va naître entre les deux, une histoire d'amour qui va résister à tous les mauvais vents amicaux ou familiaux, ces mauvais vents qui sont propices à la chute de cette société...

Mais quand la rejetée, transformée et devenue fortunée, mettra à découvert son intelligence et son esprit de grandeur, elle deviendra alors source de solution pour la famille Barbeau...

Bien que le début soit rempli de beaucoup de détails qui ralentissent un peu trop le rythme, mais le plaisir a été bien au rendez-vous en lisant ce livre!!!
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La petite Fadette raconte l'histoire de deux jumeaux inséparables Sylvinet et Landry qui vivent dans une famille plutôt aisée, jusqu'au jour où l'un doit partir travailler dans une autre ferme.
Heureusement qu'apparaît alors la petite Fadette!!
Cette histoire est un conte plutôt agréable à lire!
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Mais c'est qu'elle est charmante cette petite Fadette, cette grimaçante fée ébouriffée, ce farfadet en haillons, ce garçon manqué à demi sorcière qui court la campagne comme un feu follet, rugit aux pierres et quolibets qu'on lui lance au village mais qui cache le coeur le plus noble et le plus pur qui soit!
Ce joyau caché sous la boue, il faut rien moins que le doux et droit Landry pour le découvrir avec les yeux du coeur, n'en déplaise à Sylvinet son jumeau qui fera tout, même à son corps défendant, pour détourner son frère de la vilaine belle et garder pour lui seul l'amour de sa moitié.
De ce trio amoureux champêtre et joliment moral, c'est avant tout la langue qui m'a séduite, ce parler délicieusement désuet qu'utilise George Sand, que je découvre, tant pour faire vivre son pays berrichon par ses mots que pour réjouir ses lecteurs ainsi qu'elle-même dans les temps troublés de la sanglante répression de l'insurrection parisienne de 1848, avec une histoire pour (grands) enfants nourrie de grandeur d'âme, de nature éternelle et de beaux sentiments.
A défaut d'avoir enjaillé mon enfance en son temps, cette petite Fadette aura jeté de belles lumières sur ma journée.
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La dernière fois que j'ai lu une histoire de George Sand je n'étais qu'une gamine mais toujours j'ai gardé une affection pour la mare au diable, François le champi ou la petite fadette sans me souvenir précisément de l'histoire. C'est en regardant le livre de français de 4eme de mon fils que mes yeux se sont portés sur un texte de George Sand que j'ai eu envie d'en relire une.
C'est un charmant roman champêtre qui s'ouvre sur la naissance de deux jumeaux, des bessons en patois berrichon. Landry et Sylvinet ont toujours été très proches. Lorsque son frère s'éloigne pour aller travailler, Sylvinet qui est resté avec ses parents en ressent une vive douleur. Landry s'émancipe un peu de la présence de son frère. Sylvinet devient jaloux. Leurs relations sont plus compliquées. Surtout que Landry finit par tomber amoureux de la petite Fadette une jeune fille élevée par sa grand mère que l'on dit sorcière parce qu'elle connaît la vertu des plantes et sait soigner les gens et les bêtes. Les deux jeunes gens pourront ils s'aimer en dépit de l'opinion des gens qui juge (trop) vite Fadette?
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George Sand nous emmène au coeur de la paysannerie française où l'on fait la connaissance de la jeune Fadette ainsi que de deux bessons (des jumeaux), les frères Landry et Sylvain Barbeau.
Appartenant à une famille soudée et un peu plus aisée que les autres villageois, ces deux frères sont inséparables. Ils courent à travers champs, découvrent la nature et se chamaillent, en particulier avec deux enfants du pays, Fadette et son petit frère. Vus comme des parias par le reste du village, la jeune fille et son frère ont été abandonnés par leur mère à leur grand-mère et celle-ci n'est guère plus insérée auprès des villageois qui la traitent de sorcière. On dit que leur grand-mère guérit les hommes et les animaux, qu'elle connaît les plantes et la magie et que la petite fadette a hérité de ses facultés. A la fois craints et martyrisés par les autres, ce trio familial vit dans la solitude et l'extrême pauvreté.
Malheureusement et heureusement pour lui, l'un des jumeaux, Landry, tombe amoureux de la petite « magicienne », un amour qui va remuer le village et en particulier son besson jaloux maladif et grand détracteur de l'amoureuse de son frère.

La suite ? Je vous laisse le bonheur de la découvrir pour ceux qui comme moi sont en retard, il vaut mieux tard que jamais comme dit le dicton. Oui, cette lecture était pour moi qui vient d'une longue lignée familiale de paysans, un pur bonheur. J'ai pu y retrouver le commérage légendaire des villageois, la nature, le travail mais surtout l'amour. Il est très présent dans ce texte qui est presque un conte et bien entendu, l'amour sera mis à l'épreuve, en particulier à cause de la fierté et du manque de communication chez les paysans.
Ce que j'ai le plus aimé dans ce roman (encore de l'amour), c'est l'écriture que j'ai trouvé vraiment poétique avec ses expressions anciennes et paysannes, c'est magnifique de découvrir une forme de la langue française ayant sombré dans l'oubli avec les années mais heureusement gravée à tout jamais dans l'ADN de la littérature française.
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Ce roman, léger, drôle, et émouvant à la fois, écrit dans une langue un peu vieillie qui convient à merveille à cette histoire campagnarde du dix-neuvième siècle, m'a littéralement captivé.
La petite Fadette, ainsi que Landry et Sylvinet, les bessons indissociables, sont des personnages hauts en couleur, attachants, vivants. Ce livre est difficile à refermer!
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Il y a une dissonance assez curieuse autours de Georges Sand. Celle qui est de loin la femme de lettres françaises la plus célèbre était, en son temps, un scandale ambulant. On la décrivait comme un être dépravé et corrompu, un affront vivant aux bonnes moeurs. Et aujourd'hui c'est ‘'la dame habillée en homme qui couchait avec des pianistes et écrivait des histoires un peu nunuches''…

Après le brillant ‘'maitres sonneurs'' et ‘'le compagnon du tour de France'', intéressant mais un peu raté, je me suis attaqué à ses grands classiques. Et ‘'la petite Fadette'' commençait on ne peut mieux. Une histoire de jumeau dans son cher Berry. Sylvinet et Landry sont inséparables, indistinguables, unis à un point tel que leurs parents finissent par s'en inquiéter. Landry, légèrement plus robuste, est placé comme valet de ferme chez un voisin, où il s'épanouit rapidement, acquiert de nouvelles responsabilités, de nouveaux savoirs, se fait de nouveaux amis... Bref grandit. Par réaction et jalousie, le pauvre Sylvinet développe un complexe de Peter Pan doublée d'une jalousie maladive.

Un jour où ce dernier a disparu, une voisine aide Landry à le retrouver en échange d'une faveur future. Cette voisine, c'est la petite Fadette : une gamine méprisée dans tout le pays car sa mère les a abandonnés son frère et elle pour un soldat, déconsidérant ainsi toute sa famille. Qui plus est, alors qu'elle entre dans l'adolescence et doit commencer à se comporter en jeune fille, elle continue à trainer avec les gamins, et se fait remarquer par son penchant pour l'espionite et le commérage. Mais ses qualités morales profondes séduiront Landry, et peu à peu le papillon jaillira de la chrysalide…

L'histoire est charmante et très agréable à lire, mais il faut bien aussi souligner ses faiblesses. La fortune soudaine de la petite Fadette est une énorme pirouette littéraire, le genre qu'on trouvait en abondance dans les gazettes et les romans feuilleton, voir dans la littérature pour enfant. Les deux frères sont, forcément, les plus beaux garçons du pays, et la petite Fadette en devient en un tournemain la plus jolie fille. Landry est chez un patron parfait, tout le monde est bon et généreux, avec juste un peu d'idées reçues à cause des commérages et de la mauvaise attitude de Fadette.

En fait, ce qui frappe, c'est que la qualité littéraire de son texte n'a pas l'air d'avoir beaucoup d'importance pour Georges Sand. Elle fait une jolie histoire pour habiller, mais ce qui l'intéresse c'est de rapporter une histoire locale, et d'en profiter pour dépeindre et analyser les moeurs de la paysannerie berrichonne. En somme elle est romancière, mais elle voudrait faire de l'ethnologie. Qui, malheureusement pour elle, n'a pas encore été inventée.

Mais Georges Sand n'était pas la seule pionnière du roman paysan dans les années 1840, loin de là, et je n'ai pu m'empêcher de comparer ‘'la petite Fadette'' au ‘'Ann-Bäbi Jowäger'' de son homologue suisse, Jérémias Gotthelf. Si l'on retire la question de gémélité, l'histoire est en effet relativement proche : le fils d'un coq de village tombe amoureux et épouse, après diverses péripéties, une orpheline aussi jolie et vertueuse que désargentée. Mais chez Gotthelf le gars n'est plus le beau du village depuis que la variole l'a laissé borgne et défiguré ; l'orpheline n'a pas doit à une manne inattendue, et si elle est bien accueillie dans sa nouvelle famille la différence de conditions reste donc toujours présente, générant non-dits et mal-être. le tout est accompagné d'observations minutieuses (et sarcastiques) sur les rapports des paysans à la médecine, les professionnels du mariage arrangé, la vie des valets et filles de fermes…

J'ai donc eu l'impression que Georges Sand avait essayé de faire un ‘'gentil texte''. Quelque chose de mignon, sans amertume ni acrimonie ou noirceur, aussi doux et aimable que son Berry adoré mais manquant d'envergure. Il devait certes être difficile pour une femme de faire preuve d'ambition littéraire dans la France de 1850 ; mais ses homologues anglaises, Jane Austeen, les Brontës, Elizabeth Gaskell, faisaient face à une misogynie bien plus virulente - et leurs conditions de vie étaient bien plus rude que celles de la baronne Dudevant. Et il est impossible de leur faire ce reproche.
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