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sur 2532 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La Mère Sagette, qui a mis au monde les deux bessons – Sylvinet et Landry – avait bien pris soin de mettre les parents en garde : « Par tous les moyens que vous pourrez imaginer, empêchez-les de se confondre l'un avec l'autre et de s'accoutumer à ne pas se passer l'un de l'autre (…) ; si vous ne le faites pas, vous vous en repentirez grandement un jour. » Hélas… Élevés l'un avec l'autre et de la même façon, collés l'un à l'autre depuis l'enfance, « deux empreintes d'un même dessin », toujours ensemble et ne vivant que l'un pour l'autre, les années passant ils forment un couple d'inséparables et, en dépit de quelques infimes différences physiques et de tempéraments dissemblables, ne sont plus que le reflet l'un de l'autre, un miroir qui à lui-même fait écho.

Lorsqu'on les sépare enfin, à l'âge de quatorze ans, Landry partant travailler chez un paysan des environs, il est déjà trop tard, au moins pour Sylvinet qui, d'inconsolable, très vite devient jaloux : jaloux de voir son frère s'adapter assez facilement ailleurs, jaloux de le voir nouer des amitiés autres que la sienne, jaloux qu'il soit capable de vivre sans lui et d'avoir « à part de lui un moment d'aise et de tranquillité ». de fil en aiguille, de petites querelles en mouvements d'humeur et accès de bouderie, la jalousie maussade de Sylvinet installe peu à peu entre les deux bessons un début de discorde. Et c'est au sein de ce couple formé par la nature, renforcé par une éducation inappropriée, mais où la belle harmonie commence à se troubler, que vient un jour s'immiscer la petite Fadette…

Plus qu'un roman, « La petite Fadette » est un conte nourri des croyances et des superstitions – toujours en vigueur à l'époque – des campagnes profondes et plus particulièrement du Berry, terre fertile en légendes où ce que l'on appelle « le petite peuple » (lutins, gnomes, fées, ondines…) occupe une place de choix. La petite Fadette, mi-femme, mi-enfant, à mi-chemin de la sorcière et de la fée, est directement issue de ce « petit peuple » dont on ne sait trop s'il faut l'honorer ou le fuir tant ses pouvoirs sont inquiétants, étranges et ambigus. Face à ce couple de jumeaux, doubles inversés l'un de l'autre, figures incomplètes d'un même être, elle joue – comme souvent la sorcière et plus généralement la femme dans la littérature et dans les contes – le rôle d'un catalyseur permettant à un être, ici physiquement dédoublé, de se révéler enfin à lui-même et, fort de son identité retrouvée, de poursuivre sa quête... A condition qu'il accepte de payer son obole à la fée.

A ce titre, « La petite Fadette » est un roman initiatique qui manie avec habileté les archétypes des légendes et des contes et s'avère infiniment plus profond et plus riche que ce que son apparence de petit récit champêtre plus ou moins destiné à la jeunesse pourrait laisser penser. L'analyse psychologique est fine, la construction intelligente et comme toujours l'écriture de George Sand – émaillée ici, mais sans outrance, d'un peu de patois berrichon – est de grande qualité. J'ai pris beaucoup de plaisir à la relecture de ce texte riche de symboles et de significations cachés que je n'avais certainement pas perçus lors de ma première lecture enfantine. Une relecture intéressante grâce à laquelle j'ai passé un bon moment.

[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]
[Challenge solidaire 2019 – Des classiques contre l'illettrisme]
[Challenge HOMMAGE A NOTRE-DAME DE PARIS]
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Très émouvant, troublant et d'une grande force, "La petite fadette" est un grand roman dont le style et l'histoire simple mettent en valeur la puissance.
J'ai lu ce beau texte de George Sand pendant mon adolescence, ce qui explique je pense, mon engouement et le plaisir que j'ai eu à le découvrir. Nombre des thèmes évoqués correspondent en effet à cette période de la vie et les jeunes femmes en devenir, même plus de cent ans après l'écriture du livre, pourront s'y reconnaitre et y retrouver leurs émois. Mais je pense que ce serait faire erreur que de cloisonner cette lecture aux jeunes filles, car il y a quelque chose dans ce roman, qui dépasse les frontières d'âge et de sexe. Quelque chose d'éternel, comme la beauté de la nature, la puissance du désir et la force immuable du temps... Ce quelque chose m'a vraiment marquée alors et je garde de ma lecture un sentiment déroutant de découverte et de reconnaissance. Je le recommande chaudement!
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Mais c'est qu'elle est charmante cette petite Fadette, cette grimaçante fée ébouriffée, ce farfadet en haillons, ce garçon manqué à demi sorcière qui court la campagne comme un feu follet, rugit aux pierres et quolibets qu'on lui lance au village mais qui cache le coeur le plus noble et le plus pur qui soit!
Ce joyau caché sous la boue, il faut rien moins que le doux et droit Landry pour le découvrir avec les yeux du coeur, n'en déplaise à Sylvinet son jumeau qui fera tout, même à son corps défendant, pour détourner son frère de la vilaine belle et garder pour lui seul l'amour de sa moitié.
De ce trio amoureux champêtre et joliment moral, c'est avant tout la langue qui m'a séduite, ce parler délicieusement désuet qu'utilise George Sand, que je découvre, tant pour faire vivre son pays berrichon par ses mots que pour réjouir ses lecteurs ainsi qu'elle-même dans les temps troublés de la sanglante répression de l'insurrection parisienne de 1848, avec une histoire pour (grands) enfants nourrie de grandeur d'âme, de nature éternelle et de beaux sentiments.
A défaut d'avoir enjaillé mon enfance en son temps, cette petite Fadette aura jeté de belles lumières sur ma journée.
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La dernière fois que j'ai lu une histoire de George Sand je n'étais qu'une gamine mais toujours j'ai gardé une affection pour la mare au diable, François le champi ou la petite fadette sans me souvenir précisément de l'histoire. C'est en regardant le livre de français de 4eme de mon fils que mes yeux se sont portés sur un texte de George Sand que j'ai eu envie d'en relire une.
C'est un charmant roman champêtre qui s'ouvre sur la naissance de deux jumeaux, des bessons en patois berrichon. Landry et Sylvinet ont toujours été très proches. Lorsque son frère s'éloigne pour aller travailler, Sylvinet qui est resté avec ses parents en ressent une vive douleur. Landry s'émancipe un peu de la présence de son frère. Sylvinet devient jaloux. Leurs relations sont plus compliquées. Surtout que Landry finit par tomber amoureux de la petite Fadette une jeune fille élevée par sa grand mère que l'on dit sorcière parce qu'elle connaît la vertu des plantes et sait soigner les gens et les bêtes. Les deux jeunes gens pourront ils s'aimer en dépit de l'opinion des gens qui juge (trop) vite Fadette?
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Il y a une dissonance assez curieuse autours de Georges Sand. Celle qui est de loin la femme de lettres françaises la plus célèbre était, en son temps, un scandale ambulant. On la décrivait comme un être dépravé et corrompu, un affront vivant aux bonnes moeurs. Et aujourd'hui c'est ‘'la dame habillée en homme qui couchait avec des pianistes et écrivait des histoires un peu nunuches''…

Après le brillant ‘'maitres sonneurs'' et ‘'le compagnon du tour de France'', intéressant mais un peu raté, je me suis attaqué à ses grands classiques. Et ‘'la petite Fadette'' commençait on ne peut mieux. Une histoire de jumeau dans son cher Berry. Sylvinet et Landry sont inséparables, indistinguables, unis à un point tel que leurs parents finissent par s'en inquiéter. Landry, légèrement plus robuste, est placé comme valet de ferme chez un voisin, où il s'épanouit rapidement, acquiert de nouvelles responsabilités, de nouveaux savoirs, se fait de nouveaux amis... Bref grandit. Par réaction et jalousie, le pauvre Sylvinet développe un complexe de Peter Pan doublée d'une jalousie maladive.

Un jour où ce dernier a disparu, une voisine aide Landry à le retrouver en échange d'une faveur future. Cette voisine, c'est la petite Fadette : une gamine méprisée dans tout le pays car sa mère les a abandonnés son frère et elle pour un soldat, déconsidérant ainsi toute sa famille. Qui plus est, alors qu'elle entre dans l'adolescence et doit commencer à se comporter en jeune fille, elle continue à trainer avec les gamins, et se fait remarquer par son penchant pour l'espionite et le commérage. Mais ses qualités morales profondes séduiront Landry, et peu à peu le papillon jaillira de la chrysalide…

L'histoire est charmante et très agréable à lire, mais il faut bien aussi souligner ses faiblesses. La fortune soudaine de la petite Fadette est une énorme pirouette littéraire, le genre qu'on trouvait en abondance dans les gazettes et les romans feuilleton, voir dans la littérature pour enfant. Les deux frères sont, forcément, les plus beaux garçons du pays, et la petite Fadette en devient en un tournemain la plus jolie fille. Landry est chez un patron parfait, tout le monde est bon et généreux, avec juste un peu d'idées reçues à cause des commérages et de la mauvaise attitude de Fadette.

En fait, ce qui frappe, c'est que la qualité littéraire de son texte n'a pas l'air d'avoir beaucoup d'importance pour Georges Sand. Elle fait une jolie histoire pour habiller, mais ce qui l'intéresse c'est de rapporter une histoire locale, et d'en profiter pour dépeindre et analyser les moeurs de la paysannerie berrichonne. En somme elle est romancière, mais elle voudrait faire de l'ethnologie. Qui, malheureusement pour elle, n'a pas encore été inventée.

Mais Georges Sand n'était pas la seule pionnière du roman paysan dans les années 1840, loin de là, et je n'ai pu m'empêcher de comparer ‘'la petite Fadette'' au ‘'Ann-Bäbi Jowäger'' de son homologue suisse, Jérémias Gotthelf. Si l'on retire la question de gémélité, l'histoire est en effet relativement proche : le fils d'un coq de village tombe amoureux et épouse, après diverses péripéties, une orpheline aussi jolie et vertueuse que désargentée. Mais chez Gotthelf le gars n'est plus le beau du village depuis que la variole l'a laissé borgne et défiguré ; l'orpheline n'a pas doit à une manne inattendue, et si elle est bien accueillie dans sa nouvelle famille la différence de conditions reste donc toujours présente, générant non-dits et mal-être. le tout est accompagné d'observations minutieuses (et sarcastiques) sur les rapports des paysans à la médecine, les professionnels du mariage arrangé, la vie des valets et filles de fermes…

J'ai donc eu l'impression que Georges Sand avait essayé de faire un ‘'gentil texte''. Quelque chose de mignon, sans amertume ni acrimonie ou noirceur, aussi doux et aimable que son Berry adoré mais manquant d'envergure. Il devait certes être difficile pour une femme de faire preuve d'ambition littéraire dans la France de 1850 ; mais ses homologues anglaises, Jane Austeen, les Brontës, Elizabeth Gaskell, faisaient face à une misogynie bien plus virulente - et leurs conditions de vie étaient bien plus rude que celles de la baronne Dudevant. Et il est impossible de leur faire ce reproche.
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Dans la campagne profonde du Berry La petite Fadette que l'on traite tantôt de souillon, de laideron ou de sorcière, traverse la vie avec une certaine espièglerie, vêtue de guenilles, les cheveux en bataille et le visage crasseux, apparaît et disparaît tel un feu follet dans un paysage champêtre.
On l'évite par peur d'un mauvais sort. D'ailleurs, sa grand-mère n'est-elle pas elle-même un peu sorcière ? Cette femme sur le déclin qui a pris soin d'elle, bon an, mal an, une vieille femme ignorée malgré les soins prodigués contre des broutilles aux divers maux des villageois par les plantes de sa connaissance. de sa laideur et sa maigreur dont on fait souvent allusion, Fadette s'en contre fiche, n'ayant pas un sou vaillant et personne à qui plaire.
Mais c'est sans compter sur les Bessons, des jumeaux liés comme les deux doigts d'une main. le grand malheur de leur vie se présente lorsque Landry va se louer dans une ferme voisine dont l'absence se fait de plus en plus sentir dans le coeur de son frère, allant même jusqu'à fuguer par dépit dont ils doivent leurs retrouvailles à Fadette. Mais en apprenant le futur mariage de Landry avec Fadette qu'il a appris à connaître, bien loin de l'image qu'elle laissait paraître, un mal être s'installe en lui, incapable d'entrevoir une nouvelle séparation qui s'annonce encore entre les deux frères. de jour en jour, la santé de Sylvanet se dégrade, le clouant au lit avec une fièvre qui ne le quitte pas, jetant le désespoir dans la famille par crainte de le voir trépasser.
Mais Fadette, devenue une femme bien rangée dans la société, veille au grain. Pas question de laisser le frère de son futur mari prendre le chemin de la mort. Aussi chaque nuit à son insu durant son sommeil, elle parvient à couper la fièvre qui s'empare de son corps mais c'est finalement par un dialogue réfléchi avec tact et douceur qu'elle ramène Sylvanet à la raison.

Ce récit se distingue en deux parties. Dans la première, il est plutôt question du comportement des deux frères, unis puis séparés provoquant parfois des tensions toxiques par la jalousie de Sylvanet bien trop possessif envers Landry.
Dans la seconde partie, George Sand nous dépeint une jeune femme en devenir, rejetée par tous, vivant à l'écart de la société, mal fagotée, une fille que l'on dit laide, mais qui, telle une chrysalide, va se transformer en un magnifique papillon par amour pour Landry après lui avoir ouvert son coeur.

Dans ce récit George Sand nous amène aux réflexions sur les moqueries blessantes et sur la beauté intérieure, celle de la petite Fadette cachée sous des oripeaux, une jeune fille pleine de bon sens qui ne connait ni rancune, ni haine pour ceux qui s'en sont moqué, insulté, mal jugé à cause de son apparence qui lui servait finalement de rempart pour se protéger. Une belle leçon de sagesse par les propos tenus de la Petite Fadette lors d'un ultime entretien avec Sylvanet pour l'équilibre des deux frères.
Le langage employé peut paraître désuet, certes, mais il correspond parfaitement à cette période de la campagne profonde dans laquelle l'histoire de la petite Fadette prend naissance.

On aime ou pas, personnellement, j'ai adoré cette histoire.


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"Presque toujours, il faut que l'un des deux périsse pour que l'autre se porte bien."

On connaît le goût de la Dame de Nohant pour la campagne et la vie champêtre mais également les
histoires et légendes qui parcourent les lieux. Dès l'introduction l'auteure s'adresse à un ami en Septembre 1848 et déçue par la politique, préfère se replonger dans ses contes champêtres pour retrouver la foi en l'humain.

"Mais les hommes ont empiré, et nous comme les autres. Les bons sont devenus faibles, les faibles poltrons, les poltrons lâches, les généraux téméraires, les septiques pervers, les égoïstes féroces (p5)."

C'est dans ce contexte que George Sand écrit ce court roman, pour soigner ses blessures morales dans lequel elle met en scène une famille aisée où l'arrivée des bessons (qui par extension donneront leur nom à leur demeure : la Bessonnière) va apporter bonheur mais également tourments quand ceux-ci, élevés à l'identique, partageant tout jusqu'à leur lit, vont devenir des jeunes gens dont les caractéristiques quelles soient physiques ou morales, vont différer. L'un, Landry, est fort, aimable, calme et raisonnable, l'autre se révèlera plus tourmenté, jaloux, ne voulant être que l'être unique et aimé de son frère.

"Il a une surabondance d'amitié dans le coeur, et, pour l'avoir toujours portée sur son besson, il a oublié quasiment son sexe, et en cela, il a manqué à la loi du bon Dieu, qui veut que l'homme chérisse une femme plus que père et mère, plus que frères et soeurs. (p129)"

George Sand fait de son héroïne, la petite Fadette, celle qui va provoquer la scission entre les jumeaux, révélant leurs véritables personnalités, les accentuer et apporter le trouble dans la famille de ceux-ci. Mais sous les haillons et la crasse (ne jamais se fier aux apparences) une "belle personne" apparaît, aussi belle et parfaite que Landry peut l'être. Ils étaient faits pour se rencontrer et s'aimer. Mais c'est sans compter sur les rumeurs du village et les symptômes que développe Sylvinet quand il comprend que la jeune fille risque de lui ôter ce qu'il avait de plus cher : l'amour de son besson.....

"Mais le don de nature n'est point une fable, puisque la petite Fadette l'avait, et qu'avec si peu de leçons raisonnables que sa grand'mère lui avait données, elle découvrait et devinait, comme qui invente, les vertus que le bon Dieu a mises dans certaines herbes et dans certaines manières de les employer. Elle n'était point sorcière pour cela, elle avait raison de s'en défendre ; mais elle avait l'esprit qui observe, qui fait des comparaisons, des remarques, des essais, et cela c'est un don de la nature, on ne peut pas le nier. (p109)"

Installez-vous au coin du feu et écoutez George Sand évoquer à travers cette histoire non seulement un conte d'amour mais également l'histoire d'une famille, les Barbeau, qui n'a pas voulu écouter les mises en garde de la sage-femme, ayant une longue expérience et le bon sens, recommandations que la mère, sûre de son amour maternel, s'est empressée de passer outre :

"Enfin, par tous les moyens que vous pourrez imaginer, empêchez-les de se confondre l'un avec l'autre et de s'accoutumer à ne pas se passer l'un de l'autre. Ce je vous dis là, j'ai grand'peur que vous le mettiez dans l'oreille du chat ; mais si vous ne le faites pas, vous vous en repentirez grandement un jour. (p16)"

C'est un roman sur les sentiments : amour, jalousie mais également les différentes catégories sociales d'un village avec ceux qui ont réussi et ont du bien, les arrangements entre eux pour des mariages prospères (l'intérêt n'est jamais bien loin) et la mise à l'écart de ceux qui ne possèdent rien, dont on fait pourtant usage pour leurs capacités à soigner, mais qu'une réputation de sorcellerie colle à la peau. 

Ici la Fadette est finalement le plus beau personnage : c'est celui de l'intelligence, de la patience et de l'amour inconditionnel. Elle offre presque un visage de sainte, priant pour le repos des âmes disparues, se dévouant à Dieu et non au Diable, n'hésitant pas à aider son prochain sans rien en attendre en retour. George Sand en fait une héroïne dotée de toutes les qualités : patience, abnégation, bon sens etc.... 

Sylvinet est l'élément perturbateur, celui qui empêche l'amour d'exister car seul l'amour attendu de son frère lui importe, tombant dans les fièvres dès que le rapprochement entre les amoureux devient évident, sa mère cédant à tous ses agissements de crainte de le perdre.

On retrouve le parler et les traditions rurales, les croyances et superstitions dans ce joli roman fort agréable à lire et offrant un déroulé avec quelques rebondissements et révélations qui permettent de tenir l'attention et une sorte d'attente du dénouement. George Sand y glisse quelques références et ressentiments sur l'époque révolutionnaire et les événements qui se déroulent à Paris ainsi que son regard sur la souffrance d'un peuple qui perd espoir. 

Certes il y a de la morale, la femme est, à travers la petite Fadette, reconnue comme la plus sensée et celle qui trouve les remèdes au mal dont souffre Sylvinet (merci Madame),  fait preuve plus de psychologie que de remèdes d'ailleurs, pour y parvenir. Il y a un petit côté désuet par le langage mais également l'omniprésence de la religion mais j'ai eu plaisir à passer quelques moments au coin du feu à écouter une de nos grandes dames de la littérature française mettre dans les plateaux de la balance un amour filial dangereux et un sentiment amoureux pur et loyal. J'y ai retrouvé le même plaisir que lors de la lecture du roman d'Alain Fournier, le grand Meaulnes, mais sans le côté mystérieux régnant dans ce dernier.

J'ai  beaucoup aimé parce que c'était la lecture idéale pour la saison et par rapport à mon lieu de lecture, au milieu de la nature, avec la nostalgie de ces histoires que l'on se transmettait dans les familles de génération en génération et qui comportait malgré tout une idée, un message....
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Si l'écriture de George Sand a en général beaucoup vieilli, ses romans se déroulant sur un fond champêtre ont encore leur public. Parmi eux, "La Petite Fadette", portrait d'une sauvageonne que l'amour finit par arracher à son existence vagabonde de semi-paria.
Pourtant, tout commence avec deux frères jumeaux ("bessons", selon le terme local), Sylvain et Landry, dont Sand nous dépeint l'amour extraordinaire l'un pour l'autre. Amour qui ne manque pas de poser problème le jour où Landry est engagé par un fermier de la région et par conséquent séparé de son frère.
Sylvain tombe d'abord malade puis, un jour, se sauve. Inquiet, Landry se met alors à sa recherche et c'est alors qu'il croise le chemin de Françoise ou Fanchon, dite "la petite Fadette", dont tout le monde se moque dans les environs parce que, fluette et de peau mate, elle ressemble à un grillon. Dont tout le monde a peur aussi, il faut bien l'avouer, car elle passe pour sorcière.
Seulement voilà, la Fadette sait où a disparu Sylvain et, contre la promesse que lui fait solennellement Landry de la faire danser, devant tout le village, au prochain grand bal, elle le guide vers le jumeau disparu.
Landry, qui se croit amoureux de Madelon, la fille de son patron, a évidemment promis à contre-coeur car qui voudrait, en effet, danser avec une fille aussi laide et aussi pauvrement vêtue ?
Mais le Destin se complaît à nous jouer des tours et, après quelques autres péripéties, Landry tombera amoureux de la Fadette, laquelle, sous la double conjonction de l'amour et des années qui passent, se transformera en une charmante jeune fille.
Comme on le voit, c'est un peu le même univers que celui de la comtesse de Ségur avec cette différence que George Sand met beaucoup plus l'accent sur les descriptions de la vie rurale et fait part en filigrane à son lecteur de ses théories féministes.
Chez Sand, faut-il s'en étonner ? la Femme est toujours la dominante, la battante. Et même si elle sacrifie à certaines conventions pour obtenir une fin heureuse, elle n'en privilégie pas moins le côté ferme, voire indomptable de la personnalité de la Fadette. Celle-ci a beau changer physiquement, elle a beau apprendre à discipliner son caractère afin d'en tirer encore plus de force, elle est dès le départ une fine lame d'acier que rien, hormis la Mort, ne pourra briser. Simplement, elle doit se polir et, pour sa créatrice, il est clair que rien n'est impossible à une femme qui se donne les moyens de réussir.
Cela explique peut-être en partie le succès que ce petit ouvrage, souvent offert aux enfants et aux adolescents d'ailleurs, continue de remporter, même en ce piteux début du XXIème siècle. Rédigé dans une langue claire et souple, il demeure un véritable petit régal à conseiller, par exemple, en cette période de fêtes pour faire découvrir cet écrivain tout à fait à part que fut George Sand. ;o)
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J'avais beaucoup apprécié La mare au diable de George Sand, du coup, c'est réellement sans appréhension que je me suis lancée dans La petite Fadette, d'autant plus qu'il fait parti de mon baby-challenge classique et me permet de participer au mois blanc du challenge bookineurs en couleurs de Liyah.

C'est vraiment avec plaisir que j'ai retrouvé l'écriture de l'auteure : j'aime cette douceur et cette sorte de "nonchalance" qui nous donnent l'impression de glander dans les prés pendant qu'elle nous raconte son histoire. Personnellement, je me suis vraiment sentie "en paix" en lisant La petite Fadette. Alors, forcément, quand l'histoire se termine, j'en redemanderais bien encore ;)

L'histoire de Sylvain et Landry m'a beaucoup touché, d'autant plus que les liens gémellaires ont souvent un côté assez "mystique" : j'ai beaucoup apprécié leur amitié fraternelle et la confiance qu'ils ont l'un dans l'autre. Bon, c'est vrai que j'ai trouvé la réaction de Sylvain un peu disproportionnée par rapport aux évènements mais ça ne m'a pas empêché de trouver son amour pour son frère très touchant.
Fadette m'a également beaucoup plu : j'ai vraiment apprécié son caractère de feu et sa capacité à se moquer des qu'en-dira-t-on. Et puis, sa transformation après son retour de la ville m'a beaucoup amusée : c'est un vrai pied-de-nez aux villageois !

J'ai beaucoup aimé la façon dont le proverbe "l'habit ne fait pas le moine" à été exploité tout au long de ce livre, tout comme à l'éloge de l'amour éternel. Par contre, j'ai été beaucoup moins sensible à celui de Dieu...
La petite Fadette est vraiment un classique à découvrir !
Lien : http://lunazione.over-blog.c..
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Un roman champêtre, écrit dans une période de forte ébullition intellectuelle, de grandes illusions et de grandes déceptions également - la révolution de 1848. Une histoire d'amour et de reconnaissance de soi et des autres, tissée autour des deux jumeaux, Landry et Sylvinet et de la Fadette, trois présences qui s'attirent, se rejettent, se complètent.
Aurore Dupin, allias George Sand, forte et belle personnalité du XIXe siècle, donne à la Petite Fadette la force et la complexité insoupçonnées et insoupçonnables pour ceux qui, sans savoir lire et écouter avec le coeur pour découvrir le vrai et le bon, restent à la surface trompeuse du beau et du grand. C'est une incitation à garder les yeux bien ouverts pour voir et aimer la vie, avoir de la tolérance pour les autres, de l'attention et de l'indulgence pour soi-même.
Le chemin parcouru par les trois personnages traverse la campagne berrichonne, l'amour fraternel et l'amour entre un homme et une femme, avec des changements et des métamorphoses devant lesquelles la vie réelle ne peut que s'étonner et s'instruire.
Subtil jeu de miroirs où les personnages aiment à se trouver, tout en se méfiant des découvertes qu'ils peuvent faire.
D'un bout à l'autre du roman les pages ont tourné toutes seules, entraînées légèrement par la fraîcheur de l'histoire et de la langue au charme désuet du patois berrichon. Conte de fée dont la profondeur de la lecture traverse les âges sans prendre un ride.
"Dans les temps où le mal vient de ce que les hommes se méconnaissent et se détestent, la mission de l'artiste est de célébrer la douceur, la confiance, l'amitié, et de rappeler ainsi aux hommes endurcis et découragés, que les moeurs pures, les sentiments tendres et l'équité primitive, sont ou peuvent être encore de ce monde ...", nous dit George Sand.
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