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Citations sur Mauprat (40)

Ce sont les âmes douces et résignées du peuple qui entretiennent l'orgueil et la rudesse des grands.
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Tout ce que je puis vous dire, c'est que j'avais reçu de ma mère de bonnes notions dans avoir peut-être naturellement ses bonnes qualités. Chez elle, j'étais déjà violent, mais d'une violence sombre et concentrée, aveugle et brutal dans la colère, méfiant jusqu'à la poltronnerie à l'approche du danger, hardi jusqu'à la folie quand j'étais aux prises avec lui, c'est-à-dire à la fois timide et brave par amour de la vie. J'étais d'une opiniâtreté révoltante; pourtant ma mère seule réussissait à me vaincre; et, dans bien raisonner, car mon intelligence fut très tardive dans son développement, je lui obéissais comme à une sorte de nécessité magnétique.
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(…) mais je n'aime pas le mal, je ne peux pas l'aimer, et, si vous le cultivez en vous-même, au lieu de l'extirper, je ne peux pas vous aimer. Comprenez-vous cela ?
Non.
Comment, non?
Non, vous dis-je. Je ne sens pas qu'il y ait du mal en moi. (…) J'ai entendu de mauvais préceptes dès mon enfance, mais je ne les ai pas acceptés. Je n'ai jamais cru qu'il fût permis de commettre de mauvaises actions ou du moins je ne l'ai jamais trouvé agréable. Quand j'ai fait le mal, j'ai été contraint par la force. J'ai toujours détesté mes oncles et leur conduite. Je n'aime pas la souffrance d'autrui ; je n'aime à dépouiller personne ; je méprise l'argent, dont on faisait un dieu à la Roche-Mauprat ; je sais être sobre, et je boirais de l'eau toute ma vie, quoique j'aime le vin, s'il fallait, comme mes oncles, répandre le sang pour me procurer un bon souper. Cependant j'ai combattu avec eux ; cependant j'ai bu avec eux ; pouvais-je faire autrement ? Aujourd'hui que je peux me conduire comme je veux, à qui fais-je du mal ? Votre abbé, qui parle de vertu, me prend- il pour un assassin et pour un voleur ?
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La beauté est comme un temple dont les profanes ne voient que les richesses extérieures. Le mystère de la pensée de l'artiste ne se révèle qu'aux grandes sympathies, et le moindre détail de l'oeuvre sublime renferme une inspiration qui échappe à l'intelligence du vulgaire.
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Ne croyez à aucune fatalité absolue et nécessaire, mes enfants, et cependant admettez une part d'entraînement dans nos instincts, dans nos facultés, dans les impressions qui ont entouré notre berceau, dans les premiers spectacles qui ont frappé notre enfance; en un mot, dans tout ce monde extérieur qui a présidé au développement de notre âme. Admettez que nous ne sommes pas toujours absolument libres de choisir entre le bien et le mal si vous voulez être indulgents pour les coupables, c'est-à-dire justes comme le ciel; car il y a beaucoup de miséricorde dans les jugements de Dieu, autrement sa justice serait incomplète.

[...]

En admettant qu'on ait résolu le problème d'une éducation commune à tous, et cependant appropriée à chacun, attachez-vous à vous corriger les uns les autres. Vous me demandez comment ? Ma réponse sera courte : en vous aimant beaucoup les uns les autres.
- C'est ainsi que les mœurs agissant sur les lois, vous en viendrez à supprimer la plus odieuse et la plus impie de toutes, la loi du talion, la peine de mort, qui n'est autre chose que la consécration du principe de la fatalité, parce qu'elle suppose le coupable incorrigible et le ciel implacable.
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- Bernard, voulez-vous que je vous dise pourquoi ils croyaient les femmes menteuses ?
- Dites. - C'est qu'ils employaient la violence et la tyrannie avec des êtres plus faibles qu'eux. Toutes les fois qu'on se fait craindre on risque d'être trompé. Lorsque, dans votre enfance, Jean vous frappait, n'avez-vous jamais évité ses brutales corrections en déguisant vos petites fautes ? - C'est vrai; c'était ma seule ressource. - La ruse est donc, sinon le droit, du moins la ressource des opprimés. Ne le sentez-vous pas ?
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Elle était si belle ainsi, qu'un nuage passa devant mes yeux, et pendant un instant je ne la vis plus.
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Ses regards et son sourire avaient une expression de bonté et de finesse dont le mélange était incompréhensible; il semblait que le ciel lui eût donné deux âmes, une toute d'intelligence, une toute de sentiment.
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Je fis à l'abbé, qui m'attendait chez Patience, le récit de cette conférence, et il fut entièrement de mon avis; il pensa comme moi que le prieur, loin de travailler à détourner le trappiste de ses prétendus desseins, l'engageait de tout son pouvoir à m'épouvanter pour manager à de grands sacrifices d'argent.
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Peu à peu l'abbé, Edmée et moi-même par la suite nous vîmes à bout de lui faire connaître Homère et Dante. Il était si frappé des événements, qu'il pouvait faire l'analyse de la Divine Comédie d'un bout à l'autre sans oublier ni transposer la moindre partie du poète : là se bornait sa puissance. Quand il essayait de se ressaisir quelques-unes des expressions qui l'avaient charmé à l'audition, il arrivait à une abondance de métaphores et d'images qui tenaient du délire. Cette initiation de Patience à la poésie marqua dans sa vie une époque de transformation. Elle lui donna en rêve l'action qui manquait à son existence réelle. Il contempla dans son miroir magique des combats gigantesques, vit des héros hauts de dix coudées ; il compris l'amour, qu'il l'avait jamais connu ; il combattit, il aima, il vainquit, il éclaira les peuples, pacifia le monde, redressa les torts du genre humain, et bâtit des temples au grand esprit de l'univers. Il vit dans la sphère étoilée tous les dieux de l'Olympe, pères de la primitive humanité ; il lut dans les constellations l'histoire de l'âge d'or et celle des âges d'airain ; il entendit dans le vent d'hiver les chants de Morven, et salua dans les nuées orageuses les spectres de Fingal et de Comala. "Avant de connaître les poètes, disait-il dans ses dernières années, j'étais comme un homme à qui manquerait un sens. Je voyais bien que ce sens était nécessaire, puisque tant de choses en sollicitaient l'exercice. Je me promenais seul la nuit avec inquiétude, me demandant pourquoi je ne pouvais dormir, pourquoi j'avais tant de plaisir à regarder les étoiles que je ne pouvais m'arracher à cette contemplation, pourquoi mon cœur battait tout d'un coup de joie en voyant certaines couleurs, ou s'attristait jusqu'aux larmes à l'audition de certains sons. Je m'en effrayais quelquefois jusqu'à m'imaginer, en comparant mon agitation continuelle à l'insouciance des autres hommes de ma classe, que j'étais fou. Mais je m'en consolais bientôt en me disant que ma folie m'était douce, et j'eusse bien mieux aimé n'être plus que d'en guérir. A présent, il me suffit de savoir que ces choses ont été trouvées belles de tous temps par tous les hommes intelligents, pour comprendre ce qu'elles sont et en quoi elles sont utiles à l'homme. Je me réjouis dans la pensée qu'il n'y a pas une fleur, pas une nuance, pas un souffle d'air qui n'ait fixé l'attention et ému le cœur d'autres hommes, jusqu'à recevoir un nom consacré chez tous les peuples. Depuis que je sais qu'il est permis à l'homme, sans dégrader sa raison, de peupler l'univers et de l'expliquer avec ses rêves, je vis tout entier dans la contemplation de l'univers ; et quand la vue des misères et des forfaits de la société brise mon cœur et soulève ma raison, je me rejette dans mes rêves ; je me dis que, puisque tous les hommes se sont entendus pour aimer l’œuvre divine, ils s'entendront aussi un jour pour s'aimer les uns les autres. (...)"
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