Wax et Wayne, tome 1 : L'alliage de la justice

J'ai acheté un charme anti-logique à une diseuse de bonne aventure, expliqua Wayne. Çà me permet d'additionner deux plus deux et d'obtenir ce que je veux.

"Je me demande si l'une ou l'autre des dames présentes ce soir a entendu parler de mes exploits outrageusement héroïques et virils..."

Wayne étudia les hommes qui l'observaient. Aucun n'avait mis sa parole en doute. Il suffisait de faire semblant d'être important, et d'être en colère, pour que les gens n'aient envie que de vous voir dégager le terrain. De la psychologie de base, en réalité.

- Je suis vraiment impressionnée qu'on vous ait tiré dessus si souvent. Vraiment.
- Se faire tirer dessus, ce n'est pas si impressionnant, commenta Wayne. Ça ne demande pas beaucoup d'adresse. Eviter les balles, c'est ça le plus dur.

Wax balaya du regard la ville déserte par-dessus les planches noueuses. Des lignes bleues allomantiques flottaient dans son champ de vision et partaient de sa poitrine pour désigner les sources métalliques proches. C'était la combustion de l'acier qui produisait cet effet ; il lui permettait de voir l'emplacement des sources métalliques, puis d'y exercer une Poussée s'il le souhaitait. Son poids contre celui de l'objet. Si ce dernier était plus lourd, lui se retrouvait projeté en arrière. Dans le cas contraire, l'objet était propulsé en avant.
Mais pour l'heure, il n'exerça aucune Poussée.

On parle de théorie des "fenêtres brisées". Si un homme voit une fenêtre brisée dans un bâtiment, il sera plus susceptible de voler ou de commettre d'autres crimes, puisqu'il part du principe que tout le monde s'en moque. Si toutes les fenêtres sont bien entretenues, toutes les rues propres, tous les bâtiments nettoyés, alors la criminalité baisse. De la même manière qu'une journée chaude peut rendre quelqu'un d'irritable, il semblerait qu'une zone délabrée puisse transformer un homme ordinaire en criminel.

- Tu es un crétin, lui dit Waxillium avant de cracher du sang sur le côté. Tu t'es laissé isoler et distraire, Miles. Tu as oublié la première règle des Rocailles.
[...]
- Plus on est seul, énonça doucement Waxillium, plus il est important d'avoir quelqu'un sur qui compter.

Les Régions Externes étaient un curieux endroit. Les Rocailles étaient sales et arides. La Cité était densément peuplée et crasseuse par endroits. Mais ici, tout était simplement... joli.
Un peu trop joli. ça lui faisait picoter les épaules. C'était le genre d'endroit où un homme travaillait dans son champ toute la journée puis rentrait s'asseoir devant chez lui, à boire de la limonade en dressant son chien. Les hommes mouraient d'ennui dans des endroits comme celui-là.
Curieux qu'un espace aussi vaste puisse le rendre encore plus claustrophobe et nerveux que s'il était enfermé dans une cellule.

- Vous êtes ce que vous choisissez d'être, Waxillium, dit-elle. Quant aux gens présents ici, et aux choix affichés par la Maison Yomen, ce n'est pas moi qui ai créé ces règles. Pas plus que je ne les approuve ; beaucoup sont inopportunes. Mais c'est la société dans laquelle nous vivons. Par conséquent, je fais de moi-même quelque chose qui puisse survivre dans cet environnement.
(Steris)

La plupart des gens ne comprenaient rien aux chapeaux, et Wayne ne pouvait pas vraiment le leur reprocher. Tant qu'on n'avait pas eu un bon chapeau porte-bonheur, on ne pouvait pas en comprendre la valeur.