J’ai appris dans la douleur à quel point se lier à quelqu’un pouvait rendre malheureux, alors je ne m’attache pas. Je ne me sens bien que dans l’éphémère.
C'est étrange comme les déchirures s'inscrivent dans les chairs. Il suffit d'un rien pour rouvrir les plaies et nous replonger dans des abîmes de détresse que l'on croyait oubliés.
Voilà ce que fait Sacha depuis qu’il est entré dans nos existences : il y ajoute des doses de vie.
J’ai l’étrange impression de jouer ma vie, notre vie à tous, comme on joue à un jeu de cartes : il suffit d’une mauvaise décision, d’une mauvaise pioche, pour que tout s’écroule, d’un seul coup.
Faut-il être sur le point de perdre un être cher pour se rendre compte de la force du lien qui nous unit à lui ?
Un carpe diem sans fausse promesse.
Alors j’ai fait confiance à nos silences. L’absence de mots était pour moi synonyme de distance préservée. De retenue. De conscience aiguë que tout peut s’arrêter, du jour au lendemain. De moindre implication émotionnelle.
J’ai cru qu’éviter de dire « je t’aime » serait suffisant pour ne pas ressentir.
Sans madeleine de Proust, sans odeur associée à sa propre mère, à ses amoureux ou ses enfants, la vie entière de Sienna sera amputée d’une grande partie des plaisirs de la vie, tout simplement.
J’aime l’idée qu’on puisse choisir sa famille de cœur.
Eh bien j’avance, malgré tout. Pas très vite, pas très loin, mais je fais de mon mieux.