Alors en quittant cette aire d'autoroute insignifiante et impersonnelle, je prends la résolution de déguster les petits riens du quotidien. De chérir tout ce qu'il y a d'extraordinaire dans l'ordinaire.
Il ne faut pas s'empêcher de vivre un amour par peur de le perdre. Sinon on ne vibre jamais. On ne vit jamais. S'autoriser à aimer, c'est construire dans sa mémoire de solides branches auxquelles se raccrocher lorsque tout tangue
Il ne faut pas s'empêcher de vivre un amour par peur de le perdre. Sinon on ne vibre jamais. On ne vit jamais. S'autoriser à aimer, c'est construire dans sa mémoire de solides branches auxquelles se raccrocher lorsque tout tangue.
Il n'est rien pour elle, mais elle n'a plus que lui.
Et ses souvenirs seront privés d'une dimension essentielle: qui peut prétendre que ce qui reste de l'enfance n'est pas étroitement associé aux réminiscences olfactives?
J’aime l’idée que l’on puisse choisir sa famille de cœur.
Je lève la tête, et mon sang se fige.
Le plafond est gonflé. Difforme.
Mon corps se met à trembler. Je panique.
Je tousse, la poussière me fait pleurer, mais je garde les yeux ouverts, obstinément. Je ne parviens pas à détacher mon regard de ces fissures qui courent sur le plafond de béton, à une vitesse vertigineuse.
La pierre émet un gémissement lugubre.
L’instant s’étire, insoutenable.
Mon Dieu, je ne veux pas mourir.
Je pense à ma fille. Ma Sienna. Mon amour. Je ne pense qu’à elle. À nos projets, à notre avenir. À son sourire, il y a quelques minutes à peine. Je pense à Sacha, aussi. À ce bonheur minuscule, incertain, et pourtant si proche.
- Sacha, j’ai un travail à vous proposer. Rémunéré, bien sûr.
Elle plante ses yeux dans les miens. J’y décèle une ombre, troublante, singulière, qui s’estompe vite. C’est étrange, cette sensation, alors même que son regard est très bleu. L’espace d’un instant, j’ai cette image de romance bas de gamme qui me traverse : ses yeux sont pareils à des lacs. Ça a l’air idiot dit comme ça, mais ils en ont la couleur et la profondeur, à la fois translucide et opaque, attirante et inquiétante. Elle prend une grande inspiration, puis se lance.
- Sacha, j’aimerais que vous soyez le père de ma fille.
Je la regarde avec des yeux ronds. Et un sourire mi-amusé, mi-lubrique. Elle se rend compte de l’absurdité des mots qu’elle vient de prononcer, et éclate de rire.
- Je suis maladroite, ça n’est pas ce que je voulais dire !
Francesca : "Tant qu'on est en vie, il y a de l'espoir"
Faut-il être sur le point de perdre un être cher pour se rendre compte de la force du lien qui nous unit à lui ?