Je dois à l'honnêteté de dire que je suis absolument fasciné par Goliarda, j'ai tout dévoré et chaque fois que je referme l'un de ses livres, il vit encore longtemps en moi...
Cette fois, c'est le magnifique essai «
Lettre ouverte », et c'est aussi le premier écrit commencé par Goliarda.
Je l'ai littéralement dévoré.
Le refermant à l'instant, un grand vide se fait en moi et je regarde mes mains qui ne tiennent plus cette
lettre ouverte.
Goliarda tente de mettre un peu d'ordre dans ses souvenirs, dans sa vie.
Un goût de «
Moi, Jean Gabin » pour l'enfance, une touche de «
L'art de la joie » pour la personnalité aussi évidemment, ce bouquin m'a subjugué.
Goliarda y raconte essentiellement son enfance, ses émotions.
Enfance compliqué dans cette famille atypique (si vous découvrez Goliarda je vous conseille d'ailleurs de commencer par la fin du très bel ouvrage proposé par les excellentes éditions du Tripode : un bref résumé biographique) dans une Sicile où les histoires et contes populaires sont toujours prégnants, et dans l'Italie fasciste.
Ses parents, « socialistes » à forte tendance « libertaire » tentent de la protéger de l'embrigadement fasciste, elle n'ira d'ailleurs pas à l'école primaire mais aura un professeur à domicile.
Le récit est parfois difficile à suivre, mais il est poétique, drôle et émouvant. A la limite du fantastique aussi, comme cette irruption du typhus pétéchial aux allures de scène médiévale.
L'évocation de la maladie qui faillit l'emporter, de la folie de sa mère (quelques phrases terribles sur la maladie de Maria – Alzheimer – et la culpabilité de Goliarda) le difficile passage à l'âge de femme (avec la volonté de ne pas devenir l'une de ces « petites femmes » siciliennes soumises) et la découverte de sa sexualité (les mots sont très sensibles, l'évocation pleine de subtilité et de sensualité enfantine).
« Je vous laisse un moment : avec ce peu d'ordre que je suis arrivée à faire autour de moi. Je voudrais me taire pour quelque temps, et m'en aller jouer avec la terre et mon corps. »