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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voilà une vraie biographie détaillée de Jeanne d'Arc qui porte en son titre l'inachèvement de sa mission puisqu'elle n'est pas parvenue elle-même à bouter les anglais hors de France, tout en ayant accompli l'essentiel avec la libération d'Orléans et le sacre de Charles VII.

Pour chaque étape de la vie de la Pucelle, François Sarindar s'attache à la vérité historique, évitant donc le piège où sont allés d'autres en dénaturant la vie d'une héroïne nationale, aussi bien à propos de sa naissance que de sa mission.

Ainsi, il analyse les différentes théories, au début du livre celle des "Bâtardisants" qui la voyaient comme une enfant naturelle de Louis d'Orléans et d'Isabeau de Bavière et, plus loin dans son ouvrage, celle des "Survivistes" alléguant qu'elle aurait échappé au bûcher.

Il présente de manière argumentée des détails pouvant paraître anodins pour le lecteur, mais importants pour l'historien, comme le moment de son départ de Domrémy et celui où elle a rencontré le dauphin à Chinon.

De même, l'action militaire de la Pucelle est étayée pour chaque opération de faits non contestables mettant une nouvelle fois à mal les narrations enjolivées ou les supputations devenues réalités dans l'esprit d'autres.

Cette approche de la réalité historique nécessite donc d'aller dans le détail, mais, ce qui pourrait paraître lassant pour ceux qui se contentent d'à peu près, devient richesse pour ceux qui veulent ancrer dans leur mémoire des faits pouvant être tenus pour certains.

François Sarindar décortique également la relation de Jeanne avec Charles VII tout en reconnaissant à ce dernier les qualités politiques acquises au fil du temps qui lui ont permis, par la voie politique, de parvenir peu à peu à achever la mission de la Pucelle en obtenant le départ définitif des anglais du royaume de France.

Le livre comporte de nombreuses citations des paroles de la Pucelle, que ce soit au cours de sa mission ou bien durant son procès. Il démontre hélas comment elle a pu être trompée par ses juges, sans doute du fait de son inexpérience en rhétorique, ne pouvant malheureusement pas persuader des gens qui avaient déjà décidé de la condamner.

Jeanne d'Arc est certainement la plus grande héroïne dramatique française et le livre de François Sarindar reconnaît parfaitement son rôle avec ses talents, ses convictions, ses erreurs, sa grandeur.
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En finir avec plusieurs légendes en s'appuyant sur les textes et les faits, tel était l'objet de ce livre. Des dizaines de biographies de Jeanne présentaient Charles VII comme un roi sans personnalité, influençable, entouré de favoris, qui abusaient de son manque de caractère pour influer sur le cours des événements dans le sens qu'ils voulaient lui donner. Charles VII, d'après les biographes de la Pucelle, ne serait devenu ce qu'il devait être et n'aurait exercé son "métier" de roi qu'après avoir fait sa mue en prenant maîtresse en la personne d'Agnès Sorel. Jeanne, capturée par les Bourguignons en 1430, livrée aux Anglais puis suppliciée sur un bûcher à Rouen en mai 1431, aurait donc été la victime d'un souverain médiocre, qui aurait manqué de reconnaissance envers cette jeune femme qui avait pourtant stoppé l'avance anglaise en rendant impossible la prise d'Orléans en mai 1429 et à qui Charles devait la couronne, déposée sur sa tête le 17 juillet 1429.
Tout ceci est le résultat d'une courte vision de l'Histoire.
Rétablissons les faits simplement :
- en 1420, Charles VI et Isabeau de Bavière écartent de la succession dynastique française leur fils, le futur Charles VII, et lui préfèrent le vainqueur de la bataille D Azincourt (livrée le 25 octobre 1415), le roi d'Angleterre, Henry V de Lancastre, qu'ils marient à leur fille, Catherine de France ;
- le futur Charles VII en conçoit des doutes sur sa naissance légitime, car le bruit courait qu'Isabeau avait des amants, notamment Louis d'Orléans assassiné en 1407, le pauvre mari de la reine, Charles VI, étant devenu fou et ayant été écarté de sa couche ; la duchesse d'Anjou, Yolande d'Aragon, avait pris le jeune Dauphin, futur Charles VII, sous sa protection et avait fait de lui son gendre en lui donnant comme épouse Marie d'Anjou ; en octobre 1428, les doutes taraudèrent encore un peu plus l'esprit du jeune Charles car les Anglais vinrent mettre le siège devant Orléans ; si la ville tombait, le verrou de la Loire sautait et c'en aurait été fini de l'existence du royaume de Bourges, car les villes et forteresses de Loches et de Chinon, où Charles résidait très souvent auraient été directement menacées ; désespéré, Charles entra en prière dans son oratoire et demanda un signe au ciel pour écarter de lui cette menace ; il confia sans doute ses craintes à son confesseur, Gérard Machet ; comme on ne savait plus quoi faire, on accepta de faire venir à Chinon une jeune habitante du Barrois mouvant, Jeanne la Pucelle, qui affirmait pouvoir aider le roi si on la plaçait à côté des troupes de ce dernier ; je suis pour ma part persuadé que c'est Gérard Machet qui a mis la jeune fille dans la confidence de l'oraison faite par Charles VII à la Toussaint 1428, et ceci expliquerait le rayonnement du roi à l'issue de son entretien avec la Pucelle ;
- dans ce livre, que j'ai écrit de 2010 à 2014, j'ai voulu mettre en évidence un point qui explique le différend entre le roi et Jeanne : celle-ci avait vu son village natal, Domremy, saccagé et incendié par les troupes bourguignonnes d'Antoine de Vergy, capitaine de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, et elle n'avait donc que griefs à l'égard des Bourguignons ; Charles VII, au contraire, voulait faire oublier l'épisode dramatique de l'assassinat du père de Philippe le Bon, Jean Sans Peur, duc Bourgogne, sur le pont de Montereau, en 1419, meurtre que l'on pouvait lui imputer ; il n'avait donc en tête que de faire la paix avec le fils de Jean Sans Peur, Philippe le Bon, de détacher celui-ci de son alliance avec les Anglais, de mettre fin à la désastreuse querelle des Armagnacs et des Bourguignons qui permettait aux Anglais de "diviser pour régner" en France ; Charles VII avait raison : couronné et oint en juillet 1429 dans la cathédrale de Reims grâce à Jeanne, il perdit tous ses doutes, et mit en route son projet de réconciliation avec Philippe le Bon ; Jeanne ne comprit rien à ces affaires et continua sa lutte contre les Bourguignons devant Paris en septembre 1429, et ce fut l'échec, puis devant Compiègne en 1430, et ce fut la capture ; mais Charles VII ne perdit pas de vue son objectif, et, quatre ans après la mort de Jeanne, il obtint de Philippe le Bon la signature d'un vrai traité de paix connu sous le nom de traité d'Arras (1435) ; cela permit aux partisans du roi et aux Bourguignons de réunir leurs forces et de chasser les Anglais de Paris en 1436 ; la politique de retour aux bonnes relations franco-bourguignonnes était donc bien la bonne méthode pour chasser les Anglais du sol de France, et ce fut la condition de la reconquête ; Charles VII était donc un grand roi, et, à l'époque, il n'avait pas encore fait d'Agnès Sorel sa conseillère sur l'oreiller.
Voilà qui remet les pendules à l'heure et qui montre que Jeanne, emportée dans son élan, a surtout été victime de la fougue de sa jeunesse, et que c'est ainsi que s'explique sa capture et son martyre, et non à la suite d'une trahison.
Les faits parlent, cela n'enlève rien à la valeur de Jeanne mais cela valide aussi ce que je regarde comme l'intelligence politique de Charles VII.

François Sarindar (François Sarindar-Fontaine), auteur de : Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2015), et de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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Jeanne La Pucelle (elle tient à ce surnom ) fut plus vive et plus intelligente que Wonderwoman, car elle sauva la France en 1429. Sans elle, je pense que vu le manque de confiance en lui du "gentil dauphin" Charles, nous serions Anglais.
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François Sarindar, tu es un e-ami, donc je ne vais pas "t'assassiner" dans cette critique, surtout que je suis incapable d'écrire comme toi. Cependant, au début, j'ai eu du mal à rentrer dans L Histoire à cause des assez nombreuses digressions / parenthèses sur les "bâtardisants", digressions qui coupent "l'élan historique" passionnant par ailleurs. Peut-être eût-il été judicieux de faire des reports en fin de livre à chaque théorie bâtardisante ?
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Ceci-ci dit, François, tu as une très belle plume, très érudite, et tu nous tiens en haleine pendant tout le livre. Raconter la Grande Histoire de cette façon, chapeau !
On sent la difficulté qu'a Jeanne à monter son projet, alors que les Français sont en train de se faire bouffer par les Anglo-Bourguignons.
Le livre montre bien les rapports compliqués entre Jeanne et Charles, le caractère entier, bouillant de Jeanne, les jalousies des vassaux, l'utilisation de la Pucelle, le machiste de l'époque et la "méfiance de classe sociale", etc...
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Vous vous doutez que la partie "voix" m'a particulièrement intéressé. A la lumière de ce livre, je pense effectivement que Saint-Michel a parlé à Jeanne, et l'a tannée jusqu'à ce qu'elle se bouge pour remplir cette mission compliquée. Une fois qu'elle a commencé à prendre les choses en mains, il lui a énoncé les quatre buts (prédictions ) à accomplir en mars 1429, il l'a aidé à accomplir les deux premières en lui envoyant plein de messages, et en parlant, je crois, par sa bouche lors des actions décisives. Mais Saint Michel savait qu'il fallait aller vite, et que Jeanne, comme Jésus, serait sacrifiée. Effectivement, quand elle est arrêtée à Compiègne, victime de sa bravoure, c'est "une mission inachevée". Cependant, je pense que son maître-esprit, Saint-Michel, considère qu'elle a achevé son travail : elle a boosté Charles, et lui a redonné confiance. Une fois sacré à Reims, d'après les esprits, au roi de mener sa politique comme il l'entend. Les voix ne parlent plus à Jeanne, l'abandonnent. D'ailleurs, avec de la diplomatie, plus de temps, mais moins de morts, le roi a réussi à achever les dernières prédictions. : )
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Quant aux Bourguignons, en 1429 / 1430, ce n'était pas encore l'heure de les soumettre. Après les puissants Ducs Jean Sans Peur et Philippe le Bon, il y eût Charles le Téméraire qui se prit pour un roi, et voulu tellement raccorder les deux parties de son "royaume", Belgique-Hollande actuelles et Bourgogne, qu'il attaqua Beauvais, hardiment défendue par Jeanne Hachette en 1472, une autre héroïne, et qu'il mourut devant Nancy, en voulant conquérir la Lorraine pour raccorder la "haute Bourgogne" à la "basse Bourgogne", mais c'est une autre histoire : )
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