L’homme est condamné à être libre. Condamné, parce qu’il ne s’est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre, parce qu’une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu’il fait.
Les valeurs sont le sens que l'on choisit de donner à sa vie
Mais si vraiment l’existence précède l’essence, l'homme est responsable de ce qu’il est.
En effet,il n’est pas un de nos actes qui,en créant l’homme que nous voulons être,ne crée en même temps une image de l’homme tel que nous estimons qu’il doit être.Choisir d’être ceci ou cela,c’est affirmer en même temps la valeur de ce que nous choisissons,car nous ne pouvons jamais choisir le mal;ce que nous choisissons,c’est toujours le bien,et rien ne peut être bon pour nous sans l’être pour tous.Si l’existence,d’autre part,précède l’essence et que nous voulions exister en même temps que nous façonnons notre image,cette image est valable pour tous et pour notre époque tout entière.
[...] beaucoup de gens croient en agissant n’engager qu’eux mêmes, et lorsqu’on leur dit: mais si tout le monde faisait comme ça? Ils haussent les épaules et répondent : tout le monde ne fait pas comme ça. Mais en vérité, on doit toujours se demander: qu’arriverait il si tout le monde en faisait autant? Et on n’échappe pas à cette pensée inquiétante que par une sorte de mauvaise foi. Celui qui ment et qui s’excuse en déclarant : tout le monde ne fait pas comme ça est quelqu’un qui est mal à l’aise avec sa conscience.
Qu’est-ce que signifie ici que l’existence précède l’essence? Cela signifie que l’homme existe d’abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu’il se définit après. L’homme, tel que le conçoit l’existentialisme, s’il n’est pas définissable, c’est qu’il n’est d’abord rien. Il ne sera qu’ensuite, et il sera tel qu’il se sera fait. Ainsi, il n’y a pas de nature humaine, puisqu’il n’y a pas de Dieu pour la concevoir. L’homme est seulement, non seulement tel qu’il est se conçoit, mais tel qu’il se veut après cet élan vers l’existence ; l’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait.
L’homme se fait ; il n’est pas tout fait d’abord, il se fait en choisissant sa morale, et la pression de circonstances est telle qu’il ne peut pas ne pas en choisir une. Nous ne définissons l’homme que par rapport à un engagement.
Aucune morale générale ne peut vous indiquer ce qu'il y a à faire ; il n'y a pas de signe dans le monde.
Il n'y a pas de tempérament lâche; il y a des tempéraments qui sont nerveux, il y a du sang pauvre, comme disent les bonnes gens, ou des tempéraments riches; mais l'homme qui a du sang pauvre n'est pas lâche pour autant, car ce qui fait la lâcheté, c'est l'acte de renoncer ou de céder, un tempérament ce n'est pas un acte; le lâche est défini par l'acte qu'il a fait.
Certes, beaucoup de gens ne sont pas anxieux; mais nous prétendons qu'ils se masquent leur angoisse, qu'ils la fuient; certainement, beaucoup de gens croient en agissant n'engager qu'eux-mêmes, et lorsqu'on leur dit: mais si tout le monde faisait comme ça ? ils haussent les épaules et répondent: tout le monde ne fait pas comme ça. Mais en vérité on doit toujours se demander: qu'arriverait-il si tout le monde en faisait autant ? Et on échappe à cette pensée inquiétante par une espèce de mauvaise foi.