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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le poulet aux prunes c'était la recette préfèrée de l'oncle Nasser Ali dont le destin s'est joué en 1958. Marjane Satrapi explore à nouveau l'histoire de l'Iran et les personnages fantasques et originaux de sa famille.

Nasser Ali, le musicien joueur de Tar, mal marié à Nahid qui brise son instrument de colère, décide un beau jour d'attendre que la mort vienne à lui, en rêvant à ses amours blessés, à son destin contrarié.

Tout se passe comme si les humains avaient prise sur la mort et pouvaient la convoquer à loisir. Sa propre mère, très malade et qui souffrait énormément, une soufi, ne lui avait elle pas demandé d'arrêter de prier car ça l'empêchait de mourir...

Ça pourrait être morbide cette histoire de suicidaire, mais tout dans l'évocation est drôle, depuis la cousine cardiaque qui fume comme un sapeur, les gosses de Nasser Ali et leur descendance américaine.
On reconnaît là tout l'art de Satrapi, son dessin original en aplats noir et blanc, c'est un hymne à la vie et ses plaisirs.

Le poulet aux prunes, on a presque la recette, ça fait saliver !
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En Iran, Nasser Ali Khan a perdu le goût de vivre depuis que sa femme lui a cassé son tar, instrument si cher à ses yeux. Pour lui, la musique est sa vie, son lien avec l'histoire d'amour de son existence. Les notes chantent son désespoir. Alors, le 15 novembre 1958, il décide de se laisser mourir et s'allonge dans son lit. A partir de ce moment là, de nombreux souvenirs refont surface.
Marjane Satrapi nous conte une fois encore l'histoire de sa famille de manière très poétique avec des illustrations en noir et blanc, toute en sobriété, avec ce trait qui lui est propre, et que j'apprécie énormément. Je suis tombée sous le charme de cet auteur en lisant "Persepolis", j'avais adoré son dessin et l'histoire familiale mais aussi politique de l'Iran. Dans "Poulet aux prunes", elle aborde la thématique de l'amour : un mariage impossible qui hantera le personnage principal tout au long de sa vie. le découpage du récit est original : à partir du jour de sa mort, le lecteur remonte le temps et revit les derniers jours de Nasser Ali.
Un roman graphique encore superbement réussi. Maintenant, j'ai hâte de voir le rendu de l'adaptation cinématographique.
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À Téhéran, en 1958, le grand musicien Nasser Ali Khan est effondré. Lors d'une énième dispute conjugale, son épouse a brisé son précieux tar, l'instrument qui lui procure ses plus grandes joies. Il cherche désespérément un nouvel instrument, mais la magie musicale n'opère pas. « Puisque plus aucun tar ne pouvait lui procurer le plaisir de jouer, Nasser Ali Khan décida de mourir. Il s'allongea dans son lit. Huit jours plus tard, le 22 novembre 1958, on l'enterrait aux côtés de sa mère dans le cimetière Zahiroldoleh de Chérimane. »

Pendant huit jours, on assiste au désespoir harmonique et intime de Nasser Ali. Son taedium vitae est inexorable et s'étend à toute chose. Et il accuse son épouse du malaise profond qu'il éprouve. « J'ai perdu le goût, la saveur, le plaisir ! Tout ça par ta faute ! » du fond de son lit, Nasser Ali pense au passé et aux êtres disparus et il convoque les fantômes du futur. Plein d'amertume, il jette un regard triste sur son existence, ses rêves brisés ou perdus. Son mariage n'a pas été heureux et sa conclusion, après la destruction du tar, est réellement tragique. Mais c'est de cet hymen maussade qu'il a tiré son talent. « Dis-toi que tu vis une véritable histoire d'amour. Mais bien sûr. As-tu déjà vu quelqu'un écrire un poème sur la femme qu'il a épousée et qui l'engueule quatre fois par jour ? » Reste à savoir qui est l'objet de cette merveilleuse histoire d'amour.

Nasser Ali est un artiste tourmenté qui voit tout par un prisme esthétique très puissant. Mais à force de rechercher la beauté en chacun et en toute chose, il se coupe du monde et des réalités. Sa foi est trop monolithique et la remise en question lui est difficile. « Seule la sagesse, comme la lumière de la chandelle, peut nous apporter une vision globale de l'existence. La clé de la sagesse est le doute. Si vous doutiez un peu, vous seriez assurément moins prétentieux. » Son suicide est puissamment égoïste, comme le sont tous les actes de ce type. Sa rencontre avec Azraël, l'ange de la mort, lui rend une certaine humilité.

Quel plaisir de croiser Marjane Satrapi, reconnaissable à son grain de beauté, sous les traits qui furent les siens dans Persepolis. À demi-mot, on comprend que ce récit aux airs de légende iranienne est une partie de l'histoire familiale de l'auteure. Dans cet album, la musique est très diffuse, à peine audible. Mais elle est bien là. Et les senteurs appétissantes d'un poulet aux prunes font espérer que la mort n'est pas la fin. Détail annexe, je suis très sensible aux textures des livres. La douceur élégante de la couverture et la noble épaisseur des pages ont grandement participé à mon plaisir. Comme dans Persepolis, Marjane Satrapi décline son dessin en noir et blanc. Les souvenirs s'écrivent sur fond noir et les notes de musique, même brisées, composent une mélodie émouvante.

L'instrument sacrifié n'est pas un tar, mais un violon. Pourquoi ce remplacement ? le tar est emblématique de la culture iranienne, alors que le violon a une connotation plus slave, au moins pour moi. S'agit-il de rendre plus universelle la relation intime du musicien à son outil en proposant un instrument plus répandu ? C'est dommage, car la musique est universelle, quel que soit son support. Il en va de même de tout art : dès lors qu'il émeut, le médium importe peu.

Ce film est très joli et poétique, mais il est trop coloré à mon goût. Surtout, il est très loin de l'univers graphique de la bande dessinée. Reproduire la prouesse de Persepolis n'était pas nécessairement souhaitable, mais l'adaptation cinématographique est ici trop infidèle pour moi.
Certaines scènes ont un côté presque grand-guignolesque, ce qui trahit quelque peu la profondeur tragique du roman graphique. Si, pour une fois, Djamel Debbouze ne fait pas que du Djamel Debbouze, sa prestation de marchand de souk est incongrue, presque bouffonne. Mathieu Amalric est un excellent acteur, mais il me semble qu'il n'était pas taillé pour endosser le rôle de Nasser Ali : il lui manque la noblesse désespérée du personnage de papier, il est trop fébrile et surtout trop français pour le rôle. Ses airs de Rimbaud au pays des Mille et une nuits ne sont pas vraiment appropriés.

Globalement, le film est réussi, mais il faut le voir en oubliant le roman graphique : la comparaison ne se fait qu'au désavantage du premier.
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J'avais beaucoup aimé Persépolis pour le témoignage historique qu'il représente, pour le coup de crayon de la dessinatrice aussi. Avec Poulet aux prunes, on retrouve la société iranienne de 1958, sous la dynastie Pahlavi. La République islamique n'est pas encore au pouvoir. Toutefois, la politique et la révolution ne sont pas le sujet de cet album.

Le protagoniste de ce récit, un grand-oncle assez éloigné de l'auteur, Nasser Ali, est déprimé. Son instrument de musique favori est cassé, il ne trouve pas l'équivalent pour le remplacer. Il décide alors de se coucher dans son lit et d'attendre la mort. Poulet aux prunes est le récit des huit jours que monsieur Ali passe à somnoler et à ressasser ses idées noires et ses souvenirs.

Sur le ton de l'humour, Marjane Satrapi réussit à aborder le sombre sujet de la dépression. Avec son trait caractéristique simple, en noir sur fond blanc pour les épisodes contemporains du récit, en blanc sur fond noir pour les souvenirs, ou les projections sur l'avenir de la famille de Nasser Ali, elle retrace tout ce qui fonde et explique l'état actuel du personnage principal.

Lu au bon moment, ce roman graphique m'a touché par sa simplicité et sa véracité. Il traite d'une question grave et universelle, tout en permettant l'humour et la distanciation, en ouvrant des portes qui semblaient closes, montrer ce que la vie aurait pu être si… Parfois, il suffit d'un rien entre bonheur et dépression. Ce constat peut-être drôle ou tragique, Marjane Satrapi se place sur un fil, en équilibre entre l'improbable et le très vrai.

Poulet aux prunes est un gros coup de coeur et une invitation à découvrir les autres réalisations de cette auteur qui a depuis bien longtemps fait ses preuves.
Lien : https://synchroniciteetseren..
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Connue pour son chef d'oeuvre "Persépolis", Marjane Satrapi nous offre un nouveau roman graphique autour d'un personnage principal nommé Nasser Ali Khan. Cet iranien décide de se laisser mourir car sa femme lui a cassé son tar, son instrument de musique inégalable... En huit jours, l'auteur nous trace ses rapports avec sa famille, sa femme, son amour de la musique, en somme ces souvenirs les plus marquants.

J'ai été de nouveau séduite par les dessins et la narration de Marjane Satrapi. Si vous avez aimé "Persépolis", vous ne pouvez qu'aimer "Poulet aux prunes". le titre d'ailleurs qui peut sembler étrange est le plat préféré du protagoniste. L'histoire de Nasser Ali Khan est touchante, montrant que la musique et l'amour sont liés. L'alternance entre les jours de la semaine et les souvenirs de Nasser rythment très bien la narration. le dénouement est très beau et en vaut la lecture de ce roman graphique.
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Le tar de Nasser Ali Khan ne produit plus de son. Réduit en miettes par son épouse, après une de leurs énièmes disputes concernant sa désinvolture et son manque d'implication dans sa vie familiale, le tar semble cristalliser de nombreux conflits… Passion d'un homme qui l'éloigne des préoccupations de ses semblables, signe de désaccord entre sa personnalité, à la recherche d'un idéal esthétique, et celle de sa femme, plus pragmatique, plus réaliste – Nasser Ali Khan dirait même : ennuyeuse.


Mais un tar reste un tar… Si celui qui a permis à Nasser Ali Khan de jouer une litanie de morceaux pendant de longues années se trouve à présent à l'état de fragments, il suffit d'en racheter un neuf. Bien sûr, les souvenirs attachés à l'ancien instrument auront disparu, mais sa capacité à produire des sons sera égale à l'ancien, si tant est que l'on investisse dans un instrument de même qualité.


Pourtant, Nasser Ali Khan ne parvient pas à retrouver le son du tar qu'il aimait. Il commence par se rendre chez son marchand de musique habituel mais il estime qu'on essaie de l'abuser. Sur des conseils avisés, il se rend alors chez le détenteur d'un modèle de tar unique –on pourrait parler de Stradivarius du tar- : le Tar Yahya. Mais il faut croire que la dépression de Nasser Ali Khan est insurmontable car cet instrument même ne parvient à répondre à ses attentes. le musicien dépité rentre chez lui, ressasse son dégoût de la vie, se couche au fond de son lit et décide de ne plus jamais se relever. Il veut mourir. Premier jour, deuxième jour, troisième jour.


En attendant la mort, Nasser Ali Khan est bien obligé de continuer à subir les affres de la vie quotidienne. Il se confronte à ses proches qui essaient de le convaincre de l'absurdité de sa décision et à ses enfants qui ne comprennent pas ce qui attend leur père. Chacune de ces rencontres est l'occasion d'évoquer un pan de la vie de Nasser Ali Khan. Petit à petit, se dessine le parcours d'une vie tumultueuse, où personnalité et respect des conventions, envie de se différencier et respect des traditions, s'opposent sans cesse jusqu'à former des luttes internes intenses dans la revendication de soi.


Alors que le tar semblait être l'objet de la grève de Nasser Ali Khan, on s'étonne peu à peu de découvrir que ses ruminations gravitent essentiellement autour des femmes, et plus particulièrement autour d'Irâne. D'une manière subtile, Marjane Satrapi parvient à recentrer son récit autour d'une idylle ratée et nous fait oublier la cause première de l'instrument de musique brisé. Elle convoque les imaginaires orientaux ainsi que la générosité d'une culture familiale dense et complexe pour évoquer des questions existentielles qui réunissent l'ensemble des êtres humains, jusqu'à une conclusion surprenante, bouleversante, touchant à une sensibilité bien plus profonde que tout ce à quoi le lecteur aurait pu s'attendre.


Cette histoire est à l'image de son titre, Poulet aux prunes, et effectue des aller-retour incessants entre détails et panoramas, lui conférant à la fois la profondeur des récits universels et l'originalité des biographies individuelles.

Lien : http://colimasson.over-blog...
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Un gros coup de coeur pour cette bd qui pourtant ne m'inspirait pas plus que cela quand je l'ai emprunté car ayant lu Persepolis, il y a quelques années maintenant, je n'en avais pas gardé un souvenir impérissable.

Poulet aux prunes est un savoureux mélange entre conte oriental et histoire d'amour, le tout agrémenté d'une incroyable finesse, d'une certaine tendresse et de beaucoup d'humour noir.

Marjane Satrapi évoque les huit derniers jours de la vie de Nasser Ali Khan (son oncle), musicien joueur de Tar dans le Téhéran des années 50. A la suite d'une énième dispute conjugale, la femme de Nasser Ali Khan brise son tar. Dépité, à la recherche d'un nouvel instrument, le musicien fait une rencontre innatendue, determinante et désespérante dans les rues de Téhéran...
Déprimé, Nasser Ali Khan se réfugie dans sa chambre puis dans son lit, n'en sort plus et attend la mort ; alors les souvenirs reviennent à lui...

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Téhéran, 1958 : Quand il croise dans la rue celle qu'il croit reconnaître, Irâne, son premier et seul amour, Nasser Ali Khan va acheter un Tar. En effet sa femme, dans une ultime scène de ménage, vient de casser le sien. Hélas il ne trouve pas d'instrument qui lui convienne alors que la musique est sa seule raison de vivre. Il n'a plus de désirs, même le "poulet aux prunes" n'a plus de goût pour lui !
Il regagne sa chambre et attend que la mort vienne.
Les images du passé surgissent.
Comme dans ses autres BD, Marjane Satrapi s'inspire de sa famille ( ici son oncle musicien ) et du contexte politique de l'époque. Elle traite d'un sujet difficile, le suicide, mais avec naturel et humour et on perçoit la différence culturelle entre orient/occident sur la mort. Les personnages, les enfants surtout, sont habilement croqués alors que les dessins en pleine page rythment adroitement le récit.
Certaines scènes sont cocasses ( le voyage avec l'enfant, les funérailles de la mère, la famille obèse ) d'autres plus émouvantes ( la visite à la tante avec Marjane en personne). Enfin les 2 pages du cimetière, au début et à la fin, se font écho et laissent prévoir la suite.
Je ne suis pas une lectrice habituelle de BD mais j'ai beaucoup apprécié celle-ci.
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Nasser Ali Khan, joueur de tar iranien, sombre dans la dépression le jour où sa femme, dans un moment de colère, brise son instrument de musique. Ce tar était tout pour lui. Ce n'est pas seulement l'instrument qui est brisé, mais tout ce qu'il représentait et tous les souvenirs qu'il renfermait. Il y a beaucoup de tristesse et de mélancolie chez Nasser Ali, qui partage la vie d'une femme qu'il n'aime pas… et maintenant, sans son tar, comment ne pas se laisser dépérir ? Ce roman graphique m'a émue aux larmes. Je me suis laissée surprendre, la simplicité des dessins ne laissait pas présager une telle force dans les émotions. Pourtant, certaines planches sont d'une puissance incroyable ! Une très belle et triste histoire, dont je suis restée empreinte plusieurs jours après la lecture.
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Je retrouve avec beaucoup de joie l'auteure, Marjane Satrapi m'avait ébloui par sa maturité dans Persépolis et je la retrouve tout aussi excellent dans Poulet aux prunes. On débarque à Téhéran en 1958, on retrouve la famille de l'auteure dans cet opus mais pas de soucis si vous n'avez pas lu Persépolis, c'est une histoire inédite qu'elle nous présente, toutefois je vous le conseil, il est magnifique.
Pour en revenir à celui-ci, c'est l'histoire d'un Tar, un instrument de musique et de Nasser Ali Khan, possesseur dudit instrument, quand il se brise, c'est son coeur qui se brise avec lui, tout ses espoirs et sa joie de vivre, le choc, il se laissera mourir pour son Tar. L'histoire est très belle, triste aussi, mais qui déchire de manière inattendue une famille. le trait du dessin est simple mais efficace, c'est surtout la narration qui est émouvante et nostalgique, sensible et pleine de douceur, l'innocence de l'enfant fasse à la peine du père est bouleversante. Même le tar magnifique, la pièce de musée sonne faux aux oreilles de notre héros, « Puisque plus aucun tar ne pouvait lui procurer le plaisir de jouer, Nasser Ali Khan décida de mourir. Il s'allongea dans son lit… », dès le début on sait que le personnage meurt mais ensuite on suit ses huit jours de douleur, sa vie, celle de ses proches. C'était un tome unique et émouvant, j'ai adoré ce personnage singulier, qui a subit un choc qui l'a plongé dans une profonde dépression et une mort toute aussi inattendue pour les proches.
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