J'ai été extremement touchée par ce sixième et dernier tome de l'Arabe du futur. Touchée, parce qu'au delà du récit principal ( l'évolution du jeune Riad, avec en toile de fond, l'enlèvement par le père du plus jeune de ses frères, Fadi, et le combat désespéré de la mère pour essayer de le récupérer),
Riad Sattouf prend le temps de développer des micro-récits : certains m'ont amusée par leur justesse sociologique, leur humour, comme celui consacré aux salons littéraires où se retrouvent les auteurs de BD ; d'autres sont allés me chercher sur des territoires qui me touchaient plus personnellement et m'ont beaucoup remuée, voire appris.
Ainsi, un de ces récits est consacré à l'évolution des grand-parents de l'auteur. Il y a infiniment de tendresse dans le portrait qui est fait de ces personnes désormais âgées.
Riad Sattouf , qui montre qu'il doit beaucoup à ces grand parents, nous donne à voir différents états possibles de la vieillesse, de la volonté de profiter de la vie jusqu'au bout ( parfois contre avis médical) à la déchéance physique et/ou mentale, et à chaque fois à travers un détail qui fait mouche : le grand-père maternel et son obsession du saumon fumé, le compagnon de la grand-mère et son obsession des poubelles : c'est drôle et en même temps, cela vous vrille le coeur...
Un autre de ces micro-récits est celui consacré à la psycho-thérapie entreprise par l'auteur. Sont dressés plusieurs portraits de psy, jusqu'à LA rencontre avec celle qui va accompagner le jeune Riad pendant plusieurs années. Et là, le récit est lumineux, car d'une part, le dessin est un merveilleux vecteur pour représenter des rêves, et d'autre part, les bulles transmettent un discours clair , accessible, limpide, éclairant. le poids de la parole est d'ailleurs un des thèmes qui court tout au long de ce sixième tome, qui met en scène plusieurs personnages de « charlatans » ( dont celui du père?), sortes de miroirs inversés de la psy.
L'ensemble est foisonnant, riche, sensible, drôle et émouvant. Une merveille...