Je remercie les éditions Pygmalion, ainsi que Mathilde, pour cette très jolie réception. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en commençant ce roman. Très vite attirée par la couverture, je me suis décidée à l'instinct, sentant que je pourrais apprécier l'univers historique, bien que j'en lise trop peu à mon goût. Comment vous dire ? J'ai lu le roman en deux fois, et j'ai eu du mal à me retenir de tout dévorer en l'espace d'une journée.
Nous sommes au XIXe siècle, à Londres. Alors qu'elle rentre retrouver son mari après de petits moments clandestins passés avec son amant, Lady Winthers provoque un accident qui a de terribles répercussions. La jeune Abigail perd sa mère ainsi que sa vue. Dix ans plus tard, elle est considérée comme une impotente destinée à devenir vieille fille. Ses journées sont plongées dans les ténèbres et elle aide comme elle peut son père médecin durant ses consultations. Un jour, un concours de circonstances va l'entraîner dans une situation qu'elle n'aurait jamais cru possible, impliquant un certain Aaron Wendell. Aaron n'est pas ce que l'on pourrait appeler un saint. Volage, insouciant et féru de conquêtes expérimentées, il passe de plumard en plumard en se fichant comme d'une guigne de sa réputation. Mais lorsqu'il va croiser, bien malgré lui, la route d'Abigail, toutes ses certitudes vont voler en éclat.
Comme j'ai aimé cette histoire ! Première fois que je lis un livre de cette auteur, et très franchement, je ne regrette pas ! Dès les premières pages, j'ai été alpaguée par le récit, sa justesse et la façon dont la société était dépeinte.
Christy Saubesty nous dresse un portrait de la vie mondaine dans sa plus cruelle vérité. Les rumeurs, les langues de vipères et les coups fourrés en douce… Ce n'est qu'une succession de cornichons hypocrites qui ne font rien de leurs journées et bavardent a tort et à travers. Autant, ça m'a prodigieusement agacée, autant je me suis follement amusée en plongeant dans cette univers où le souci de la réputation est au coeur de tout.
Ne lisant pas beaucoup de romans historiques, je me considère un peu comme une néophyte en la matière. Mais lorsqu'il m'arrive d'en lire, c'est chaque fois un dépaysement total, un bond hors de ma zone de confort. J'ai aimé cette sensation et j'en redemande !
Côté personnages, il y a tellement à dire ! Abigail est la candeur incarnée. Ingénue et sans expérience de la vie en haute société, elle fait de son mieux pour faire corps avec le mobilier et ne pas être remarquée. Elle a accepté depuis longtemps le fait que sa cécité l'empêche de se marier et d'être mère un jour. Alors que tout le monde se plaît à parler d'elle comme si elle était sourde ou complètement frappée, Abby cache une réelle profondeur, une richesse de l'âme que seuls ceux amenés à la côtoyer peuvent réellement saisir.
Dans une société où le paraître et les manigances sont rois, Abby se contente du strict nécessaire. Elle prend de bon coeur ce que la vie a à lui offrir. C'est une héroïne constante – même si son obstination est souvent belle à voir – et très nature, qui détonne dans ce milieu pourri jusqu'à l'os.
Aaron Wendell est totalement à l'opposé. Coureur de jupons invétéré, il trouve son bonheur dans la luxure et les excès. Il est très actif, et même si les ronds de jambe l'ennuient à mourir, la compagnie des femmes expérimentées ne lui déplaît pas. Celles-ci vont et viennent, mais il y a une chose qui ne change pas d'un iota, c'est la fraternité sincère qui le lie à ses amis, Nicholas et Crawford.
On est bien loin de l'histoire d'amour à l'eau de rose, trop facile et trop évidente. Entre Abby et Aaron ce n'est pas le coup de foudre immédiat, ça en est même assez loin. Ce sont deux caractères qui s'entrechoquent et peinent à s'accorder. Pourtant, ça a un certain charme et au contact l'un de l'autre, quelque chose va se créer, et c'est magnifique d'assister à l'éclosion de ce petit quelque chose. Au fil du temps, leur histoire s'approfondit et se transforme en un déluge de sentiments. Ce n'est pas toujours facile, leurs tempéraments de feu donnent souvent lieu à des quiproquos, mais ça ne m'a pas empêchée de me régaler. C'est un duo auquel je me suis attachée, avec qui j'ai vibré.
Les personnages, qu'ils soient principaux ou secondaires, nous offrent une palette de couleurs et de caractères différents. Comment ne pas les aimer ? Nicholas et son don pour apaiser les inquiétudes, Crawford et ses manières peu cavalières, Gillian et ses élans de protection, Selina, toujours vive d'esprit et pétillante... Bon, il y a bien deux ou trois pimbêches que j'aurais allègrement claquées, tellement elles m'ont exaspérée, mais ce sont justement les sentiments violents que ces personnages nous inspirent qui font toute la force du récit.
Je tiens à souligner que j'ai apprécié le soin apporté à ces personnages. Contrairement à beaucoup d'autres romances, qui ont une fâcheuse tendance à tomber dans la facilité, les personnages secondaires ne servent pas de faire-valoir au couple. Chacun possède sa propre histoire, son cheminement… Ça donne une impression de crédibilité très appréciable, et surtout, ça n'enclave pas le duo d'Abby et Aaron.
En résumé c'était inévitable que j'accroche à cette magnifique romance. Une héroïne rafraichissante, un héros charismatique, une nuée d'autres personnages hauts en couleur et une intrigue addictive à souhait. L'époque apporte un réel charme à l'histoire et la plume habile de
Christy Saubesty nous entraîne au coeur d'une histoire d'amour que personne n'aurait jamais crue possible. À quand la suite ?
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