Il n'en croyait pas ses yeux. Le bâtiment le plus renommé de la police de France était sale et vétuste comme un HLM de banlieue défavorisée.
Il sortit son portable et allait appeler le commissaire lorsque ses yeux se posèrent sur le téléphone de Taillard. Les traces de poudre étaient effacées. De son doigt ganté, Magne appuya sur la touche bis, et un numéro s'égrena, puis la sonnerie retentit au loin. Au bout de quelques minutes, un répondeur se mit en marche :
"Vous êtes bien chez Alain Marceau. Laissez votre message. Merci" Clic
- Quel abruti! dit Magne en reposant le combiné sur le socle.
Ce crétin n'avait pas pu s'empêcher d'appeler chez lui. Impossible, dès lors, de connaitre la destination du dernier appel passé par Taillard.
Marceau venait de lui déposer sa première boulette ....
L’identité judiciaire et les photographes ayant terminé leur macabre travail, le corps de Diran fut emporté sur un brancard recouvert d’une couverture, la flèche empêchant qu’il soit enfermé dans un sac approprié. La silhouette profilée par le tissu cloua le bec aux observateurs qui se pressaient autour des rubalises tendues par les agents de police devant l’entrée du bâtiment. La lame de chasse pointait d’un côté, et l’empennage dépassait de l’autre. Les portières de l’ambulance se refermèrent, et le véhicule démarra lentement entre les badauds abasourdis et figés dans un silence nauséeux.
Lisa appartenait à cette génération pour laquelle ne pas avoir son portable sur soi est impensable, un peu comme si elle se promenait toute nue sur les grands boulevards en plein midi.
Les histoires vivent leurs vies tant qu’il y a des gens pour les raconter. Ensuite, elles n’existent plus que comme des fantômes dans certains livres.
On ne s’extrait pas de la prostitution aussi facilement que ça, et encore moins du monde de la drogue. Elle devrait passer par des phases d’anxiété et de manque grave. Elle devrait lutter contre elle-même de toutes ses forces, et mettre tout ce qui lui restait d’énergie et d’amour-propre, c’est-à-dire pas grand-chose en fait, à lutter pour reconquérir sa liberté.
Taillard poussa un hurlement en se redressant. Il tente d’agripper le lavabo pour sortir du bain, mais ne fit que renverser le tabouret, éclaboussant le sol d’eau et de verre brisé. Il perdit l’équilibre et ses pieds glissèrent sur l’émail de la baignoire. Il chuta alors lourdement en arrière, et il n’eut soudain plus que le temps de comprendre qu’il n’aurait pas de seconde chance.
C’est normal : une flèche tue par hémorragie, ou par étouffement, ça dépend dans quelle partie du corps elle arrive.
La jalousie est un puissant levier qui a déjà fait ses preuves par le passé.
Elle avait alors pensé qu’il avait une maîtresse, une femme facile qui le comblait de manière avilissante, d’une façon qu’elle-même n’avait jamais pu imaginer sans rougir de honte, et que c’était la raison pour laquelle il ne la désirait plus.