Elle est Louise. Louise est pierre, désormais le prénom est repris aux garçons. Elle est dure, obstinée et lisse, personne ne peut l'attraper et rien ne peut entraver sa marche. Toutes les pierres sont filles et les garçons ne sont que de petits cailloux, des rochers détachés de la montagne de pierre. Louise est la mer et la forêt et la nuit entière.
Elle est la lumière, c'est-à-dire qu'elle est l'étoile la plus lumineuse et la plus proche dans la nuit des temps, le feu qui se consume et se transforme.
"Louise est la mer et la forêt et la nuit entière. Elle est la lumière, c’est-à-dire qu’elle est l’étoile la plus lumineuse et la plus proche dans la nuit des temps, le feu qui se consume et se transforme. Elle est la rivière sortie de terre et creusant dans la terre son ravin et son lit.Elle est la mer dont l’amertume provoque des hoquets et du fou rire. Elle est la nuit qui englobe toutes choses. Elle est la musique, c’est-à-dire qu’elle est l’air et le vide, la pluie et le vent. L’air la traverse, la pluie la lave et la fait danser, le vent porte ses mots et son chant, et les déforme.
Si un tyran domestique vous surprend la cisaille à la main autour des rosiers infâmes où s'accrochent toujours foulard, jupe et gilet, faites mine d'attraper les mouches qui pondent dans les fleurs.
Pour les tyrans domestiques, Louise tient prêtes des réponses bien fignolées. Surprise les cisailles à la main à proximité des rosiers épineux où elle accroche toujours son foulard, sa jupe ou son gilet, elle s'empresse de cisailler en l'air, à grand bruit de lames, comme pour attraper les mouches qui pondent dans les fleurs.
Louise n'est pas disparate. Elle s'encorde à sa mère et sa mère est à elle encordée. Ce qui manque à l'une est en l'autre.
Elle est Louise qui grandit dans le jour.
Toutes les pierres sont filles et les garçons ne sont que de petits cailloux, des rochers détachés de la montagne de pierre.
Chaque doigt de Louise se conduit comme s'il était l'élément principal d'un bouquet, tige exceptionnelle parmi les autres.