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sur 207 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ferdinand von Schirach a un nom difficile à porter, son grand-père Baldur von Schirach (1907-1974) a été chef des Jeunesses hitlériennes et gauleiter de Vienne, mais c'est peut-être cela qui lui a donné envie de devenir avocat.

Dans Crimes, le spécialiste en droit pénal relate onze affaires sous forme de nouvelles. Des cas où les coupables sont des gens « ordinaires » qui ont réagi violemment par un concours de circonstances malheureux pour la victime, ou pour de réels motifs qui, s'ils n'excusent pas leur crime, l'expliquent en partie.

L'analyse poussée et ironique des causes conjoncturelles ou psychologiques du crime, conjuguée avec l'expérience et la compréhension des tréfonds de l'âme humaine de Ferdinand von Schirach font dans ce premier recueil une vraie réussite.
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D'un côté il y a la Loi, et son bras armé, la Justice. La Loi, que nul n'est censé ignorer, parfois dure, mais la Loi. Puis la Justice et son allégorie, Thémis, représentée les yeux bandés, une balance dans une main, un glaive dans l'autre. Elle veut nous convaincre à toute force qu'elle tranche les litiges en toute impartialité après avoir pesé les arguments de toutes les parties à la cause. Voilà pour les principes, pour la théorie. Ce serait si simple : un acte illégal, qu'on qualifierait juridiquement de crime, de délit ou d'infraction pour le faire rentrer dans l'une des « cases » du Code pénal, et auquel il suffirait ensuite d'appliquer la sanction prévue par la Loi. Limpidité, automatisme de la procédure…
Mais de l'autre côté il y a la pratique judiciaire, bien différente, et la vérité judiciaire n'est que l'une des vérités possibles, même si c'est elle qui compte aux yeux de la Société.
C'est bien de cela qu'il s'agit dans ce recueil de nouvelles : dans la plupart des cas qui nous sont présentés, les faits bruts et objectifs ne laissent pas la place au doute. Mais que l'on s'intéresse de plus près à ces tragédies (car ce sont de véritables drames), à leur contexte, à leurs acteurs, aux « circonstances de l'espèce », bref à la subjectivité qui les imprègne, et l'on comprendra l'infinie complexité de la tâche du juge.
Ces onze affaires nous sont relatées sans les effets de manche coutumiers aux audiences des Assises, froidement, cliniquement, avec une sobriété qui les rend d'autant plus saisissantes. On aurait pu craindre qu'un auteur avocat nous assomme avec éléments de procédure, recours et devoirs d'enquête, mais heureusement il préfère nous entraîner dans les méandres de la psychologie des victimes et de leurs bourreaux. Un quasi-documentaire aussi passionnant qu'un vrai polar.
Et la démonstration est faite que le responsable n'est pas toujours coupable. C'est d'autant plus vrai que l'on peut s'offrir les services d'un ténor du barreau plutôt qu'un commis d'office. Mais ceci est un autre débat…
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Crimes : onze nouvelles sur des affaires criminelles en Allemagne, inspirées de faits réels (l'auteur est avocat de la défense à Berlin). Sans le contexte, ces meurtres sembleraient juste horribles mais on découvre des vies de personnes qui paraissent tristes et misérables, dont le délit n'est qu'une continuité. Ne lisez pas ce recueil si vous n'avez pas le moral, il ne donnera pas le sourire. Pourtant, il y a une sorte de résistance, d'humanité dans la plupart de ces affaires-là. La dernière plus m'a particulièrement ému. Juste un petit reproche, la narration de Ferdinant von Schirach n'a pas été facile, pour chaque nouvelle, j'ai eu du mal à rentrer dans leurs petites vies et saisir le démelé de chacune. Cependant, ça vaut le coup de lire ces petites histoires qui donnent foi en l'amour et la justice.
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Un livre où le nom de l'auteur est aussi important que le titre "Crimes", "Von Schirach". C'est rare. le nom de l'auteur fait sens, résonne dans les ténèbres du nazisme, dans ses plus grands crimes (déportation des Juifs de Vienne, entre autres.) Mais bien sûr le petit-fils ne saurait être jugé des crimes de son grand-père. Et pourtant, ça joue, évidemment, on ne se débarrasse pas ainsi d'une telle ombre. Et Ferdinand von Schirach nous décrit le mal au scalpel. Froid et méthodique. Des histoires monstrueuses, mais des gens, des gens, et bien...des gens, quoi. Des gens dont les actes font peur, mais qui ne sont que des gens. Il n'y a pas de monstres, il n'y a que des gens. Des êtres humains. Et c'est ça qui fait peur. N'importe qui capable de n'importe quoi. En fait, il n'y a pas vraiment de mal. Il y a des circonstances. Deux jeunes néo nazis massacrés : fallait pas embêter un tueur à gages à tête de comptable. Un balai enfoncé dans le derrière : fallait pas voler la tasse au vieux Japonais, bande de tétards décérébrés. Un jour, votre joli petit ami étudiant en économie vous donne un coup de couteau...Le gardien du musée est un fétichiste de la punaise...Un jour encore, votre mari vous découpe à la hache. Il n'aime pas l'idée du divorce...Qui a tué l'étudiante à l'hôtel ? L'homme d'affaire ou son amant ? Entrez avec Ferdinand dans la tête d'un tueur en série de moutons...
L'expérience et l'histoire lui en ont fait voir de toutes les couleurs. Rien ne l'étonne. Il ne juge pas, il est l'avocat. de toutes façons, dans au moins deux cas, on ne peut pas juger. Ca dépasse l'entendement.
Bref, ça se lit d'une traite, ça a quelque chose d'hypnotique, le narrateur semble planer par delà le bien et le mal, d'où il contemple la folie du monde, avec le visage impassible d'une statue de marbre grec. Mais qui aimerait tant se retirer l'épine qu'on lui a mise dans le pied, et qui lui fait mal ...
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Cet ouvrage est un recueil de nouvelles. 11 nouvelles tout aussi passionnantes les unes que les autres. Souvent dans ce genre d'ouvrage, il y en a deux ou trois qui sont bien en-dessous des autres, mais là, ce n'est pas le cas. L'auteur est avocat de la défense depuis de nombreuses années et il nous relate autant d'histoires de crimes commis sous une impulsion. Des gens ordinaires, qui n'avaient aucun (ou presque) passé criminel. Que ce soit cet homme qui a subi toute sa vie les reproches de sa femme et qui décide de la tuer. Ou bien cette jeune fille de l'est qui pensait pouvoir changer sa vie en venant en Allemagne, mais qui se retrouve à vendre son corps. Ou bien l'autre qui fait une casse qui tourne mal. Bref, l'auteur connaît son sujet, et il nous présente les faits, que les faits, sans pour autant que ça devienne soporifique. Bref, une lecture qui passe toute seule.
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Onze nouvelles, écrites par un grand avocat allemand...Nouvelles nées de l'imagination d'un juriste ou nouvelles écrites à partir de cas qu'il eut à connaitre au sein de son cabinet ? ...il ne le précisera pas, mais qu'importe...Elles semblent toutes réelles. Toutes sont glaçantes, et mettent en scène une forme de déraillement de l'âme humaine..Toutes ces nouvelles ne relatent pas des crimes de sang. Certains ont tué par amour, par vengeance, pour se défendre. Un autre est, au contraire, subitement devenus fou au point de casser au moment de la retraite, la statue qu'il a surveillé toute sa vie. D'autres ont volé.
Aucun des cas évoqués ne met en scène un tueur psychopathe, un tueur en série. Non, ce sont parfois des personnes comme tout le monde, sans profil psychologique pervers, ce qui rend les nouvelles encore plus terribles....des gens comme vous et moi, qui déraillent à un moment ou dans des circonstances données
Tous sont certes coupables, mais combien sont réellement condamnables ?
Jamais l'auteur n'accumulera les détails sordides. Non, il constate tout simplement, il relate les faits. Il n'est pas là non plus pour défendre ou accuser les personnages de ses nouvelles. le lecteur, troublé quant à lui, s'interroge immanquablement devant l'atrocité de certaines nouvelles, qui côtoie les meilleurs sentiments humains d'autres nouvelles.
Il laisse en grand partie, à chaque lecteur, la liberté de s'interroger, de douter, et de juger l'auteur des faits, de constater ses fautes, sa démence, de faire la part entre hasard et préméditation, légitime défense et acte volontaire...et de prendre conscience de la difficulté parfois pour la justice de juger et de condamner un homme et pour l'avocat de défendre son client en trouvant les bons arguments .
Des textes qui interpellent le lecteur

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Crimes est le premier recueil de nouvelles de Ferdinand von Schirach. Si ce nom vous dit quelque chose, c'est peut-être parce qu'il est le petit fils d'un criminel nazi jugé à Nuremberg. de là à conclure que les trajectoires du mal l'intéressent particulièrement, il n'y aurait qu'un pas, une fois la lecture de son recueil achevée. Car il s'agit ici d'une série de récits criminels (pas des enquêtes policières) tout à fait édifiants, par leur monstruosité d'une part, par leur évidence d'autre part. Chacune de ces affaires met en scène une situation qui conduit au crime. Alors bien sûr, ces crimes sont affreux, mais l'origine, toujours cliniquement décrite, les rapproche d'une sorte de banalité. Comme la construction de schémas de pensée qui conduisent au crime. Belle lecture.
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Ce premier livre de l'avocat allemand Ferdinand von Schirach est un recueil de cas criminels, histoires vraies quelque peu réinventées, mais qui n'en stupéfient pas moins sur la violence humaine. C'est ce qui frappe le plus, ici, c'est qu'on est plutôt éloigné du crime parfait avec alibis soigneusement préparés et indices minimalistes. Il s'agit plutôt d'affaires passionnelles, mais aussi de crimes où le moteur est l'argent, ce qui semble impossible à éviter, malheureusement.
Dans chaque affaire, l'avocat intervient, parfois très discrètement, explique si besoin les procédures, démonte patiemment les enchaînements qui ont amené l'accusé devant un tribunal, lui trouve bien souvent des circonstances atténuantes. Ainsi pour ce mari qui subissait la tyrannie de sa femme depuis des années, mais ne voulait pas rompre une promesse sacrée à ses yeux. Ou pour cet homme qui braque une banque pour partir retrouver la seule femme qui l'ait aimé.
L'étude des âmes et des comportements, la psychologie appliquée au crime, c'est le point fort de ces textes, et l'écriture assez froide et clinique s'y prête plutôt bien. Cela faisait un moment que j'avais l'intention de lire ce livre, et je ne regrette pas du tout la découverte. Je ne vous proposerai pas d'extrait, je l'ai déjà rendu… Je laisse votre imagination travailler !
Lien : http://lettresexpres.wordpre..
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J'ai lu une critique sur « Sanction » de VON SCHIRACH et confinement aidant, j'ai fouillé dans mes piles de livres à lire pour retrouver ce recueil de onze nouvelles rédigées par ce célèbre avocat allemand.

Fiction ou réalité ? Comme souvent, je pense que la vérité est entre les deux…le narrateur est un avocat, mais cet avocat peut être un personnage de fiction même si l'auteur est lui-même avocat !
La question se pose devant le détachement qui ressort de la narration.

En tous les cas, efficacité !

La jaquette de l'édition française est particulièrement réussie : une rue pavée et son caniveau, la nuit avec la silhouette d'un passant dans des tons rouge sang ; c'est tout un programme qui appelle l'imaginaire… Pour ma part, j'ai tout de suite pensé à Jack l'Eventreur !
Mais il est intéressant de noter que l'édition allemande a préféré une pomme fripée : j'ai lu que le lecteur croise ce fruit à chaque récit…alors oui la première nouvelle s'appelle « les pommes », mais je ne peux confirmer la totalité de cette information.
La pomme, est le fruit mythique par excellence, synonyme d'amour, de tentation et de jalousie… soit les mobiles de la majorité des actes délictueux… mais la pomme fripée ?...
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Onze faits divers réels, onze crimes perpétrés en Allemagne, des crimes plus ou moins intenses, certains d'une rare violence, et dont les motivations des criminels sont ici analysées par l'auteur. Il s'en fait le narrateur, en tant qu'avocat pénaliste ayant véritablement plaidé ces affaires devant la justice berlinoise.
Une écriture efficace, précise, concise, teintée d'humour parfois, qui donne parfois le tournis tant elle est vive.
L'humain est au coeur de chacune de ces histoires, l'analyse experte de l'auteur scrute les méandres de la nature humaine, décortique les comportements humains, les raisons (amour, jalousie, passion, souffrance...) qui les ont amenés à commettre l'irréparable et dresse un véritable profil psychologique des criminels. Derrière un criminel se cache un être humain, un être humain comme vous et moi, et à travers les affaires que l'auteur a rassemblées dans ce recueil, on se rend compte que n'importe qui peut devenir un assassin, et qu'il n'est pas toujours si évident de rendre, pour un juge, son jugement parce que la réalité telle qu'elle apparaît est parfois trompeuse.

«La réalité dont nous pouvons parler
n'est jamais la réalité en soi.» Werner K. Heisenberg
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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